Midi Olympique

Les commotions cérébrales

ARTHUR ITURRIA - Deuxième ligne internatio­nal de Clermont LE JEUNE AUVERGNAT RACONTE LE CHOC SUBI LORS DE SON PLAQUAGE SUR MA’A NONU EN DÉBUT DE SECONDE PÉRIODE LORS DE LA FINALE DU TOP 14 ET DE SES CONSÉQUENC­ES. TÉMOIGNAGE ÉLOQUENT.

- Propos recueillis par Vincent BISSONNET vincent.bissonnet@midi-olympique.fr

La finale du Top 14 a marqué les observateu­rs par son âpreté et son engagement physique. Comment l’avez-vous ressentie ?

Toulon est une des équipes les plus solides que j’ai pu jouer. Il y avait moins de rythme qu’en finale de Coupe d’Europe, contre les Saracens, mais ça tapait très fort, effectivem­ent. Pour autant, c’est normal à un tel niveau de compétitio­n, à mon avis…

Pouvez-vous nous raconter l’action ayant provoqué votre commotion cérébrale, à la 43e minute ?

Je ne m’en souviens pas trop. J’ai perdu un peu la mémoire par rapport à ce qui s’est passé. Je pense que je n’ai pas dû bien prendre Ma’a Nonu sur le coup. Mon plaquage n’a sûrement pas été bon. J’en ai pourtant réussis dans cette position mais pas celui-ci… C’est une question de technique me semble-t-il.

Ce n’était pas votre première commotion cérébrale…

Effectivem­ent, c’était ma troisième de l’année : j’en ai eu une en novembre, une je sais plus quand et celle-ci donc. Il faut que je travaille pour moins m’exposer à ce genre de blessures.

On vous a vu très touché à votre sortie du terrain… Qu’est-ce qui vous a traversé l’esprit à ce moment-là ?

Je savais très bien en me relevant que je ne reviendrai pas sur le terrain. Je connais les commotions et mon corps. Je ne me faisais pas d’illusions.

Comment avez-vous vécu la fin du match ?

Je suis revenu à la 65e minute de jeu sur le bord du terrain. J’étais un peu ailleurs, à cause de la commotion. Je n’avais pas retrouvé tous mes esprits mais je savais que l’équipe était proche de gagner. J’ai explosé de joie comme tous les copains quand il y a eu le coup de sifflet final. Mais même après le match, j’avais encore mal à la tête.

Faut-il davantage protéger les joueurs ?

Il y a des actions inévitable­s comme celle ayant amené à ma commotion en finale, face à Nonu. On ne peut rien y faire pour le coup. Mais, dans le combat et l’agressivit­é, il ne faudrait pas que ça aille plus loin. Les arbitres doivent prendre les choses en mains.

Sur quoi, notamment ? Les déblayages, très appuyés, doivent-ils être notamment ciblés par les arbitres ?

Oui. Le problème étant que, dans le rugby moderne, le but est de sortir le ballon le plus rapidement possible. Quand tu arrives lancé à pleine vitesse pour assurer la libération, ça peut être très dangereux… Il y a des choses qui peuvent être améliorées à ce niveau, c’est une certitude.

Êtes-vous inquiet pour votre intégrité physique, sur la durée de votre carrière ? Quand on voit votre cas, mais aussi tous les joueurs ayant terminé la finale blessés : les Timani et autres Vermeulen…

Inquiet, oui et non. Il faut être vigilant et se protéger, c’est certain. Il ne faut pas oublier que nous sommes des êtres humains. C’est bien d’aller au bout de soimême mais, à un moment, nous devons apprendre à dire stop. Il faut faire en sorte que, lorsque tu arrives au dernier match de la saison, tu ne sois pas au bout du bout comme ça a pu être le cas pour moi et tant d’autres joueurs lors des phases finales. Personnell­ement, j’ai fini la saison marqué. Outre la commotion, j’avais des soucis à l’épaule. Je vais devoir me renforcer à l’avenir pour arriver à mieux me gérer et pouvoir en garder sous le pied. Je ne suis pas encore prêt à enchaîner autant de matchs.

« C’est bien d’aller au bout de soi même mais, à un moment, nous devons apprendre à dire stop »

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