CHAOS TECHNIQUE
POLLUÉS PAR UN INCROYABLE DÉCHET, LES TRICOLORES N’ONT JAMAIS RÉUSSI À METTRE UN EMBRYON DE JEU EN PLACE FACE À DES BOKS POURTANT LOIN DES TERREURS DU PASSÉ. UNE FAIBLESSE TECHNIQUE QUI INTERPELLE.
On joue comme on s’entraîne, paraît-il. Nul hasard, dès lors, à la piètre performance des Bleus constatée samedi à Pretoria. Car s’ils avaient été marqués du sceau du sérieux et d’une intensité physique indéniables, les premiers entraînements du XV de France en Afrique du Sud avaient aussi été le théâtre, trop régulièrement, d’approximations. D’erreurs. De fautes de mains. Autant de scories qui se sont tout bêtement retrouvées sur le terrain, sans même que l’on puisse parler de hasard. Des ballons jetés dans la tête aux attaques brisées par un enavant dès le lancement de jeu, des transformations de jeu approximatives au niveau de la charnière aux relances sans vitesse. « Le sentiment est que samedi soir, tout le monde a commis sa petite faute, grinçait Yoann Huget. Et toutes ces erreurs ont fait que nous ne sommes parvenus qu’épisodiquement à tenir le ballon. » « C’était une bouillie de rugby, déplorait le troisième ligne Kévin Gourdon. Toutes les erreurs qu’on a pu commettre, on les a faites… On a trop fait tomber de ballons face à un adversaire qui, sans être génial, n’a pas eu le même déchet que nous. » Et encore ! Le deux contre un d’école vendangé par Kolisi en première période, ainsi qu’une interception miraculeuse de Yoann Huget en début de deuxième sont là pour nous rappeler que les Boks n’ont pas fait carton plein. Loin s’en faut…
LE SYNDROME DES CINQ MÈTRES
La vérité ? C’est que les Bleus sont probablement un peu trop tolérants avec euxmêmes lorsqu’ils avancent comme Gaël Fickou la théorie du « match qui ne te sourit pas ou parlent « d’inhabituelle faiblesse technique », dixit Gourdon. Car ce n’est pas autre chose qu’en leur temps, Marc Lièvremont ou Philippe Saint-André reprochaient à leurs « sales gosses ». Et pas autre chose dont Guy Novès s’est trop souvent fait l’écho lors du dernier Tournoi, notamment lors des matchs en Angleterre et en Irlande. Le pire ? C’est que, logiquement, ces faiblesses s’amplifient dans la « zone critique » des cinq derniers mètres. Où, à part le toujours propre Baptiste Serin (auteur d’un essai de filou), les Français ne dégagent pas la maîtrise technique, et encore moins l’organisation suffisante, dans une palette qui va des pénaltouches au jeu dans le désordre. De quoi faire râler l’entraîneur Jeff Dubois, dont la quête d’efficacité demeure le cheval de bataille. « Il y a eu des approximations, des maladresses, de l’impatience, déplorait l’ancien coach du Stade français. C’est d’ailleurs quelque chose qui me chagrine, car nous avons travaillé dans la semaine des animations que nous n’avons pas vues sur le terrain. » Les Bleus cédant régulièrement à la panique, à l’image d’une diagonale précipitée de Plisson en première période. « Pourtant, à plusieurs reprises, on les met en danger, soufflait Gaël Fickou. Mais on ne franchit pas la ligne alors qu’eux, ils marquent des essais de cinquante mètres ! On n’en est pas capable… Il faut qu’on se rapproche à cinq mètres, qu’on pilonne, et ça ne passe pas toujours… Maintenant, ça suffit. Il faut planter. » Et pour cela, se relever de ce KO technique pour lequel les Bleus n’ont déjà pas été très loin d’être comptés 10…