UN DERNIER POUR LA ROUTE
LES SOLDATS ROSES, EN FIN DE CYCLE, ABORDENT LEUR ULTIME MATCH DE LA SAISON RONGÉS PAR UNE MÉLANCOLIE COMPRÉHENSIBLE. EN CAS DE VICTOIRE À NORTHAMPTON, ILS QUITTERONT NÉANMOINS LA SCÈNE SUR UN TRIOMPHE…
On a gagné la petite Coupe d’Europe, dit Paul Gabrillagues en préambule. On veut désormais participer à la grande. » Le grand « Paulo » n’a pas son pareil pour poser le contexte d’un match de rugby. Et dans l’éventualité où les nouveaux patrons du Stade français souhaitent démarrer la saison 2017-2018 pourvus des quelques centaines de milliers d’euros que leur octroieront les caciques de l’EPCR en cas de qualification à la Champions Cup, les Soldats roses devront l’emporter ce soir à Northampton. « Pas facile, tranche le manager Gonzalo Quesada. Quand je vois la joie des Saints au coup de sifflet final de leur dernière victoire contre le Connacht (21-15, N.D.L.R.), je me dis que la Champions Cup signifie beaucoup de choses à leurs yeux. »
Du coup, les Parisiens ne doutent pas une seule seconde que Northampton pinaille quant à l’équipe à aligner au Franklin’s Garden. « Les Lions britanniques et irlandais démarrent leur tournée lundi, poursuit Quesada. Il n’y a donc aucune raison pour que Northampton n’aligne pas ses grosses individualités. Pour moi, George North et Courtney Lawes seront là. » Louis Picamoles aussi.
L’ADIEU AUX LARMES
Outre-Manche, les Soldats roses disputeront le dernier match d’une saison dingue et voudront là-bas rendre hommage aux joueurs quittant le club en juin (Rabah Slimani, Raphaël Lakafia, Geoffrey Doumayrou, Jérémy Sinzelle, Hugo Bonneval, Jono Ross) et à ceux mettant un point final à leur carrière. Pascal Papé, probablement remplaçant dans les Midlands, fait partie de ceux-là. Suspendu après avoir donné un coup de poing à Henry Chavancy lors du dernier derby francilien, le deuxième ligne international reviend à la compétition au coeur de l’Angleterre. Il explique : « Mon cas personnel, on n’en à rien carrer. Après le derby, j’ai discuté avec Henry (Chavancy), que je connais bien. On s’est même appelé si vous voulez tout savoir. Entre nous, c’était juste une question de mauvais endroit et de mauvais moment. Il ne faut pas oublier que nous étions dans le même camp il n’y a pas si longtemps (au moment de l’épisode de la fusion des clubs parisiens). On s’apprécie beaucoup. Henry était même le dernier mec avec lequel j’avais envie d’avoir ce type d’accolade… »
Rassuré sur l’avenir du club à moyen terme, Papé poursuit : « Ce que nous avons traversé ces derniers mois, ce sont des histoires humaines très fortes et que je raconterai probablement à 60 balais autour d’une bonne bouteille de rouge. Nous avons tous la boule au ventre avant ce dernier match. Même si je n’ai pas été beaucoup à l’école, j’imagine que c’est un peu comme la fin d’une année scolaire. Ce sont des amis, pas des collègues, que je m’apprête à quitter aujourd’hui. Et ça fait quelque chose… » Dans le sillage de l’homme qui a dit non à la fusion, les Soldats roses se sont promis un dernier baroud d’honneur. Mais la saison qu’ils viennent de traverser leur laissera-t-elle suffisamment de forces pour mener à bien cette mission impossible ?