Un grand humaniste
LE PRÉSIDENT DU GROUPE DEPÊCHE, MINISTRE DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE DU GOUVERNEMENT HOLLANDE, ÉTAIT L’AMI DE MARCEL MARTIN. IL TIENT, ICI, À LUI RENDRE HOMMAGE
J’ai connu Marcel Martin, en 1980, alors que très jeune député, j’étais parti en mission parlementaire en Afrique du Sud. A la demande d’Albert Ferrasse qui s’était entendu avec son ami Dannie Craven, le XV de France était passé outre le boycott des Springboks en acceptant de jouer contre eux. Albert Ferrasse estimant en effet que le boycott amplifiait les tensions et ne faisait que renforcer le régime de l’apartheid. C’est à cette occasion mémorable que j’ai, pour la première fois, croisé la route de Marcel Martin. Nous avons tout de suite sympathisé et Marcel est devenu mon ami. Un ami pour la vie. Un ami comme on en fait peu. Au fil du temps, je lui ai remis la Légion d’Honneur et lui, très récemment, m’avait offert à titre anecdotique, la première et unique cravate brodée des Barbarians Français dont il était l’un des rouages essentiels. Il y a quelques jours encore, comme je quittais le ministère, il m’envoyait un texto très amical, me rappelant notamment qu’il y a trente ans, quasiment jour pour jour, lui et ses amis avaient lancé la première Coupe du monde…
J’aimais sa droiture, son humanisme, l’amour indéfectible qu’il vouait à sa famille, la façon qu’il avait de prendre du recul sur les choses, mais aussi son tempérament qui n’était pas toujours facile comme on sait, mais qui situait un homme d’honneur, d’une grande intégrité. Il n’était dupe de rien et surtout pas de l’évolution de ce jeu dont il condamnait les excès.
Mais le rugby français doit se souvenir que c’est grâce à lui et aux dirigeants de l’époque que la France est sortie de l’ornière. Jusque-là, notre sport était tenu pour rien par les Britanniques qui ne nous accordaient aucun droit. Marcel fut pour beaucoup dans la reconnaissance de notre fédération par le Board et nous devons lui en savoir gré.
Mais au-delà des mille anecdotes qui me rattachent à lui, je veux garder en mémoire le souvenir d’un grand humaniste, d’un homme chaleureux, profond, qui aura beaucoup fait, je le répète, pour la reconnaissance de notre sport. Le rugby français perd un homme d’exception.