Midi Olympique

LE CALVAIRE DE TRINH-DUC

- Par Léo FAURE et Nicolas ZANARDI, envoyés spéciaux

SCOTT SPEDDING SANS TALENT L’arrière des Bleus est toujours exemplaire dans son investisse­ment. Mais ça ne peut pas suffire. La longueur de son jeu au pied n’a pas été accompagné­e de précision. Il marque effectivem­ent le premier essai mais ensuite, son apport est inexistant ou presque. Il parcourt 78 mètres balle en mains, dont une bonne moitié en travers. Il s’isole également à plusieurs reprises et engendre des pertes de balle. Au niveau internatio­nal, c’est infiniment trop peu. NANS DUCOING DISCRET

Le Bordelais est entré tôt dans ce match, en remplaceme­nt de

Yoann Huget blessé (14e). Pour sa première sélection, il s’est efforcé d’être propre. Il a surtout défendu et, restant plutôt collé à sa ligne de touche, il n’a que peu participé au jeu offensif de son équipe. Pas grand-chose à mettre à son débit, si ce n’est un jeu au pied de dégagement un peu court. À ce niveau, il faudra pourtant qu’il se lâche un peu plus pour apporter du danger un peu partout sur le terrain. DAMIAN PENAUD INCISIF ★★

Le Clermontoi­s était la sensation de la fin de saison en Top 14. Dans la foulée, il n’a pas déçu pour sa grande première en Bleu. Sa vitesse a été bénéfique à son équipe dès la première action, où il sert Spedding pour l’essai. Ensuite, il n’a eu de cesse de progresser ballon en main, gênant les Springboks dans les intervalle­s plutôt que le défi physique. Il est finalement récompensé par un essai, sur lequel il élimine trois défenseurs en bout de ligne. Il y a du déchet, bien sûr, mais la prestation est clairement plaisante. GAËL FICKOU NEUTRE ★

C’est assez étrange à dire, pour un garçon du talent de Gaël Fickou. Mais le Toulousain est lentement devenu un joueur lambda du niveau internatio­nal. Il est propre, certes, ce qui n’est pas la moindre des choses. Il défend bien (5 sur 5), donne des ballons dans le tempo. Mais il n’y a plus d’étincelle. Hier si fort dans les duels, Fickou ne crée aujourd’hui plus d’écart. C’est dommage. VIRIMI VAKATAWA SEUL ★

Comme pour Fickou, on s’étonne de la manière dont Virimi Vakatawa a lissé son facteur X en même temps qu’il réglait ses problèmes de discipline (notamment les placements). Le Fidjien concède aujourd’hui bien moins d’écart défensif qu’il y a un an. C’était un impératif. Mais il semble aussi moins jambe. Son débordemen­t, le long de la ligne de touche en seconde période, en témoigne : Vakatawa casse un plaquage, résiste à une cuillère et s’échappe. Mais très vite, il est repris pas Raymond Rhule. Étonnant.

FRANÇOIS TRINH-DUC CATASTROPH­IQUE L’histoire de la carrière internatio­nale de Trinh-Duc semble tourner en boucle : une blessure, un retour, de l’espoir et immédiatem­ent, une déception. À Durban, le Toulonnais a « honoré » cette dernière étape. Son jeu au pied a été défaillant, son animation souvent lente. Défensivem­ent, il s’est fait prendre dans sa zone très tôt dans le match, sur un lancement en première main après touche. Mais tout cela ne sera rien sans cette intercepti­on amenant l’essai de Kolisi (27e), après une relance suicidaire et hors de propos. Une soirée catastroph­e pour « FTD ». Remplacé par

Jean-Marc Doussain (74e), qui n’a pas eu grand-chose à faire. BAPTISTE SERIN DÉCEVANT

On attend toujours beaucoup de Baptiste Serin. C’est le poids du talent, qu’il a déjà démontré. Cette fois, le Bordelais ne l’a pas fait. À sa décharge, il est toujours délicat pour un numéro neuf d’évoluer derrière un pack dominé. Mais Serin a malgré tout concédé trop de lenteur. Surtout, il y a un gros accroc : alors que les Bleus étaient dans leur meilleure période, en début de seconde période, il jouait rapidement une pénalité mais se retrouvait isolé. Il jetait finalement une passe pour personne, sur sa gauche et gâchait une superbe munition. Le genre de faute qui coûte trop cher. KEVIN GOURDON LÉGER

Le Rochelais a les qualités de ses défauts. S’il est aussi tonique, c’est qu’il est également léger. Quand son équipe avance et qu’il trouve des intervalle­s, il est un superbe joueur de rupture. Quand son équipe est battue sur la ligne d’avantage, il souffre plus encore que les autres. Samedi, il a donc souffert physiqueme­nt. Sans espace, il a dû défier. À ce niveau d’engagement, il n’est pas armé pour lutter. Pour compenser, il s’est beaucoup employé en défense (8 plaquages). Mais ce déficit de puissance reste dommageabl­e. BERNARD LEROUX DÉFENSIF Rapidement entré en jeu après la blessure de Louis

Picamoles (23e), le Sud-africain s’est surtout employé dans le secteur défensif, là où on l’attend en premier lieu. Il a également concentré son activité dans les rucks, où il a participé à la deuxième période de bien meilleure tenue dans ce secteur. Offensivem­ent, son apport reste discret. YACOUBA CAMARA HYPERACTIF ★★

Le troisième ligne toulousain (futur montpellié­rain) s’inscrit déjà comme une des satisfacti­ons de la Tournée. Après une saison quasiment blanche, il compte parmi ceux qui sont en forme physiqueme­nt. Et il le prouve, avec une énorme activité. Sur l’ensemble du match, il a touché 20

ballons et avancé sur la majorité d’entre eux. Seule ombre au tableau, son indiscipli­ne récurrente (deux pénalités concédées). ROMAIN TAOFIFENUA PUISSANT ★

Le Toulonnais ne réussit pas tout ce qu’il tente, comme ce ballon trop facilement arraché qui amène l’essai de Jantjies. Mais sa puissance a été un vrai plus pour les Bleus, qui avaient tant souffert dans ce secteur la semaine précédente. À l’impact, Taofifenua avance mais surtout, il parvient à rester debout dans un premier temps pour faciliter le travail des soutiens. Son apport fut réel. Y compris en mêlée fermée, où les Bleus ont mieux résisté. Il n’y est pas étranger. YOANN MAESTRI DANS L’OMBRE ★

Le Toulousain s’est repris, après une première rencontre clairement décevante. Son apport offensif reste limité mais il s’est envoyé dans les secteurs d’ombre. Sept plaquages et beaucoup de travail dans les rucks. Les attributs de base du deuxième ligne. Sans éclat. Remplacé par

Julien Ledevedec (75e). RABAH SLIMANI POUSSEUR Comme attendu, le Parisien (futur Clermontoi­s) a apporté de la stabilité à la mêlée française. Face à Mtawarira, qui avait fait souffrir le martyre à Atonio, il a fait jeu égal. Ce n’est pas rien. Mais c’est à peu près tout. Dans le jeu courant, sa contributi­on est plus pauvre. Comme souvent. Remplacé assez tôt par Uini Atonio (59e), guère plus convaincan­t que la semaine dernière. GUILHEM GUIRADO USÉ ★

Après une saison infinie de dix mois et 35 matchs (26 matchs en club et le neuvième samedi, en Bleu), le capitaine est apparu plus émoussé. Peut-on sérieuseme­nt lui en vouloir ? Malgré tout, son état d’esprit est absolument irréprocha­ble. Guirado montre la voie au combat, bataille sur chaque ruck et chaque plaquage. Il ne lui a manqué que ce gaz aux impacts. Pour les raisons évoquées plus haut. Remplacé en fin de match par Clément Maynadier (75e). JEFFERSON POIROT DYNAMIQUE ★

Dans ce rugby qui accélère de deux crans par rapport au Top 14, Poirot est à l’aise. Et il l’a prouvé samedi, profitant aussi de son associatio­n avec le tandem Guirado- etSlimani et donc d’une mêlée moins énergivore pour lui. Il peut alors se concentrer sur le jeu courant. Dans lequel il fait partie des rares éléments à rivaliser avec la vitesse des Springboks. « Je n’ai d’ailleurs pas trouvé que le jeu des Sud-africains était si rapide » confiait-il après le match. Lui, peut-être. Les autres ? Remplacé à l’heure de jeu par Eddy Ben Arous (59e). ■

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Photo Icon Sport françois Trinh-Duc a vécu une rencontre difficile et a eu du mal à digéré la pression qui pesait sur ses épaules.

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