Midi Olympique

« Sortir tout de suite et faire un vrai test le lundi »

- Jean-François CHERMANN Médecin neurologue J. P.

Sur un plan réglementa­ire, on peut peut-être faire un effort sur les plaquages haut et sur les déblayages qui touchent des joueurs relâchés. Il faut comprendre que pour éviter une commotion, il faut jouer sur le rapport tête-cou, c’est-à-dire renforcer musculaire­ment la charnière cervicale. Il faut aussi avoir des joueurs les moins fatigués possible car c’est quand on commence à « piocher » qu’on fait des mauvais plaquages, on place moins bien son épaule et sa tête. Ceci s’appelle la prévention primaire. Reste la prévention secondaire, c’est-à-dire une fois qu’une première commotion est suspectée. Je pense qu’il faut sortir tout de suite le joueur car il risque de contracter une seconde commotion. S’il a moins de 20 ans, c’est sa vie qui est en jeu. C’est le syndrome du second impact, rarissime mais très dangereux. Je suis opposé au questionna­ire actuel, je le trouve insuffisan­t, il y a au moins 30 % de « faux négatifs », des joueurs qui répondent correcteme­nt mais qui sont bel et bien commotionn­és. Je pense qu’il faut remplacer ce questionna­ire par une sortie immédiate et conserver le rendezvous avec un neurologue dès le lundi, afin de voir si le joueur sera disponible pour le week-end suivant. Parfois, on me dit tel gars est resté sur le terrain car nous n’avions plus personne. Dans ce cas, je dis : pourquoi pas un remplaçant supplément­aire ? Ça permettrai­t de ne plus vivre la palinodie AtonioSlim­ani du dernier Tournoi. Je crois beaucoup à un test, « neuro tracker » que j’ai adapté à la prise en charge des commotions. Il mesure les performanc­es du lobe frontal qui est le centre de la prise de décision et de la mise en place des stratégies dans le cerveau. Cette faculté est très développée chez les sportifs de haut niveau. En cas de commotion, il existe une perturbati­on du lobe frontal. On prend les décisions moins vite, on évite moins les chocs, on multiplie les duels frontaux et les risques de nouvelles blessures. Je réalise le test dans les 48 heures et j’ai constaté qu’il était alors très bénéfique. Je précise que c’est un test qui dure vingt-cinq minutes, en cas de symptôme persistant les performanc­es à ce test sont diminuées et il déclenche très souvent des mots de tête. Ces signes contre-indiquent la reprise rapide. On ne peut pas apprécier la gravité de commotion en dix minutes le jour même, c’est absolument impossible.

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