FINI DE JOUER
TOMBEURS D’UNE ÉQUIPE SAMOANE TOTALEMENT DÉPASSÉE, LES ALL BLACKS ONT PRÉPARÉ DE LA MEILLEURE DES MANIÈRES LEUR CHOC FACE AUX LIONS BRITANNIQUES ET IRLANDAIS, PRÉVU SAMEDI À AUCKLAND.
Ils n’avaient plus joué ensemble depuis le 26 novembre dernier et une victoire au Stade de France face aux Tricolores (2519). Est-ce qu’un quelconque manque de repères collectifs s’est vu dans le jeu des All Blacks vendredi soir ? Non. Pas une seconde. Pas un flottement. Même quand les Samoans étaient encore dans le match, en début de rencontre. In fine, cela donne une victoire 78-0, et de nombreuses confirmations. L’impression que ces Blacks, bien qu’amputés de Kieran Read, reconverti en porteur d’eau de luxe, n’ont pas eu à forcer leur rugby. Une fois de plus, ils ont livré un véritable récital qui se lit dans des statistiques impressionnantes : 25 offloads, 17 franchissements, et 891 mètres avalés ballon en mains. Si les joueurs de Steve Hansen ont infligé le second plus gros revers de l’histoire aux coéquipiers de Census Johnston (le premier étant un cinglant 101-14 en 2008), ils ont souffert d’une mise en route un peu tardive. Entreprenants, les Samoans sont parvenus à rivaliser dans le premier quart d’heure et auraient même pu scorer si le pilier du Racing 92 Afatia avait mieux négocié le surnombre sur l’aile.
CONTRES ASSASSINS
La suite ? Un véritable festival offensif dont va être victime la quatorzième nation au classement IRB. 12 essais, 9 marqueurs différents dont les doublés de l’ouvreur Beauden Barrett et du troisième ligne Ardie Savea, replacé cette fois en numéro huit. Si l’on voulait forcer le trait, l’on pourrait employer la notion de « cirque organisé » pour qualifier la prestation des Blacks. De la fantaisie, des offloads, des chisteras, mais surtout une impressionnante faculté à s’adapter en un éclair de seconde, comme sur cet essai du talonneur Codie Taylor. Parti à la base d’une touche trouvée par le Samoan Kahn Fotuali’i et rapidement jouée par Julian Savea, l’ailier lance parfaitement l’arrière Ben Smith qui se propose et trouve Taylor à sa droite, qui inscrivait le septième essai de la rencontre. L’addition aurait pu être encore plus salée si l’arbitre Mathieu Raynal n’avait pas signalé un en-avant sur une passe de Sonny Bill Williams à destination de T. J Perenara. L’autre fait marquant de cette rencontre est le quarantesixième essai de Julian Savea qui le place à hauteur de Joe Rokocoko, à trois longueurs de la légende Doug Howlett.
SAVEA « LE ARDIE »
Bien sûr, il faut relativiser la performance des hommes de Steve Hansen à l’aune de la faiblesse des adversaires. Coriaces en début de rencontre, les Samoans ont ensuite baissé les bras, accentuant par là même le sentiment de toute puissance dégagé par les Blacks. Si tous ont livré une prestation satisfaisante, il est un joueur qui a crevé l’écran. Il s’agit d’Ardie Savea. Repositionné au poste de troisième ligne centre en l’absence du patron Kieran Read qui devrait faire son retour à la compétition samedi, le natif de Wellington a montré qu’il sera difficile de faire sans lui à l’avenir. Explosif et infatigable, l’aîné de la fratrie s’est multiplié aux quatre coins du terrain. Coureur, gratteur, animateur et plaqueur hors pair, Ardie sait tout faire Autrefois souvent confiné au rôle de remplaçant, le polyvalent troisième ligne des Hurricanes peut aujourd’hui devenir une pièce maîtresse du pack de la fougère. À tel point qu’en plus d’abattre avec brio le travail de ferrailleur, « Ardz », comme le surnomment ses partenaires, est capable de jouer le rôle d’un arrière. Doté d’une véritable gestuelle de trois-quarts, il n’est pas rare de voir Ardie Savea s’intercaler dans la ligne pour créer de l’incertitude dans les défenses adverses en monopolisant plusieurs défenseurs et distiller des passes impossibles. À seulement 23 ans, le cadet a déjà l’étoffe d’un aîné. Et laisse entrevoir un formidable potentiel.