« Avec Beauden, on se connaît par coeur »
Demi de mêlée et ouvreur des Hurricanes et des All Blacks ILS FORMENT LA CHARNIÈRE DES ALL BLACKS ET DES HURRICANES, APRÈS AVOIR FAIT TOUTES LEURS CLASSES ENSEMBLE. ILS SE CONFIENT AVANT D’ACCUEILLIR LA TOURNÉE DES LIONS BRITANNIQUES ET IRLANDAIS.
Comment vous sentez-vous à l’approche de la tournée des Lions britanniques et irlandais ?
Thomas Tekanapu Perenara : plutôt bien. Ce serait énorme de pouvoir les affronter avec les All Blacks. Pour cela, il faut que je sois bon avec les Hurricanes… Si je suis dans le squad, je suis preneur !
Beauden Barrett : le rendez-vous approche à grande vitesse et c’est dur de ne pas y penser même s’il reste quelques rencontres avant de connaître la liste de Steve Hansen. C’est très excitant, c’est une grande opportunité pour nous.
Depuis combien de temps jouez-vous ensemble ?
TJ. P. : cela fait cinq ans maintenant chez les pros. Mais la toute première fois remonte à l’école de rugby des Hurricanes. Beauden est un joueur très polyvalent, il me rend un peu meilleur, disons plus brillant sur le terrain.
B. B. : oui c’est ça, probablement en 2009, à les « Hurricanes secondary school ». On a ensuite joué avec les moins de 20 ans des Hurricanes et les Baby Blacks. TJ est le compétiteur le plus acharné avec lequel j’ai jamais joué : on se tire vers le haut l’un et l’autre. En fait, nous tentons toujours de rendre les entraînements plus agréables en s’inventant des petites compétitions, en se lançant des défis mutuels. C’est une bonne façon de travailler dur pour progresser tout en continuant à s’amuser.
Depuis le temps, vous devez connaître le jeu de l’autre par coeur…
TJ. P. : on se connaît par coeur, en effet. Instinctivement, on sait avant que l’action commence ce que l’autre va faire… Le temps passé ensemble ces dernières années est un précieux atout. Franchement, c’est une bonne chose de pouvoir être associés et, ainsi, de s’améliorer avant la Coupe du monde au Japon. Pour dominer le jeu et gagner.
TJ, même si Beauden joue à l’arrière vous continuez de le chercher sur le terrain ?
TJ. P. : qu’il joue 10 ou 15 dans notre système, nous gardons de solides repères. Beauden a longtemps joué à l’arrière. Je sais qu’il va être à tel ou tel endroit et si je ne le vois pas, il m’appelle et je lui donne le ballon.
Beauden, à quel poste préférez-vous jouer ?
B. B. : en 10 ! À l’ouverture, je touche beaucoup plus de ballons. À l’arrière, les perspectives de jeu sont différentes. On a moins besoin de capacités particulières mais cela reste un poste important pour l’équipe.
Comme contre la France, en novembre dernier, vous utilisez beaucoup le jeu au pied croisé avec les Hurricanes. Est-ce votre arme fatale ?
B. B. : c’est simple, il faut se dire qu’il y a toujours de la place sur un terrain de rugby, et il convient de l’exploiter. Selon les caractéristiques des joueurs présents, tu peux chercher une zone libre. Si ton coup de pied est réussi, ça peut se transformer en coup gagnant. Si tu te loupes, cela peut s’avérer catastrophique. De fait, c’est assez excitant de le tenter, et grisant quand cela réussit…
Vous le travaillez beaucoup à l’entraînement ?
B. B. : oui, tout le temps. Je cherche sans cesse à améliorer ce geste. Comme ça, je n’ai pas de mauvaises surprises sur le terrain. C’est quelque chose d’ancré en moi.
TJ. P : son jeu au pied est tellement bien exécuté qu’il est difficile à défendre. Du coup, cela créé des opportunités intéressantes pour nous.
Beauden, comment jugez-vous votre association ?
B. B. : on est complémentaire, c’est une force d’avoir un numéro neuf avec ce style de jeu, ça créé des brèches. On se connaît par coeur, on sait déjà ce que l’autre va faire. C’est du temps passé ensemble, beaucoup de travail, on prend de l’expérience en jouant tous les deux. Et on arrive à obtenir le meilleur.
Vu d’Europe, on se dit que vous devez forcément être fan de football au vu de votre utilisation aussi intensive du jeu au pied…
B. B. : ce n’est pas faux ! J’aime bien regarder un match de foot de temps en temps, je supporte le Real Madrid et Manchester United ! Au regard de l’évolution du rugby et avec les progrès des défenses, il est de plus en plus difficile de trouver des failles. Donc c’est bien d’essayer de mettre le ballon dans tel ou tel espace, comme on peut le voir en football américain. Pour cela, il faut avoir le bon timing, bien lire le jeu et prendre la bonne décision au bon moment.
Dimitri Yachvilli, l’ancien demi de mêlée du XV de France, avait été entraîné par un ancien joueur de football, Jean-Michel Larqué…
B. B. : oh vraiment ? Il était son consultant pour le jeu au pied ? On n’a pas ça chez nous, le football n’y est pas aussi populaire qu’en France.
Suivez-vous le rugby français ?
TJ. P. : pas vraiment. Je regarde parfois, si un de mes potes joue mais cela reste rare. Je suis toujours en contact avec certains mais ce n’est pas forcément pour parler rugby. On prend des nouvelles des uns des autres, c’est tout.
B. B. : moi, je regarde un peu même si la couverture télé n’est pas très importante. C’est cool de voir des joueurs comme Victor Vito ou Jason Eaton à La Rochelle, Colin Slade et Conrad Smith à Pau… J’aimerais en voir plus sur la télé néo-zélandaise.
Vous voyez vous jouer en France un jour ?
TJ. P. : j’aimerais beaucoup. Pour moi, la culture française est incroyable. Et puis, si mon rugby est en progrès constants, ce serait un énorme apprentissage. Une superbe expérience en tous points de vue.
B. B. : j’adore le vin rouge, donc qui sait… Peut-être un jour !■