Midi Olympique

Inarrêtabl­e, et pis encore !

- P. I.-R.

Après Baptiste Serin, Damien Traille, Jérémy Sinzelle, Darly Domvo ou encore Thierry Dusautoir, c’est cette fois David Smith qui, vendredi dernier, est venu rajouter son nom sur la longue liste des « victimes de Josh ». L’ailier du Castres Olympique, pourtant grand ami de Josua Tuisova dans la vie de tous les jours, a eu le malheur de croiser la route du champion olympique fidjien peu avant la mi-temps du barrage. Résultat ? Ses 90 kg se sont envolés comme un vulgaire tas de poussière. Et si cette saison il n’est pas le « serial scorer » qu’il était la saison passée - trois essais inscrits en 2016-2017, contre douze en 2015-2016 - Josua Tuisova n’en demeure pas moins le joueur le plus dangereux de la ligne de trois-quarts toulonnais­e. Capable de débloquer une situation à la moindre accélérati­on, l’ailier toulonnais s’est taillé une réputation à la hauteur de son talent et fait désormais partie des terreurs du Top 14. Contacté par nos soins plus tôt dans la saison, David Ellis - qui a commandé la défense du XV de France pendant plus de dix ans - tentait de décrypter le phénomène fidjien. « Josua Tuisova, c’est comme un camion. Si tu le laisses se lancer c’est presque impossible de l’arrêter. Mais si tu arrives avant que le camion ne démarre, que tu vises les genoux, c’est beaucoup plus facile. Le problème avec Tuisova, c’est qu’en plus d’être un camion, c’est une mobylette, tellement il va vite. Si tu ne le prends pas au bon endroit, au bon moment… Il est déjà parti ! »

« LA COMPARAISO­N AVEC JONAH LOMU EST ÉVIDENTE »

À son propos, Mourad Boudjellal avait déclaré en juin dernier : « Ce n’est pas un produit fini, mais on a rarement vu ça. C’est peut-être le seul joueur depuis Jonah Lomu à pouvoir traverser le terrain comme ça. » Car s’il rend quinze centimètre­s à la légende néo-zélandaise (qui mesurait 1,96 m, contre 1,81 m pour le Toulonnais), Josua Tuisova ne peut pas passer à côté de la comparaiso­n à cause, notamment, de son profil et de l’ultra-puissance qu’il dégage. À David Ellis de poursuivre : « La comparaiso­n avec Jonah Lomu est évidente, car ce sont des ailiers à qui il ne faut pas laisser un mètre. Mais Tuisova a la particular­ité d’avoir un centre de gravité très bas, auquel on peut rajouter une puissance, une capacité de démarrage surprenant­e et une vitesse hors-norme. S’il était grand, malgré des appuis rapides, tu pourrais cibler les jambes, mais comme il n’a pas de grandes jambes, mais qu’elles sont très puissantes, ce n’est vraiment pas évident de viser une zone. Il pourrait également être moins solide, auquel cas tu pourrais le prendre sur le haut du corps. Mais la question ne se pose même pas avec Tuisova. »

À 23 ans il fait déjà partie du gratin mondial, avec un palmarès - deux fois champion d’Europe, un Bouclier de Brennus et un titre de champion olympique - qui ferait saliver de nombreuses légendes de ce sport. Pourtant, Josua Tuisova n’en finit plus d’impression­ner Richard Cockerill : « C’est le genre d’ailier que l’on déteste affronter. Avec le ballon il est très fort. Il est petit mais tellement costaud. C’est un joueur énorme, un phénomène. En un contre un il est inarrêtabl­e. Aujourd’hui il n’a que 23 ans, il manque encore d’expérience, mais je peux affirmer qu’il deviendra exceptionn­el. » Un diamant, vous l’aurez compris. Pourtant, l’ailier toulonnais semble avoir encore une marge de progressio­n. Ce qui lui manque ? Une capacité à mieux gérer les surnombres. Capable d’éliminer plusieurs adversaire­s (« En un contre cinq, il est terrible, alors imagine-toi en un contre un ! » narrait Bernard Laporte la saison passée) et de finir les coups seul, Josua Tuisova manque parfois de vista et oublie de regarder ce qui se passe à ses côtés. Et si ses plus fervents supporters n’ont de cesse de répéter, à raison, qu’il n’en a pas besoin pour finir les coups, nul doute qu’en assimilant ces quelques notions tactiques, Josua Tuisova deviendrai­t définitive­ment inarrêtabl­e…

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