DES CADRES EN PERDITION
BRICE DULIN INSUFFISANT
L’arrière du Racing a pour lui d’avoir touché peu de ballons, mias d’être parvenu à décaler Yoann Huget sur l’un d’eux. On rajoutera aussi sa précision sous les ballons hauts. Le reste est moins sympathique. Sa vitesse ne lui a que rarement permis de créer des différences, quand son profil d’appuis courts pouvait laisser croire à des opportunités le concernant. En dedans offensivement, où on l’a surtout vu souffrir à l’impact. Bizarrement, ce n’est pas l’essai de pénalité que l’on retiendra le plus à son débit. Avec un déséquilibre flagrant sur le côté ouvert, Dulin était obligé d’intégrer la ligne pour compenser. Son geste en repli, finalement, est malheureux. Mais le mal était déjà fait et lui vaudra un carton jaune. Son remplaçant, Vincent Rattez (71e), n’aura pas eu grand-chose à faire pour sa première sélection.
YOANN HUGET MÉDIAN★
Le Toulousain n’a pas été souvent titulaire sous le mandat de Guy Novès. C’était la troisième fois, profitant de l’absence pour blessure de Nakaitaci. Globalement, il a fait le boulot. Efficace en défense, colmatant tant bien que mal à l’arrière lorsque les Bleus se sont retrouvés à quatorze, il a su faire parler sa vitesse à quelques reprises. S’il s’avère malchanceux sur l’essai d’Henry Chavancy qui aurait dû lui revenir, son jeu au pied initial, en bout de ligne, est irréprochable. Propre.
HENRY CHAVANCY CONVAINCANT★★
Le Racingman passait un vrai test à l’international, pour sa première titularisation. Examen réussi. Il est certainement le meilleur français de la partie. Actif défensivement, où on l’attendait, il a surtout surpris offensivement. Ainsi il gagne plusieurs duels (3) dont un où il prend franchement le dessus sur Jesse Kriel à l’impact, ce qui amène l’essai de Serin. Il a également été propre dans ses transmissions. Un seul bémol : avec la couverture étonnante (et clairsemée) du fond de terrain sud-africain, il aurait pu en venir plus souvent à des jeux au pied rasants, dans le dos.
GAËL FICKOU STABLE
Dans la rotation du XV de France, le Toulousain est une valeur sûre. Il l’a encore prouvé, ce samedi, alors que Wesley Fofana et Rémi Lamerat étaient absents. Fickou a pour lui la menace qu’il fait peser sur la défense adverse, de par sa qualité physique naturelle. Au pire, il monopolise des défenseurs. Au mieux, il en profite pour décaler un partenaire ou prendre luimême un intervalle. Le bémol se situe d’ailleurs là : avec son talent, Fickou pourrait apporter plus individuellement. Il lui manque encore cet instinct de tueur qu’ont les plus grands. Bonne nouvelle, également : sa solidité en défense se confirme, dans une inhabituelle position de premier centre qui plus est.
VIRIMI VAKATAWA ASCENDANT★★
L’ailier fidjien était la sensation du début de mandat de Novès. Puis il avait déçu quand ses fulgurances, plus rares, ne suffisaient plus à masquer ses errements de placement défensif. Samedi à Pretoria, il en a encore concédé un gros. Mais pour le reste, Vakatawa est un incroyable joueur de duel. Pourtant, sur son aile, il n’a bénéficié que de peu de bons ballons. Au mieux, des un contre un, au pire, des situations de sous-nombre. Quand il s’est déplacé au milieu du terrain, ce n’était guère mieux. Mais à chaque fois, il a réussi à bonifier ces munitions. Ce n’est pas la moindre des choses.
JULES PLISSON HÉSITANT
Après sa dernière titularisation, franchement ratée il y a un an à Tucuman, Jules Plisson jouait gros. Et il le savait, quand le sélectionneur l’avait clairement exprimé dans la semaine. « Il aura là une opportunité de reporter le maillot bleu. Avec des choses à prouver. J’attends beaucoup de sa part. En Argentine, il évoluait avec un filet. Cette fois, il est sans filet » expliquait Novès. Plisson n’aura pas tout réussi, comme ce jeu au pied toujours aussi irrégulier. Mais il a pour lui d’avoir osé jouer des ballons, derrière un paquet d’avants copieusement dominé. Pour un ouvreur, ce handicap est énorme. Il s’en est ressenti. Remplacé par Jean-Marc Doussain (71e). Toujours aussi solide qu’avant, pas plus inventif.
MAXIME MACHENAUD MÉCONNAISSABLE
Le demi de mêlée conservera à son crédit son activité défensive. Et encore, certains oublis dans l’axe des rucks n’ont pas plu en haut lieu… Certes, son paquet ne lui a pas facilité la tâche en perdant la grande majorité de ses duels. Mais il y a des gestes simples, ratés et qui ne sont pas concevables à ce niveau. La qualité de la transmission est certainement le critère le plus important pour un demi de mêlée. Machenaud, dans ce secteur, a eu tout faux. Des passes par terre, d’autres trop devant. Des animations à contre-rythme et un agacement finalement palpable. Son remplacement, rapide (47e), en dit long sur sa contre-performance. Surtout que l’entrée en jeu de Baptiste Serin, en contraste, aura été convaincante dans l’animation.
LOUIS PICAMOLES DÉSESPÉRANT
Louis Picamoles a tout pour lui. Un physique clairement hors-norme, une nouvelle condition physique glanée en Angleterre et la confiance, croirait-on, quand il vient d’être élu meilleur joueur du championnat d’Angleterre. Mais en équipe de France, Picamoles n’arrive pas à s’installer dans la durée. Après un bon Tournoi des VI nations, il a donné samedi dans ce qu’il sait faire de pire. Son point fort (la puissance) n’en a jamais été un. Et son point faible, la dextérité, s’est de nouveau fait criant. Auteur d’une multitude d’enavant ou d’imprécisions ballon en mains, coupables de plusieurs plaquages franchement ratés, le futur montpelliérain n’a été que l’ombre que ce qu’il peut incarner. Dommage, encore une fois. Remplacé par Bernard Le Roux (64e) qui s’est surtout concentré sur les choses du combat. Encore là où il est le plus à l’aise.
YACOUBA CAMARA SÉDUISANT **
Quinze mois après avoir disparu des radars bleus, en raison d’une rupture d’un ligament croisé, le futur Montpelliérain retrouvait une chance en bleu, au bénéfice de sa bonne fin de saison. Il n’a pas déçu. Extrêmement actif défensivement (13 plaquages, meilleur français dans l’exercice). Offensivement, et c’est plus surprenant, il a également été à son avantage en avançant sur chacune de ses charges et choisissant, quand le jeu le réclamait, la passe juste. Pas grand-chose à jeter de sa prestation. Malgré des pénalités évitables concédées (comme celle sur Etzebeth à la 60e), il surnage nettement du reste du paquet d’avants français.
LOANN GOUJON TRANSPARENT
Le Bordelais, a asséné le plus beau plaquage du match, sur une relance des Springboks où il découpait l’arrière Andries Coetzee alors à la relance. Mais heureusement qu’il y a eu cela… Si non, pas facile de se souvenir que Loann Goujon a joué ce match. A sa décharge, il s’est surtout impliqué défensivement, ne cherchant pas les bons coups. Mais même dans ce contexte, son apport est insuffisant. Il n’impacte que rarement son adversaire, gagne peu de duels (offensifs ou défensifs) et ne décroche aucun geste décisif dans un ruck. C’est trop peu. La comparaison avec ses homologues Mohoje et Kolisi est assez terrible. Dans un autre registre, Kevin Gourdon l’a remplacé (52e). Il a été plus actif, pas nécessairement plus efficace.
YOANN MAESTRI DÉCEVANT
Le Toulousain s’investit, personne ne pourra dire le contraire. Mais le bilan factuel de son match demeure très en dessous des attentes. Yoann Maestri a subi sur la quasi-totalité des impacts. A commencer par ce premier plaquage totalement raté sur Mohoje, échec plus que gênant à ce niveau. Parfois utilisé en touche, il a également été discret dans ce secteur. Comme l’ensemble du cinq de devant, il a subi en mêlée fermée. Il n’a pas non plus eu le rendement escompté dans les rucks. Clairement un match à oublier, dans un contexte de reprise après trois mois d’arrêt il est vrai difficile.
JULIEN LEDEVEDEC DÉPASSÉ
Dans l’engagement physique promis et assumé par les Springboks, les qualités du Briviste ne suffisent plus à masquer ses manques. Pourtant, il demeure un excellent joueur en offload, capable d’attraper ou de délivrer des passes acrobatiques que peu d’avants peuvent se permettre. Mais le travail de base d’un deuxième ligne reste le combat. Et là, ça coince. Physiquement, il a été battu systématiquement ou presque. Il a également perdu pied au fil du match en touche, dont il était le capitaine, chamboulé par le changement de défense des Sud-africains. Sa fin de match, enfin, est marquée par deux passes totalement ratées. Le bilan est nettement insuffisant. Et le joueur, honnête, le reconnaissait après la rencontre.
UINI ATONIO DANS LE VENT
Comme un symbole, on retient cette image en première période d’un Uini Atonio bien décidé à impacter son adversaire et qui lance sa masse, en épaule en avant… à côté. Derrière cela, on voit le match franchement raté du pilier rochelais, toujours à contretemps, systématiquement battu. Y compris sur son point fort, la puissance. Sur cette action, on voit aussi le gros défaut d’Atonio : sa générosité confine parfois à du manque de lucidité. Et samedi, il a clairement basculé. Au total, il concède trois pénalités dans le match. C’est évidemment énorme. Et c’est en partie explicable par un autre paramètre : il a souffert le martyre, en mêlée fermée, face à Beast Mtawarira. Pour un pilier, c’est extrêmement fâcheux. Son coéquipier de club Mohammed Boughanmi, qui l’a remplacé à la 54e minute, s’en est mieux sorti avec notamment plusieurs charges positives.
CLÉMENT MAYNADIER PRÉSENT★
Soyons clairs : le Bordelais n’a pas fait oublier Guilhem Guirado et n’a en rien éclipsé la performance de son vis-àvis, Malcolm Marx, étincelant tout le temps qu’il a passé sur la pelouse. Mais Maynadier a répondu présent là où on l’attendait. Propre dans ses lancers en touche, solide dans le jeu courant, il a tenté de sécuriser ce qui pouvait l’être. Remplacé par Camille Chat (52e), dont le dynamisme n’a pas suffi à ce niveau d’intensité. Si les ballons perdus en touche ne peuvent lui être imputés, il a comme les autres rebondi sur le rideau défensif sud-africain.
JEFFERSON POIROT DISCRET
Pour son retour en Bleu, le joueur de l’UBB n’aura pas eu le rendement escompté. Lui, d’habitude si prompt à intervenir dans les rucks pour se placer en position d’arracheur, n’aura cette fois jamais trouvé l’ouverture. En mêlée, il a souffert face à la masse de Frans Malherbe. Dans le jeu courant, on regrettera la même discrétion. Sa densité physique moindre n’est pas un problème quand il la compense par du dynamisme. Cette fois, il n’y a rien eu de tout ça. Remplacé par Eddy Ben Arous (61e) qui a tenté mais a fait partie des joueurs les plus en difficulté sur la ligne d’avantage, toujours battu par les solides défenseurs Springboks.