Midi Olympique

TALENT TOUT TERRAIN

MEILLEURE RECRUE TOULONNAIS­E CETTE SAISON, LE JEUNE FLANKER AUSTRALIEN A TOURNÉ LE DOS AUX WALLABIES QUI LE BOUDAIENT POUR S’IMPOSER AU MILIEU DES STARS. IL NOUS RACONTE SON PARCOURS ÉTONNANT...

- Par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr

Soyons francs: quand l’arrivée sur la rade de Liam Gill a été annoncée, elle n’a pas fait lever le peuple toulonnais jusque là habitué aux signatures de monstres vivants tels que Wilkinson, Giteau, Mitchell, Botha, Shaw, Hayman, ou Nonu. Au vrai, et malgré statut d’internatio­nal australien, on se demandait même si le flanker des Reds allait disposer du temps de jeu qu’il recherchai­t en quittant son pays natal, et en tournant le dos à sa sélection nationale.Appelé à 15 reprises entre août 2012 et novembre 2013, Gill n’a pourtant jamais eu le privilège de débuter un test internatio­nal à cause de l’omniprésen­ce de son rival des Waratahs Michael Hooper, pas encore capitaine mais déjà indispensa­ble aux yeux de Michael Cheika. À seulement 24 ans, Gill a donc décidé de plier les gaules et de tenter l’aventure. Dix mois plus tard, les chiffres sont là: le gamin de Brisbane a joué 27 rencontres avec le RCT, dont 21 comme titulaire et marqué sept essais. Sans bruit, il est devenu indispensa­ble à une équipe de stars qui a pourtant connu une saison chaotique. Souriant, disponible et spontané, il nous raconte son parcours dans un grand sourire et avec les yeux pétillants.

DU FOOT US AU RUGBY DU TOP 14

« J’ai commencé à jouer au foot américain, à Portland dans l’Oregon. J’avais huit ans. J’étais running back, je courais après le ballon, et je plaquais les types. C’est de cette manière que j’ai découvert le contact, le jeu, l’amusement. Là-bas, c’est le sport national. Des amis m’y ont emmené une fois et j’ai aimé. Je suis toujours en contact avec mes anciens entraîneur­s et partenaire­s. À 12 ans, on est revenu en Australie, à Adélaïde, dans le sud du pays, là où il n’y a pas de rugby du tout, ou presque. J’ai été ensuite sélectionn­é pour jouer avec South Australia, et ensuite on est reparti dans le Queensland pour le lycée.»

LES RAISONS DE SON DÉPART

« Je sais que cela peut paraître étrange de partir aussi tôt, mais je n’ai pas eu peur, même si je n’avais que 24 ans. J’avais besoin de changement. Je faisais du sur-place en Australie. Pendant trois ans, je n’ai pas bougé d’un centimètre. Quand je lui ai annoncé mon choix, Michael Cheika n’était pas content, et il me l’a dit. Mais je lui ai dit que ma décision était prise. Je pense qu’il peut comprendre pourquoi j’ai eu besoin de partir.»

SON EXPÉRIENCE À TOULON

« Le fait de venir ici a fait du bien à mon rugby, et notre parcours ne fait que me conforter dans mon choix. Je joue beaucoup, c’est ce que je voulais.Je suis le cadet de la famille australien­ne ici, mais Drew, « Git’s », James et Ben Barba prennent soin de moi. Ça va, ils sont cools avec moi, et ne me jouent pas trop de tours. Je leur apporte juste les bières quand on est ensemble ! Cela m’a pris du temps pour m’adapter à l’environnem­ent, au jeu français, mais cela faisait partie du challenge : quitter le cocon familial avec ma copine pour se prendre en main. J’ai adoré ces dix derniers mois. Je n’ai pas joué une phase finale depuis 2011. Alors vous imaginez mon bonheur ici...»

LA SUCCESSION DES STAFFS

« Je n’ai pas été plus perturbé que ça par la valse des entraîneur­s.Vous savez, j’avais déjà connu ça avec les Reds l’année précédent mon départ. Nous avions vécu une année catastroph­ique. Notre entraîneur, Richard Graham, avait été viré en plein milieu de la saison et nous avions dû nous débrouille­r. Ici, il y a suffisamme­nt de grands joueurs et de leaders, ces derniers ont pris le relais quand il le fallait.»

SON REGARD SUR LE RUGBY AUSTRALIEN

« Je suis inquiet. Les Wallabies vont mal, la Fédération est empêtrée dans cette histoire de franchise à supprimer. J’ai des tas d’amis joueurs qui vivent une période très délicate, à l’heure actuelle. La Fédération les verouille, ils ne peuvent même pas chercher un club pour assurer leur avenir. C’est dur. Très dur.»

SON AVENIR

« Il me reste un an de contrat avec Toulon. Je prends beaucoup de plaisir ici, et j’adorerais rester. La France est un grand pays, il y a quatorze équipes dans votre championna­t ! Qui sait ? »

 ?? Photo Patrick Derewiany - Midi Olympique ?? Heureux dans le Var, comme ici au centre d’entraîneme­nt de Berg, Liam Gill fait le bonheur du RCT
Photo Patrick Derewiany - Midi Olympique Heureux dans le Var, comme ici au centre d’entraîneme­nt de Berg, Liam Gill fait le bonheur du RCT

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