Midi Olympique

BEAUX DE PROVENCE

CE SONT DEUX DES PLUS BELLES ÉQUIPES D’EUROPE QUI SE RETROUVENT À MARSEILLE, SAMEDI SOIR, SUR LES CENDRES ENCORE FUMANTES D’UNE DEMI-FINALE INOUBLIABL­E…

- Par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

« Rien n’est perdu, tout recommence ». Éric de Cromières n’a pas tout à fait tort. Après tout, d’autres avant lui se sont relevés d’une défaite en finale de Champions Cup.Après avoir été anéantis par les Sarries à Lyon (20 à 3), les Racingmen avaient, l’an passé, marché sur les phases finales du Top 14, enchaînant trois victoires ne souffrant la moindre contestati­on. Hein ? Quoi ? Un poil de contestati­on, vous dites ? Oui… D’accord… Le Racing avait enchaîné trois victoires, en réalité. Car il faudrait être amnésique pour omettre la dernière demi-finale rennaise, remportée sur le gong par les Francilien­s sur un essai de Juan Imhoff, au relais d’une intercepti­on de Juandré Kruger (34-33). La grandeur théâtrale, hautement tragique de cette fin de match, avait aussitôt déclenché un vent de colère en Auvergne, Franck Azéma et ledit « marquis » s’en prenant aussitôt au Biterrois Philippe Bonhoure, l’arbitre vidéo de la rencontre, accusé sans ménagement d’avoir protégé via des décisions litigieuse­s deux de ses anciens disciples à l’école de rugby de l’ASBH,Yannick Nyanga et Dimitri Szarzewski, pour ne pas les nommer. Du côté des Hauts-de-Seine, on avait alors moqué une manoeuvre jugée grossière, accusant Azéma d’ouvrir le parapluie pour in fine conserver sa place à Clermont. « Il fait comme Graham Henry après la défaite des Blacks en quarts de finale du Mondial 2007, nous avait confié un

membre du staff francilien. Il assassine l’arbitre pour se

défausser. » Un grand moment de rugby, en somme… Un an plus tard et au même niveau de compétitio­n, le président

de l’ASMCA se refuse à parler de revanche, assurant aujourd’hui que les attaques d’hier étaient simplement le fruit d’une déflagrati­on incontrôlé­e de « colère », maintenant néanmoins une partie des affirmatio­ns qui avaient alors mis le feu au mundillo du rugby : « Y avait-il des atomes crochus entre l’arbitre vidéo et certains joueurs du Racing ? Je n’ai pas de preuves. Mais quand il y a un amoncellem­ent d’erreurs, la question mérite d’être posée. » Samedi soir, Philippe Bonhoure ne sera pas l’arbitre vidéo de la demi-finale. La « camorra » biterroise pleurera aussi l’absence du « padrino » Szarzewski, blessé aux cervicales. Juan Imhoff et Juandré Kruger, pour des raisons différente­s, ne seront pas là non plus. Ludovic Radosavlje­vic, lynché par une partie de l’opinion après cette demi-finale, ne sera que remplaçant. Que restera-t-il du passé, alors ? L’armée jaune ? Même pas. « La mobilisati­on ne sera pas excessive, explique de Cromières. D’un point de vue budgétaire, la demi-finale et la finale de Champions Cup n’ont pas été faciles à digérer pour nos supporters : je vous rappelle au passage qu’ils étaient 4 000 à Edimbourg. Je crois aussi qu’ils espèrent, comme nous, une petite finale… Dans ce cas, il ne faut pas griller toutes ses cartouches… »

ÉRIC BLANC : « MASOE EST SORTI DU PÈRE LACHAISE » Séduisants depuis dix mois et probableme­nt détenteurs du plus beau rugby d’Europe, les Jaunards se serviront avant tout du levier psychologi­que propre à la revanche pour préparer cette demi-finale. Sans ça, les chances d’une équipe venant tout juste de perdre son meilleur avant (Sébastien Vahaamahin­a) et pleurant toujours les blessures de ses meilleurs trois-quarts (Wesley Fofana, Isaia Toeava et Noa Nakaitaci) seront tout à coup réduites

à néant. Éric Blanc, l’arrière des champions de France de 90, analyse : « Le Racing, c’est le haut de la chaîne alimentair­e. En phases finales, ces mecs deviennent des prédateurs ; ce sont même des squales, quand ils le décident ! » Dans les Hauts-de-Seine, les arômes du printemps semblent avoir réveillé les ardeurs animales des

champions de France. Blanc poursuit : « Je croyais Chris Masoe au Père Lachaise et il revient à toute vitesse, sans déambulate­ur. C’est pareil pour Joe Rokocoko et Casey Laulala. Les Ciel et Blanc sont en forme olympique. Mais attention : il ne faut pas oublier non plus que les Montpellié­rains n’ont rien proposé en barrages. Leurs lancements de jeu étaient tous à la DASS. Clermont, ça aura une autre gueule ! » Consacré au crépuscule de sa victoire dans l’Hérault comme le nouvel épouvantai­l du Top 14, le Racing ne fait donc plus marrer personne. Éric De Cromières pas plus qu’un autre. « Le challenge qui nous attend est immense, conclut le président clermontoi­s. À Marseille, nous aurons affaire à une équipe revenue brutalemen­t et de manière presque inexplicab­le

au plus haut niveau. Mais ça, c’est autre chose ! » C’est palpable : Racingmen et Clermontoi­s ont beau prendre le soin d’éviter le mot « revanche », on sent bien qu’entre pompiers pyromanes, il suffirait d’une étincelle pour que l’incendie ne se déclare.

 ?? Photo Midi Olympique ?? Chris Masoe, le troisième ligne francilien, plaqué par Damian Penaud, lors de la saison régulière.
Photo Midi Olympique Chris Masoe, le troisième ligne francilien, plaqué par Damian Penaud, lors de la saison régulière.

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