La femme est l’avenir du Bok
Il était aux alentours de deux heures, vendredi après-midi. Un chaud soleil hivernal baignait la ville de Durban et, dans l’enceinte du Kings Park, se préparait la traditionnelle conférence d’avant-match de Guilhem Guirado et Jeff Dubois, prélude au non moins traditionnel captain’s run. Lequel faillit bien, pour l’anecdote, ne pas avoir lieu, en raison des employés sud-africains qui oeuvraient au même moment sur la pelouse pour peindre les indispensables publicités… Il fallut bien quelques minutes d’âpres négociations pour voir ces derniers quitter momentanément leur travail avant de l’avoir achevé, au prix de la promesse de Gascon de ne pas piétiner les peintures fraîches…
Mais baste ! Il ne s’agit pas de ça. Plutôt de ce match qui se déroulait, au même instant, sur l’un des terrains annexes du Kings Park. Une rencontre de rugby féminin qui opposait, en match amical, l’équipe locale du Kwazulu-Natal et celle des Borders, championne d’Afrique du Sud en titre, afin de préparer le championnat des provinces qui débutera dans un mois. Quoi d’extraordinaire, nous direz-vous ? Eh bien, tout simplement, la proportion énorme de joueuses de couleur, largement supérieure à une vingtaine de joueuses de couleur sur la trentaine d’actrices. Fatalement étonnant, pour un sport qui demeure culturellement l’apanage des blancs… « Ah, ça vous étonne ? s’amusait Amirah, supportrice et ancienne joueuse de l’équipe locale. En fait, au niveau des filles en Afrique du Sud, les filles blacks sont plutôt dominantes. Il y a peut-être une question de physique, je ne sais pas… Ce qui est certain en tout cas, c’est que chez les filles en tout cas, la question des quotas ne se pose pas. Les équipes sont vraiment représentatives de la réalité du pays. » La femme est l’avenir de l’homme, chantait Aragon. Reste simplement à en convaincre les quelques obtus pour qui le rugby demeure une chasse gardée, traditionnellement peu libéraux quant aux mérites du rugby féminin. On vous l’accorde, ce n’est pas gagné…