LE CALVAIRE DE TRINH-DUC
SCOTT SPEDDING SANS TALENT L’arrière des Bleus est toujours exemplaire dans son investissement. Mais ça ne peut pas suffire. La longueur de son jeu au pied n’a pas été accompagnée de précision. Il marque effectivement le premier essai mais ensuite, son apport est inexistant ou presque. Il parcourt 78 mètres balle en mains, dont une bonne moitié en travers. Il s’isole également à plusieurs reprises et engendre des pertes de balle. Au niveau international, c’est infiniment trop peu. NANS DUCOING DISCRET
Le Bordelais est entré tôt dans ce match, en remplacement de
Yoann Huget blessé (14e). Pour sa première sélection, il s’est efforcé d’être propre. Il a surtout défendu et, restant plutôt collé à sa ligne de touche, il n’a que peu participé au jeu offensif de son équipe. Pas grand-chose à mettre à son débit, si ce n’est un jeu au pied de dégagement un peu court. À ce niveau, il faudra pourtant qu’il se lâche un peu plus pour apporter du danger un peu partout sur le terrain. DAMIAN PENAUD INCISIF ★★
Le Clermontois était la sensation de la fin de saison en Top 14. Dans la foulée, il n’a pas déçu pour sa grande première en Bleu. Sa vitesse a été bénéfique à son équipe dès la première action, où il sert Spedding pour l’essai. Ensuite, il n’a eu de cesse de progresser ballon en main, gênant les Springboks dans les intervalles plutôt que le défi physique. Il est finalement récompensé par un essai, sur lequel il élimine trois défenseurs en bout de ligne. Il y a du déchet, bien sûr, mais la prestation est clairement plaisante. GAËL FICKOU NEUTRE ★
C’est assez étrange à dire, pour un garçon du talent de Gaël Fickou. Mais le Toulousain est lentement devenu un joueur lambda du niveau international. Il est propre, certes, ce qui n’est pas la moindre des choses. Il défend bien (5 sur 5), donne des ballons dans le tempo. Mais il n’y a plus d’étincelle. Hier si fort dans les duels, Fickou ne crée aujourd’hui plus d’écart. C’est dommage. VIRIMI VAKATAWA SEUL ★
Comme pour Fickou, on s’étonne de la manière dont Virimi Vakatawa a lissé son facteur X en même temps qu’il réglait ses problèmes de discipline (notamment les placements). Le Fidjien concède aujourd’hui bien moins d’écart défensif qu’il y a un an. C’était un impératif. Mais il semble aussi moins jambe. Son débordement, le long de la ligne de touche en seconde période, en témoigne : Vakatawa casse un plaquage, résiste à une cuillère et s’échappe. Mais très vite, il est repris pas Raymond Rhule. Étonnant.
FRANÇOIS TRINH-DUC CATASTROPHIQUE L’histoire de la carrière internationale de Trinh-Duc semble tourner en boucle : une blessure, un retour, de l’espoir et immédiatement, une déception. À Durban, le Toulonnais a « honoré » cette dernière étape. Son jeu au pied a été défaillant, son animation souvent lente. Défensivement, il s’est fait prendre dans sa zone très tôt dans le match, sur un lancement en première main après touche. Mais tout cela ne sera rien sans cette interception amenant l’essai de Kolisi (27e), après une relance suicidaire et hors de propos. Une soirée catastrophe pour « FTD ». Remplacé par
Jean-Marc Doussain (74e), qui n’a pas eu grand-chose à faire. BAPTISTE SERIN DÉCEVANT
On attend toujours beaucoup de Baptiste Serin. C’est le poids du talent, qu’il a déjà démontré. Cette fois, le Bordelais ne l’a pas fait. À sa décharge, il est toujours délicat pour un numéro neuf d’évoluer derrière un pack dominé. Mais Serin a malgré tout concédé trop de lenteur. Surtout, il y a un gros accroc : alors que les Bleus étaient dans leur meilleure période, en début de seconde période, il jouait rapidement une pénalité mais se retrouvait isolé. Il jetait finalement une passe pour personne, sur sa gauche et gâchait une superbe munition. Le genre de faute qui coûte trop cher. KEVIN GOURDON LÉGER
Le Rochelais a les qualités de ses défauts. S’il est aussi tonique, c’est qu’il est également léger. Quand son équipe avance et qu’il trouve des intervalles, il est un superbe joueur de rupture. Quand son équipe est battue sur la ligne d’avantage, il souffre plus encore que les autres. Samedi, il a donc souffert physiquement. Sans espace, il a dû défier. À ce niveau d’engagement, il n’est pas armé pour lutter. Pour compenser, il s’est beaucoup employé en défense (8 plaquages). Mais ce déficit de puissance reste dommageable. BERNARD LEROUX DÉFENSIF Rapidement entré en jeu après la blessure de Louis
Picamoles (23e), le Sud-africain s’est surtout employé dans le secteur défensif, là où on l’attend en premier lieu. Il a également concentré son activité dans les rucks, où il a participé à la deuxième période de bien meilleure tenue dans ce secteur. Offensivement, son apport reste discret. YACOUBA CAMARA HYPERACTIF ★★
Le troisième ligne toulousain (futur montpelliérain) s’inscrit déjà comme une des satisfactions de la Tournée. Après une saison quasiment blanche, il compte parmi ceux qui sont en forme physiquement. Et il le prouve, avec une énorme activité. Sur l’ensemble du match, il a touché 20
ballons et avancé sur la majorité d’entre eux. Seule ombre au tableau, son indiscipline récurrente (deux pénalités concédées). ROMAIN TAOFIFENUA PUISSANT ★
Le Toulonnais ne réussit pas tout ce qu’il tente, comme ce ballon trop facilement arraché qui amène l’essai de Jantjies. Mais sa puissance a été un vrai plus pour les Bleus, qui avaient tant souffert dans ce secteur la semaine précédente. À l’impact, Taofifenua avance mais surtout, il parvient à rester debout dans un premier temps pour faciliter le travail des soutiens. Son apport fut réel. Y compris en mêlée fermée, où les Bleus ont mieux résisté. Il n’y est pas étranger. YOANN MAESTRI DANS L’OMBRE ★
Le Toulousain s’est repris, après une première rencontre clairement décevante. Son apport offensif reste limité mais il s’est envoyé dans les secteurs d’ombre. Sept plaquages et beaucoup de travail dans les rucks. Les attributs de base du deuxième ligne. Sans éclat. Remplacé par
Julien Ledevedec (75e). RABAH SLIMANI POUSSEUR Comme attendu, le Parisien (futur Clermontois) a apporté de la stabilité à la mêlée française. Face à Mtawarira, qui avait fait souffrir le martyre à Atonio, il a fait jeu égal. Ce n’est pas rien. Mais c’est à peu près tout. Dans le jeu courant, sa contribution est plus pauvre. Comme souvent. Remplacé assez tôt par Uini Atonio (59e), guère plus convaincant que la semaine dernière. GUILHEM GUIRADO USÉ ★
Après une saison infinie de dix mois et 35 matchs (26 matchs en club et le neuvième samedi, en Bleu), le capitaine est apparu plus émoussé. Peut-on sérieusement lui en vouloir ? Malgré tout, son état d’esprit est absolument irréprochable. Guirado montre la voie au combat, bataille sur chaque ruck et chaque plaquage. Il ne lui a manqué que ce gaz aux impacts. Pour les raisons évoquées plus haut. Remplacé en fin de match par Clément Maynadier (75e). JEFFERSON POIROT DYNAMIQUE ★
Dans ce rugby qui accélère de deux crans par rapport au Top 14, Poirot est à l’aise. Et il l’a prouvé samedi, profitant aussi de son association avec le tandem Guirado- etSlimani et donc d’une mêlée moins énergivore pour lui. Il peut alors se concentrer sur le jeu courant. Dans lequel il fait partie des rares éléments à rivaliser avec la vitesse des Springboks. « Je n’ai d’ailleurs pas trouvé que le jeu des Sud-africains était si rapide » confiait-il après le match. Lui, peut-être. Les autres ? Remplacé à l’heure de jeu par Eddy Ben Arous (59e). ■