Les clés du match
DEUX ENTAMES MANQUÉES
Un peu comme les Barbarians français la veille, les Bleus ont totalement manqué leurs entames de mi-temps. Dès la 6e minute, un double turnover (ballon arraché à Taofifenua, puis perdu en fond de terrain par Ducuing et Vakatawa) avait en effet permis aux Springboks de porter une première estocade en menant 10-0. Puis, sur le coup d’envoi de la deuxième mitemps, c’est un ballon gardé au sol par Goujon qui offrait aux Boks l’occasion d’inscrire leur deuxième essai, et définitivement s’adjuger la partie. Avec 17 points encaissés contre aucun marqué, difficile de nier que ces deux entames ont plombé les Bleus…
LE SYMBOLE
DES BALLONS PORTÉS
Conscients de leurs lacunes dans les duels, les Bleus avaient misé sur le collectif pour mettre à mal les Boks, notamment sur des ballons portés enclenchés à 12 (seuls Plisson, Dulin et l’ailier côté ouvert ne se voyant pas impliqués). Las, cette tactique ne suffit pas. Empêchés une fois d’aplatir, les Bleus se sont surtout faits pénaliser
(49e) pour un écran, puis contrer (69e) par Etzebeth. De leur côté, les Boks se sont montrés bien plus efficaces en allant deux fois à dame, par Etzebeth encore sur un « porté-décalé » d’école, puis par le demi de mêlée remplaçant Paige, bien lancé par son
pack. « J’aimerais juste qu’on m’explique la différence entre la faute qui nous est sifflée en deuxième mitemps, et ce que les Sud-Africains ont fait sur l’essai de Paige, où leur talonneur profite de l’écran de joueurs placés devant lui pour démarrer, râlait
après coup Yannick Bru. Après, il faut aussi reconnaître la supériorité tactique des Sud-Africains sur l’essai d’Etzebeth, où ils nous ont parfaitement manoeuvrés. »
ENCORE DES « CADEAUX »
Afin de réduire l’écart entre eux et les Sud-Africains, les Bleus comptaient d’abord faire un minimum de cadeaux aux Springboks. Las, ces belles intentions ont été mises à mal dès la 6e minute par la contre-attaque suicidaire menée par Ducuing et Vakatawa (conclue par l’essai de Kriel) ou celle de Dulin obligeant Guirado à commettre l’irréparable (13-6, 23e). On peut aussie parler de cette touche perdue de la 62 , qui offrit aux Sud-Africains une possession dans les 22 mètres français traduite par l’essai de Marx, sur lequel le talonneur springbok eut l’intelligence d’aplatir contre la base du poteau.
L’INHABITUEL DÉCHET SUD-AFRICAIN
Faut-il y voir une petite déconcentration due à une série déjà en poche, ou la conséquence des quelques changements intervenus dans le XV de départ, sans oublier la blessure de dernière minute du capitaine et régulateur Warren Whiteley ? Le fait est que les Springboks ont connu un déchet supérieur aux deux premiers tests réunis, à l’image d’un Jantjies parfois emprunté et plus maladroit que d’habitude face aux poteaux. Et l’on n’oublie pas ces ballons tombés dans les mauls, ou tout bonnement ces passes mauvaises, parfois oubliées, symbolisées par l’essai logiquement refusé à l’arrière Coetzee… « C’est le regret de la soirée, nous avons été plutôt pauvres dans notre
exécution technique » convenait d’ailleurs le sélectionneur sud-africain. Heureusement, d’ailleurs. Sans quoi, on n’ose imaginer quelles auraient pu être les conséquences au score…
QUELLE INDISCIPLINE !
Avec quatorze pénalités concédées de chaque côté, c’est un petit miracle d’avoir vu ce match se terminer sans carton… Reste que l’indiscipline n’avait pas le même sens. Car si celle des Bleus était « subie » et provoquée par la domination physique sud-africaine, celle des Boks devait davantage à un engagement parfois au-delà du raisonnable. On connaît la méthode, essayée sans succès à Montpellier par Jake White : les Boks préfèrent se montrer très agressifs pour récupérer des ballons, quitte à se voir sanctionner, que trop passifs dans les regroupements. À ce titre, si les Sud-Africains ont concédé une demi-douzaine de pénalités, ils ont également récupéré sept ballons. Un mal pour un bien, en quelque sorte, qui pourrait toutefois leur coûter plus cher face à un adversaire d’un meilleur calibre que ce XV de France.