Ses victimes racontent...
En une approximation, Liam Gill a révélé l’ampleur de la crainte. Dans ces colonnes lundi, à la question de savoir si un joueur rochelais l’avait marqué cette saison, le flanker du RCT répondait : « Oui, deux. Le 7 et le 12, deux Fidjiens. » Et quand on lui fit remarquer qu’il s’agissait là du même homme, à savoir Levani Botia, le Wallaby reprenait : « C’est dingue ! Cela montre que ce mec sait tout faire. Il m’a impressionné. » L’avantage, c’est qu’il n’a fait que l’impressionner quand le bulldozer rochelais a déjà assommé la moitié du Top 14. Depuis trois ans qu’il sévit en Top 14, il sème le chaos et enchaîne les K.-O. chez ceux qui osent se mettre en travers de sa route. Finalement, peu importe que, sur la feuille de match, il soit placé au centre ou en troisième ligne. Du moins pour ses adversaires car les dommages sont les mêmes. Il n’y a qu’à taper son patronyme sur Google pour s’offrir une multitude de vidéos contenant un florilège de ses plus belles et violentes charges. Un massacre dans lequel les Djibril Camara, Alexis Palisson, Xavier Mignot, Marvin O’Connor, Alex Tulou, Karim Ghezal ou Shalva Mamukashvili - parmi tant d’autres - se font tour à tour broyer… La saison passée, Camara avait donc tout connu face à La Rochelle : un doublé puis un autobus fidjien. Écran noir et match terminé. Mais le Parisien en souriait presque : « C’est Botia, il en a éteint plus d’un ! Donc ça va, je suis quand même plutôt fier qu’il m’ait éteint. »
« C’EST DE LA PIERRE, T’AS L’IMPRESSION DE PRENDRE UN MUR »
Le 5 mars dernier, lors du succès maritime à Toulouse, c’est Palisson qui en avait fait les frais. Les images de l’ex-international titubant avaient choqué. Après le match, lui nous confiait : « Quand je l’ai vu se lancer et me viser, je me suis dit : « Tu ne peux pas t’échapper. » Du coup, je me suis baissé pour bien le prendre. Mais… » Rideau. Direction les vestiaires pour un protocole commotion. Le pire ? La deuxième séance. « Je n’étais pas revenu sur le terrain depuis cinq minutes que Botia se lançait de nouveau sur moi. J’avoue m’être posé quelques questions. Heureusement, il a rentré sa course. » Et de nous confier : « Ce mec, c’est de la pierre. C’est impressionnant car t’as l’impression de prendre un mur en pleine face. » De la pierre… Le qualificatif qui revient dans toutes les bouches. Arnaud Mignardi confirme : « Lui et Tuisova, c’est un peu pareil, ce sont deux boules de nerfs. Que tu les prennes en haut ou en bas, il n’y a pas un coin de mou (rires). » Même si le Briviste ne fait pas encore partie de ses victimes. « J’ai eu cette chance jusque-là, sourit Mignardi. Mais on est un peu plus concentré quand on se trouve face à Botia. Il est costaud, va vite, donc il ne faut pas se la couler douce. J’ai juste eu un accrochage avec lui, l’année où la Rochelle est montée. Je l’avais un peu branché (sic) et il m’avait dans les plumes. Bon, il avait pris un carton jaune mais heureusement que j’avais mis les mains pour me protéger car j’aurais pris son poing dans la tête et, là, ça aurait fait mal ! »
« SOIT MONTER TRÈS VITE, SOIT LE PRENDRE DE CÔTÉ »
La seule interrogation qui vaille vraiment chez les pensionnaires du Top 14 : comment stopper Botia ? « Déjà, si tu l’attends pour l’attaquer les fesses en arrière, t’es sûr de te retrouver en planche sur le gazon », affirme le centre du CABCL. Arrête-le si tu peux… En spécialiste de la défense, il donne quelques clés pour limiter les dégâts : « La première des choses est, à mon sens, de ne pas le prendre en haut mais le plus bas possible, aux chevilles, pour le faire tomber. Il ne faut pas penser aux risques de off-load. Tant pis s’il en réalise un, lui n’ira pas plus loin. Ensuite, il n’y a que deux solutions. Soit monter très vite sur lui pour l’empêcher de prendre de la vitesse et donc le plaquer tout de suite. Soit, quand il est lancé, jouer avec la perte de terrain, c’est-àdire le laisser très légèrement passer et le prendre de côté. C’est mon petit secret mais il n’y a pas vraiment de recette miracle face à ce genre de mecs. » Cela évite au moins de se retrouver au milieu d’une compilation sur YouTube.