UNE RÉPONSE DE NORMANDS
FRAGILISÉ AU DÉBUT DE L’HIVER, ROUEN A RETROUVÉ UN NOUVEAU SOUFFLE POUR DOMINER LA FINALE DU JEAN-PRAT ET POSER LES BASES D’UN NOUVEAU PROJET.
Àl’écart de la ferveur qui vient de gagner le camp rouennais au coup de sifflet scellant une victoire inscrite dans la logique de l’emprise exercée sur le jeu, un joueur savoure, le regard perdu entre l’émotion et les souvenirs. « Avec ce club, j’ai joué en Fédérale 3 et aujourd’hui, j’ai disputé mon dernier match avec au bout le titre de champion de Fédérale 1. C’est un moment particulier, une vraie joie intérieure », explique le deuxième ligne Vincent Lointier. Son histoire colle à celle d’un club sur l’avenir duquel planaient encore de sombres doutes au début de l’hiver. À toutes les interrogations, Rouen a apporté sur la pelouse du stade Charles-Mathon une réponse… de Normands. « Quand je suis arrivé à Rouen il y a quatre ans, on m’avait donné pour mission de promouvoir le rugby en Normandie. Avec cette victoire, c’est chose faite » constate Richard Hill, entraîneur rayonnant d’une équipe qu’il a façonnée et fait grandir. Un autre Rouennais affiche le même sourire radieux, Jean-Louis Louvel, le nouveau président : « Il y a quatre mois, on nous disait perdu. Beaucoup ont tenté de me dissuader de m’engager dans cette aventure mais j’étais convaincu de la réalité du potentiel humain de ce club. Je suis un entrepreneur et la première chose que j’ai faite a été de redonner à tous confiance en notre projet. Je suis fier de mon choix, aujourd’hui nous gagnons la finale du Jean-Prat, demain nous serons engagés dans la poule Élite avec pour objectif d’accéder à la Pro D2. Nous avons cette ambition collective de porter un projet régional. Nous voulons développer le rugby en Normandie. Il ne faut pas oublier que c’est par la Normandie que le rugby est arrivé en France. Il y a dans nos objectifs une forme de légitimité. » Comme pour mieux l’affirmer le Stade rouennais Rugby changera de nom ce mardi pour devenir « Rouen Normandie Club ». La question de savoir quel sera l’intitulé porté sur le Bouclier de Fédérale 1 ne se pose même pas. L’essentiel était de gagner cette finale. « Nous avons réalisé le match qu’il fallait faire avec une conquête efficace, une défense imperméable et du réalisme dans notre jeu », apprécie Grégoric Bouly, l’entraîneur adjoint qui ne va pas chercher bien loin le modèle à suivre : « Nous avons avancé au même rythme que Vannes et la saison prochaine nous pourrons prendre nos marques dans la poule Élite pour tenter de porter à notre tour l’identité normande en Pro D2. »
12 DÉPARTS ET 15 ARRIVÉES
Jean-Louis Louvel, le président rouennais, n’est pas simplement un homme heureux. Il est aussi résolu et pressé : « Nous avons su nous donner des moyens et retrouver de l’enthousiasme. La base de notre projet, c’est l’humain. Je suis convaincu que nous pouvons viser le Pro D2 et je sais que nous avons la capacité d’accélération qui peut nous permettre de le faire rapidement. » Le discours tient presque du défi. Le futur Rouen Normandie Club peut-il le relever dans l’élan de cette saison aboutie ? Là, c’est une vraie réponse de Normand qu’apporte Richard Hill « Le Pro D2 constitue notre objectif mais nous allons avoir 12 départs et 15 arrivées, il faudra avant tout reconstruire un groupe. Il faudra peut-être une année pour travailler et une année pour monter. »