Midi Olympique

« On se déplaçait à deux à l’heure »

- Propos recueillis par Léo FAURE, envoyé spécial leo.faure@midi-olympique.fr Clément Maynadier n’est pas vraiment d’accord avec les décisions de l’arbitre M. Jackson sur les mêlées fermées.Photo IS

40 points ou presque, est-ce lourd à digérer ?

Bien sûr que oui. Nous étions venus avec de l’humilité, certes, mais aussi de l’ambition et des armes. Quarante points, ça fait mal. On se dit qu’il ne faut pas se miner la tête, qu’il reste deux matchs pour montrer ce qu’on vaut. Il faudra arriver plein fer à Durban.

Le deuxième test, du coup, devient-il crucial ?

Ils le sont tous. On savait que les Springboks sortaient d’une période de doute et qu’ils allaient s’engager à fond. Face à ça, on a multiplié les erreurs. On ne s’est pas facilité la tâche. Plutôt, on se l’est facilitée pour en prendre quarante (il grimace).

Avez-vous été surpris par la dimension physique des Sud-africains ?

Ça tapait fort, ça allait vite… O.-K. Mais on ne peut pas se réfugier derrière ça. Nous avons perdu beaucoup trop de ballons, commis plein de petites erreurs qui nous ont fait perdre le fil du match. C’est dommage. Quand on est revenu à deux points en début de seconde période, on était dans le coup. On pensait basculer du bon côté. Mais ce sont eux qui ont réussi à immédiatem­ent basculer, à mettre ce coup de gaz nécessaire.

Vous êtes-vous sentis à court de souffle ?

Non. Ce qui nous met dans le dur, c’est l’accumulati­on de nos petites erreurs. Des ballons tombés, des placements approximat­ifs. On se met en difficulté tout seul parce qu’on n’arrive jamais à mettre notre rugby en place.

Vous vous êtes beaucoup fait prendre au ras des regroupeme­nts…

On ne les attendait pas trop à cet endroit-là, plutôt sur les extérieurs. Ce sera un élément à prendre en compte pour la suite. Trois fois ils sont repartis dans l’axe et nous ont créé de grosses brèches. C’est sûr qu’on va se pencher dessus pour le prochain match.

Sur l’instant, comment vivez-vous le carton jaune ?

On prend une double sanction : l’essai de pénalité plus le carton jaune. Pour le moral, ça a été dur pour tout le monde. Leur essai sur la remise intérieure, en fond de touche, illustre parfaiteme­nt cela : ils jouent cette combinaiso­n dans la zone où justement il manque notre ailier. C’est bien joué de leur part. Mais c’est la preuve que le carton nous a fait mal.

Un mot sur les mêlées fermées, secteur dans lequel vous avez également souffert…

Je ne suis pas complèteme­nt d’accord. C’est un parti pris. Le nôtre, c’était de talonner les ballons et de très vite les sortir. Nous savions que nous aurions, en face, une mêlée très massive. On ne voulait pas s’éterniser dans ce bras de fer. Au final, les mêlées fermées sont légèrement à notre désavantag­e. Mais on va continuer à bosser. Jean-Baptiste Poux est là pour ça et nous aide beaucoup. Mais globalemen­t, je trouve le jugement dur. On ne s’en est pas si mal sorti.

« L’accumulati­on des détails » que vous évoquiez peut-elle être imputable à une équipe très remaniée, en fin de championna­t ?

On ne peut pas justifier notre performanc­e avec ça. Les quarante points, ce n’est pas parce qu’on est en fin de saison et qu’il y a des blessés. On représente un maillot et un pays. Dès lors, personne n’a le droit de dire que notre performanc­e est due à la longueur du Top 14. Les Sud-africains avaient aussi des blessés. Ils ont changé la moitié de l’effectif depuis novembre. Mais eux, ils ont su nous mettre quarante points. Nous, on a su les prendre. C’est la vérité, il ne faut pas se la masquer. On n’a pas été au niveau.

On parle beaucoup du déficit d’engagement. Mais l’écart observé entre les deux équipes n’est-il pas simplement athlétique ?

Je n’y crois pas. Nous n’avons pas su accélérer pour faire monter le rideau défensif. Nous n’avons pas été agressifs. Franchemen­t, on se déplaçait à deux à l’heure. Ça ne vient que de nous, de notre incapacité à monter pour dégommer un type. On ne l’a que trop rarement fait. C’est dommageabl­e et on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes.

Tous ces problèmes peuvent-ils se régler en une semaine ?

Je le crois. Nous avions eu les mêmes soucis en Argentine, lors du premier test. De gros problèmes en défense. Sur le deuxième test, il n’y avait pas eu photo. Oui, c’est quelque chose qui se règle et ça commence par de la force de caractère.

La semaine en Argentine avait été studieuse, pour ne pas dire tendue. Vous attendez-vous à la même chose ?

À votre avis ? Il va falloir entendre quelques vérités et ça ne va pas faire plaisir à tout le monde, c’est évident. Mais si on fait des faux-semblants, les quinze derniers jours vont être longs. Chacun va prendre ses responsabi­lités. Ça avait été rythmé en Argentine, pour dire les choses poliment. On va repartir sur le même tempo. Mais c’est juste normal.

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