RETROUVER L’ÉQUILIBRE
APRÈS LE TRAUMATISME D’UNE SAISON NOIRE SUR LES PLANS SPORTIFS AUSSI BIEN QU’EXTRA-SPORTIFS, LE FCG DOIT POURSUIVRE SA MUE AVEC UN NOUVEAU STAFF QUI DEVRA JONGLER AVEC UN EFFECTIF CONSTITUÉ PAR SON PRÉDÉCESSEUR. SUFFISANT POUR REDORER LE BLASON DU CLUB ?
C’est avec un drôle de sentiment que les dirigeants alpins ont soldé la saison 20162017 du FCG, mâtiné de déception et de soulagement. « Il y a forcément un sentiment de gâchis, soupire le président Éric
Pilaud… Après, on ne va pas revenir sur tout ce qui s’est passé la saison dernière, mais nous sommes effectivement heureux de tourner la page de cette saison noire et d’entamer un nouveau cycle. Ce qui ne veut pas dire que l’on va ignorer ce qui s’est passé : au contraire, il faut en tirer les leçons afin de ne pas reproduire certaines erreurs, nous les premiers. » Ces erreurs ? Elles reposent en premier lieu, à en croire les intéressés, en la constitution d’un budget non-réaliste. « C’est la raison pour laquelle nous sommes rentrés dans l’opérationnel plus tôt que prévu, rappelle Éric Pilaud, qui devait originellement attendre la fin de la saison
pour se glisser dans l’habit du patron. Quand vous démarrez une saison avec un déficit potentiel abyssal, ça n’aide pas… » « Le déficit était originellement budgété à 800 000 euros, détaille le vice-président Michel Martinez.Très vite, nous nous sommes aperçus qu’il se situait davantage sur les bases de 2,2 millions… Toutes les mesures que nous avons mises en place nous ont finalement permis de le contenir à 1,6 million, ce qui est plutôt honorable. Mais cela a forcément eu un impact sur nos fonds propres, qu’il a fallu reconstituer. » En clair ? Si leur modestie naturelle en souffre au point qu’ils répugnent à l’avancer euxmêmes, Éric Pilaud et Michel Martinez ont réinjecté sur leurs deniers personnels le 1,6 million d’euros manquant pour permettre au club de partir sur des bases saines. « Ils ont pris leurs responsabilités, assuré un déficit et sauvé le club, cadre le responsable communication du club,Thomas Bianchin. Dans l’esprit des gens, on était encore sur le modèle selon lequel Marc Chérèque était président salarié… Celui-ci n’existe plus ! Les deux présidents sont les propriétaires du FCG, c’est aussi simple que cela. » Lesquels espèrent en conséquence présenter désormais des budgets aussi équilibrés que possible, dès la saison prochaine…
« LA PISTE AUX ÉTOILES DU TOP 14 NOUS A PEUT-ÊTRE AVEUGLÉS »
Ce tournant structurel de l’histoire du FCG ? Le club doit malheureusement le prendre en Pro D2, après une saison qui l’a incessamment vu voguer de Charybde en Scylla. Autant d’écueils dont les nouveaux patrons ont
choisi de tirer les leçons. « Une des leçons de l’an dernier, c’est que les contrats de sportifs sont des CDD comme les autres, estime Pilaud. On peut se raconter tout ce qu’on veut au niveau de l’affect, nous avons appris que cette relation était surtout à sens unique, et qu’il faut s’en détacher. Il y a bien sûr des cas exceptionnels, comme ceux de Lucas Dupont ou Fabien Alexandre. Mais en clair, nous voulons donner aux joueurs le maximum d’affect pour qu’ils se sentent bien au club, sans plus rien attendre d’eux en retour. » Hormis un comportement hors terrain irréprochable, après les faits divers de la saison dernière. « Je lisais récemment dans vos colonnes que les All Blacks, eux-mêmes, ont dû régler un certain nombre de problèmes afin de redevenir la meilleure équipe du monde, sourit Pilaud. Fermer les yeux aurait été une erreur. Nous avons simplement formalisé ce qui nous paraissait évident. »
En clair ? « Cela se traduit par un règlement intérieur qui va clarifier les choses pour tout le monde, explique
Michel Martinez. À aucun moment, l’image du club ne doit être bafouée. Nous serons ultra-exigeants sur ce critère. » Par lequel passe l’enjeu essentiel de la saison : celui de rendre au club son identité. Ce qui est passé par une implication toute neuve dans la création d’un maillot aux faux airs vintage, mais pas seulement. « La volonté du FCG, c’est de se rappeler qui il est, et de remettre en avant son ADN, ses couleurs, son style de jeu, dévoile Martinez. Nous avons envie de retrouver cette proximité avec nos supporters, parce que la piste aux étoiles du Top 14 nous a peut-être aveuglés à un moment donné. » Comme trop souvent, déjà, dans le passé…
UN DUO D’ENTRAÎNEURS INDÉPENDANT DE CORRIHONS
Toutefois, l’heure n’est plus aux regrets, mais à l’action. C’est donc avec un nouveau staff que le FCG est reparti au combat, avec la tâche délicate de réussir avec le recrutement effectué par son prédécesseur. Pas de quoi toutefois inquiéter les dirigeants. « Au sujet du recrutement, Bernard savait qu’il jouait gros, et a abattu un travail colossal, glisse Martinez. On savait qu’il ne se tromperait pas. » « Honnêtement, Dewald Senekal et Stéphane Glas nous ont déjà dit qu’il n’y a aucun joueur dont ils n’auraient pas voulu, prolonge Pilaud. Ensuite, les joueurs que nous avons prolongés tardivement (Hunt, Setephano, Edwards) ne faisaient pas partie des plans de Bernard, mais bien des volontés du nouveau staff. » Lequel devra trouver sa bonne carburation, avec un fonctionnement peu habituel dans le milieu du rugby. « Le tandem d’entraîneurs aura les pleins pouvoirs sur le sportif. Nous voulions des garçons qui connaissent bien le Pro D2 et le Top 14, également capables de s’identifier au projet du club. Rapidement, Dewald Senekal et Stéphane Glas se sont imposés à nous, au point que nous avons même annulé certains rendez-vous… Quant à Franck Corrihons, son rôle est plus global, puisqu’il est en charge de la stratégie sportive du club, afin qu’il y ait une cohérence transversale entre l’équipe première et la formation. L’autre facette de son rôle consiste à nous conseiller et à s’assurer de la cohérence de notre vision du sportif au fil de la saison. Enfin, le recrutement ne sera plus non plus le fait d’une personne, mais d’une commission composée des entraîneurs, mais aussi de Franck Corrihons, Andrew Farley et nousmêmes. »
Un nouveau fonctionnement qui aura pour mission de ramener le FCG vers les sommets, sans avancer d’objectifs trop précis. Prudence étant mère de sûreté… « Au vu de la formule de la compétition, la montée est tellement aléatoire qu’il aurait été suicidaire de la budgéter, pointe Pilaud. En revanche, si nous allons aborder cette division avec beaucoup d’humilité, l’objectif demeurera d’au moins terminer dans les six premiers. » « Ce qui nous intéresse en premier lieu, après n’avoir vécu que des mauvais moments la saison dernière, c’est d’avoir un regard bienveillant des gens, sourit Martinez. Qu’ils se reconnaissent dans le projet que nous portons pour le club, et estiment que nous avons fait du bon boulot. » Ce dont les résultats sportifs seront le seul juge de paix…