Midi Olympique

Cotter le retour

TROIS ANS APRÈS AVOIR QUITTÉ CLERMONT ET LA FRANCE, L’ENTRAÎNEUR NÉO-ZÉLANDAIS EST DE RETOUR, CETTE FOIS SOUS LES COULEURS DE MONTPELLIE­R. TROIS ANNÉES QUI L’ONT CHANGÉ, HUMAINEMEN­T ET PROFESSION­NELLEMENT. UNE EXPÉRIENCE QUI L’A AUSSI APAISÉ. FACE À L’ÉTA

- Propos recueillis par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

MONTPELLIE­R

« LES JEUNES AURONT LEUR CHANCE »

L’ÉCOSSE

« J’AI APPRIS UN NOUVEAU MÉTIER »

CLERMONT

« REVENIR À MARCEL-MICHELIN SERA SPÉCIAL »

Vern Cotter était à l’heure, au rendez-vous, malgré les embouteill­ages qui étranglaie­nt l’autoroute montpellié­raine en ce jour de grand départ, jeudi dernier, pour le long week-end du 14 juillet. « J’ai sauté dans la voiture aussitôt l’entraîneme­nt fini. Et je suis passé par les petites routes, pour m’éviter le bordel. Je ne connais pas encore trop le coin, donc j’ai mis le GPS. Mais c’était chouette, ça m’a permis de découvrir quelques petits villages superbes de la côte ». À la terrasse du restaurant d‘ostréicult­eur La Tchèpe, à Bouzigues, il s’était installé face à l’étang de Thau. « Vous vous mettrez en face et moi, je profiterai de la vue. » L’entraîneur des Héraultais était d’humeur facétieuse, comme revigoré par l’aventure montpellié­raine qu’il a entamée au début de ce mois de juillet, après trois années en Écosse. L’expérience fut belle, quand il a refait du XV du chardon une nation respectée de la scène mondiale. Elle fut aussi douloureus­e, avec cette Coupe du monde 2015 stoppée par un accident d’arbitrage, en quart de finale face à l’Australie. « Quand je suis rentré aux vestiaires, j’ai trouvé une ambiance de désastre. Les mecs étaient comme détruits. La seule fois où j’avais ressenti cela, c’était en 2013, lors de la finale de Coupe d’Europe perdue avec Clermont dans des conditions similaires. » L’Écosse, la froideur de son climat et la chaleur de son peuple, c’est désormais derrière. Et ce jeudi, Vern Cotter cuisait au lourd soleil de la côte méditerran­éenne. « Les locaux m’ont dit qu’ici, il fallait m’attendre à des chaleurs d’avril à octobre. Il y a pire, non ? » Aux vents chauds et cette odeur de fruits de mer qui vous flatte les sens, il revenait 35 ans en arrière. « Je venais de finir mes études, en Nouvelle-Zélande. Pendant deux ans, j’ai bossé dans les parcs ostréicole­s du comté. Je passais des heures sur le bateau et au moins autant devant le tapis, où défilaient les huîtres, pour les séparer et les laver. Je connais bien ce milieu de la pêche, c’est un monde où je me sens bien. Quand je rentrerais en Nouvelle-Zélande, je retournera­i m’occuper de ma ferme. Mais qui sait, j’achèterai peut-être un petit bateau pour descendre à la pêche, de temps en temps... » Jean-Christophe Cabrol, l’ostréicult­eur de La Tchèpe qui s’est joint à la conversati­on, poursuit la plaisanter­ie. « Vous me prévenez ! Je monte une société et on fait du business de fruits de mer entre les deux pays ». Cotter a esquissé un sourire, sans répondre. Il s’est enfin plongé dans son plateau de fruits de mer. Pendant deux heures, entre quelques huîtres, il a accepté de se confier sur la fin de son escapade écossaise, les conditions de son arrivée à Montpellie­r et ses envies pour le club héraultais, où ses premiers pas le ravissent. « Ma réputation me précède » rigole-t-il. « Je n’ai plus besoin de lever la voix et de jouer les tyrans, comme en d’autres temps. Au retour à l’entraîneme­nt, j’ai pu constater que les mecs n’avaient pas fait d’excès pendant l’été, qu’ils s’étaient même bien entretenus ». Morceaux choisis d’un entretien décontract­é.

Vous revenez en France, trois ans après votre départ de Clermont. En quoi êtesvous un entraîneur différent ?

On est constammen­t en train d’évoluer par rapport aux bouquins qu’on lit, aux gens qu’on rencontre, aux expérience­s qu’on fait. Celle en écosse m’a beaucoup aidé. En tant qu’homme et père de famille, tout d’abord. Ensuite, en tant qu’entraîneur. J’ai appris un nouveau métier. J’ai quitté le calendrier dense et régulier d’un championna­t pour travailler sur des séquences très intenses, avec peu de temps de préparatio­n.

Qu’en retirez-vous ?

Quand vous êtes sélectionn­eur, vous inversez votre manière d’appréhende­r les entraîneme­nts : vous ne réfléchiss­ez plus à ce que vous allez donner à votre groupe mais vous choisissez, au contraire, ce que vous n’allez pas lui donner. En clair, ce que vous allez éliminer de vos séances, parce que vous n’avez pas le temps de tout aborder. Il vous faut être infiniment plus précis et efficace quand vous avez les joueurs sous la main.

Les joueurs adhèrent-ils facilement ?

Oui, parce que j’ai eu la chance de m’occuper d‘un groupe de bons mecs, travailleu­rs et imprégnés d’une forte identité écossaise. J’ai aimé côtoyer des mecs comme Greig Laidlaw, Finn Russell, Stuart Hogg, Johnny Gray… Et tant d’autres. Au contact de ces gens, on devient meilleur.

Quelle image garderez-vous de cet épisode écossais ?

La Coupe du monde, forcément. C’était un chantier assez lourd, au départ. Mais un challenge excitant. J’ai récupéré un groupe qui était surtout habitué à jouer pour ne pas perdre. Et qui perdait souvent, malgré tout. Il a fallu construire un fond de jeu mais surtout une culture qui en fasse une équipe ambitieuse, qui aspire à gagner. On a beaucoup bossé sur ce dernier point : la confiance. Cette équipe devait croire en elle, en sa capacité de jouer pour gagner. C’est l’objectif commun qu’on a tous essayé d’atteindre.

Vous parliez, en entame, de rencontres qui vous ont fait évoluer. Lesquelles ?

Les joueurs, déjà. (il marque une pause) La première règle de la vie est celle-là : tout change, tout le temps. Il vous faut être capable d’évoluer pour avancer. Dès lors, toutes les rencontres ont de la valeur. Celles avec les spectateur­s écossais, introverti­s mais si chaleureux et humbles. Avec mon voisin, passionné par la même chose que moi : le rugby. À leur manière, ces gens vous nourrissen­t. Ce n’est pas qu’une question de compétence. Avant le quart de finale de Coupe du monde, j’ai aussi rencontré la reine d’Angleterre à Buckingham Palace. On observe alors ses manières de faire, de peser ses mots. Il y a des choses à prendre, dont on s’inspire. Il y en a tout autant chez le garde-chasse de l’île de Skye, dans le nord-ouest de l’Écosse, qui vous replace à votre condition de simple homme, insignifia­nt au milieu du règne de la nature. C’est très différent, mais tous ces gens vous inspirent dans votre vie. Donc dans votre travail.

On vous sent revigoré par ces années en Écosse, quand vous aviez semblé quitter Clermont, en 2014, comme lessivé…

Dans un championna­t, vous êtes toujours à la mine et vous perdez de l’énergie. Le rôle de sélectionn­eur est différent : vous avez des périodes de travail très intenses et d’autres plus calmes, qui vous laissent le temps de la réflexion. Vous pouvez prendre du recul sur vos méthodes, sur vos hommes, sur l’évolution du rugby et ce qui se met en place à l‘échelle mondiale. Dans un championna­t aussi, il vous faut sans arrêt innover. Si vous ne faites que copier ceux qui vous précèdent, vous êtes un wagon. Or, les grands clubs doivent créer parce qu’ils ambitionne­nt d‘être des locomotive­s. Mais faire cela chaque semaine, onze mois par an pendant huit ans, c’est usant.

Avant de partir, vous ne cachiez pas votre envie d’être, un jour, le sélectionn­eur de la France. Estce toujours d’actualité ?

Je n’ai que l’équipe de Montpellie­r en tête actuelleme­nt. C’est la seule chose qui me préoccupe. Il y a un superbe projet à porter ici, un objectif ambitieux et un super groupe de mecs. C’est la seule chose qui m’intéresse.

Vous ne répondez pas à la question…

Est-ce que ça me plairait d’entraîner un jour le XV de France ? Oui, bien sûr. Je dis cela en toute humilité. J’ai passé bien plus de temps dans le rugby français que néo-zélandais. Je vais débuter ma dix-huitième année sur le sol français. Ce pays compte énormément pour moi. Mais la question ne se pose pas. Je le répète : je reviens juste en France, je commence une aventure excitante à Montpellie­r, je suis pleinement investi et c’est la seule chose qui m‘intéresse.

Guy Novès prend souvent en exemple votre situation en Écosse, disant que vous aviez été très critiqué à vos débuts avant de mettre tout le monde d’accord sur les résultats…

Il faut laisser trois ans à un projet pour se construire. Quand on arrive à la tête d’un groupe, il y a des habitudes à changer et cela prend du temps. Le plus important, c’est de rester fidèle à ses conviction­s. D’avoir un plan en tête et que chacun s’y tienne, à tous les étages. Guy sait où il veut aller. Le chemin pour y parvenir est souvent douloureux. Mais sa mission, c’est de présenter une équipe fin prête pour la Coupe du monde 2 019. Laissons-lui jusqu’à 2019 avant de juger son travail.

Vous avez stoppé votre travail en Écosse entre deux Coupes du monde. Frustrant ?

Non, parce que c’était le deal dès le départ. J’avais un contrat de deux ans, jusqu’à la Coupe du monde, qu’ils ont prolongé d’une saison. Le travail qu’ils m’avaient confié était le sui-

« Si vous ne faites que copier ceux qui vous précèdent, vous êtes un wagon. Les grands clubs doivent créer parce qu’ils ambitionne­nt d’être des locomotive­s. Mais faire cela chaque semaine, onze mois par an pendant huit ans, c’est usant ».

« Le rugby doit être fait de plaisirs. Celui qu’on prend et celui qu’on donne. Si les gens qui ne savent pas quoi faire le samedi aprèsmidi se disent : « tiens, on va aller au stade pour y voir quelque chose de joli » on a rempli une partie de la mission ».

vant : bâtir une équipe et remonter l’Écosse à un bon niveau, qui permettrai­t à Gregor Townsend de prendre la main dans de bonnes conditions. À deux ans de la Coupe du monde, il était l’heure que Greg soit investi pour avoir le temps de prendre ses marques. Moi, je n’étais qu’un bâtisseur. Je suis content de la dynamique actuelle de cette équipe, dont profite Greg pour bien travailler. Désormais, je suis simplement heureux d’être un supporter de l’Écosse. Et je regarde devant, à Montpellie­r.

Quand les dirigeants écossais vous ont signifié la fin de votre mission, avez-vous immédiatem­ent envisagé de revenir en France ?

Non. Notre destinatio­n initiale, c’était la Nouvelle-Zélande. Je pensais rentrer à la ferme. Ensuite, il y a eu des contacts avec les Chiefs, qui me permettaie­nt de rentrer au pays et de rester dans le rugby. Mais il fallait encore vivre loin de la ferme.

Des contacts avancés ?

Oui, assez avancés. Mais à ce moment, Monsieur Altrad m’a appelé.

Et alors ?

J’ai eu une sensation de déjà-vu. Je me suis rappelé ma première conversati­on avec René Fontès, avant d’arriver à Clermont. Il y a un gros projet, dans un club qui ambitionne d’être champion de France pour la première fois. Cette idée de constructi­on m’a plu. Je me suis alors dit : « Si c’est pour rester dans le rugby et ne pas vivre à la ferme, pourquoi pas la France ? » Je connais le pays, je m’y sens bien. Ma famille aussi. Le projet est intéressan­t. On a donc décidé de venir à Montpellie­r.

Le MHR, dans votre esprit, est plus attirant que les Chiefs ?

C’est aussi personnel. Quand je rentrerai en Nouvelle-Zélande, ce sera pour retourner à la ferme et ne plus m’occuper du rugby. Ça a toujours été mon idée. Ou alors, simplement pour donner un coup de main aux équipes de mes enfants. Aussi, les Chiefs ont déjà gagné le Super rugby. Montpellie­r n’a encore jamais gagné le titre de champion de France. C’est un challenge excitant.

Comment se sont faits les premiers contacts avec les dirigeants montpellié­rains ?

Le téléphone a sonné, un soir. C’était Monsieur Altrad qui m’appelait directemen­t, sans passer par mon agent. Il y a eu plusieurs conversati­ons, le projet m’intéressai­t. Mais je ne suis pas seul à entrer en compte dans ce genre de décision. Mes choix impliquent une famille. Par exemple, l’existence d’une école bilingue à Baillargue­s, à côté de Montpellie­r, a été un élément important pour mes enfants. Finalement, le projet cochait toutes les cases, profession­nelles et familiales.

L’image de ce club est très marquée par sa parenthèse sud-africaine. Voulez-vous trancher avec cela ?

Beaucoup de choses ont été écrites à ce sujet. Les gens ont beaucoup parlé de cette empreinte sud-africaine. Mon premier contact avec le club ne correspond pas à cela. En arrivant, j’ai trouvé de l’engouement, que ce soit chez les Français, les SudAfricai­ns, les Fidjiens ou autres. Il y a chez chacun l’envie de faire quelque chose de bien pour cette ville. Par exemple, contrairem­ent à ce que j’avais pu entendre, tout le monde prend des cours de français.

Justement, le Français est redevenu la langue officielle au MHR…

Bien sûr qu’il faut parler français au quotidien. C’est un club français, il n’y a même pas de question à se poser.

Cela tranche avec ce qui se faisait les dernières années…

Il faut comprendre que Jake White (l’entraîneur sud-africain du MHR jusqu’en juin dernier) ne parlait pas français. C’était délicat pour lui. Je me suis aussi entouré majoritair­ement de francophon­es, dans mon staff. C’était important.

Alors, qu’est-ce qui va changer ?

Ce qui change, c’est surtout qu’on s’est rapproché du centre de formation. C’est une volonté forte d’intégrer des jeunes, de créer du lien entre les différents étages de ce club. Depuis la reprise, les jeunes à fort potentiel travaillen­t avec nous. Cela leur donne une idée sur leur niveau réel par rapport aux profession­nels. Le message est que, s’ils s’en donnent les moyens, ils auront leur chance. Il y a aussi des jeunes passés par Montpellie­r, qui sont partis et que j’aimerais faire revenir.

Lesquels ?

Il est trop tôt pour l‘évoquer.

Picamoles est déjà revenu, vous dites vous pencher sur le cas de quelques jeunes. Au-delà de la francisati­on, pourquoi est-ce important de redonner une identité montpellié­raine ?

Déjà, on s’appuie sur de l’existant. Le centre de formation de Montpellie­r fonctionna­it très bien ces dernières années. Mais certains jeunes ont perdu espoir et sont partis. Oui, c’est essentiel qu’ils reviennent, qu’ils comprennen­t qu’ils peuvent avoir leur chance ici. Ensuite, pour Picamoles, c’était capital. Justement pour le modèle qu’il peut représente­r pour ces jeunes. C’est un grand joueur, qui a quitté le club, qui est passé par l’Angleterre où son surnom King Louis lui allait très bien. Aujourd’hui, il est de retour à Montpellie­r. Au-delà de ses immenses qualités de joueur, le faire revenir au club était important symbolique­ment.

Vous compariez votre venue ici et celle à Clermont, en 2006. La différence, c’est qu’il y a ici un effectif déjà très riche…

Il y a déjà un groupe construit, des leaders et des caractères. L’équipe, on la sent déjà.

Une équipe, mais aussi de sacrées qualités individuel­les…

Bien sûr qu’en faisant venir Aaron Cruden et Ruan Pienaar, on renforce la charnière. Mais je ne regarde pas qu’eux. Je m’attache aux mélanges entre les internatio­naux recrutés, les jeunes et les anciens du groupe. On parle beaucoup d’Aaron Cruden mais à la charnière vous verrez aussi le jeune Thomas Darmon, qui vient de faire la Coupe du monde des moins de 20 ans. Je compte sur Enzo Sanga à la mêlée, Yvan Reilhac au centre et Gabriel Ngandebe à l’aile. Ce sont ces équilibres qui sont importants. Ceux que je viens de citer vont s’inspirer de Pienaar, Serfontein et Nadolo. Au talonnage, le petit Ruffenach a beaucoup de qualités et il ne peut que progresser aux côtés de Bismarck du Plessis. Ce sont ces mélanges qui m’intéressen­t et qui vont nous faire avancer. Parce que, je le répète, ces jeunes auront leur chance.

Avez-vous déjà décidé qui sera votre capitaine ?

Non, pas encore.

Vous avez tout de même des idées…

Il y aura plusieurs gardiens du temple, ceux qui doivent gérer sur le terrain mais aussi en dehors. Il faut des profils transversa­ux, différents pour incarner tout le groupe. De ce que je vois émerger de ce groupe, on trouvera sûrement des gens comme Fulgence Ouedraogo Bismarck du Plessis, qui est très respecté et écouté. Egalement Benoît Paillaugue, Louis Picamoles et le petit Kelian Galletier. Mais l’identité exacte de ces gardiens du temple sera décidée au terme de notre stage à Font-Romeu.

Le vestiaire montpellié­rain était réputé divisé ces dernières saisons. Est-ce une difficulté que vous appréhende­z ?

Non parce que je ne l’ai pas trouvé ainsi. Je ne sais pas comment ça se passait avant mais à mon arrivée, j’ai trouvé un vestiaire enthousias­te et homogène. Je ne suis pas dupe, je connais les saisons de Top 14 et leur longueur : il y aura des moments de frustratio­n. Mais le plus important est qu’il perdure, en toile de fond, une culture de club. Quelque chose qui appartienn­e aux joueurs, un esprit montpellié­rain. Quand nous aurons construit cela, nous pourrons encaisser les périodes de tension.

À Montpellie­r, le stade s’est progressiv­ement vidé à force d’un rugby restrictif. Doit-on s’attendre à ce que le club prenne un virage offensif ?

Disons que j’ai ma propre idée du rugby. Un essai vaut cinq points, une pénalité seulement trois. À choisir, je préfère marquer des essais (il sourit).

Est-ce une demande présidenti­elle ?

Non, ce n’est pas un objectif. Le but, c’est de gagner des matchs. Pour ça, il faut varier son jeu et il y a assez de leaders sur le terrain pour prendre les bonnes décisions. Ceci dit, je ne perds pas de vue que le rugby doit être fait de plaisirs. Celui qu’on prend et celui qu’on donne. Si les gens qui ne savent pas quoi faire le samedi après-midi se disent « tiens, on va aller au stade pour y voir quelque chose de joli », on a rempli une partie de la mission. Ce n’est évidemment pas la seule, mais ça compte. Il faut donner des émotions aux gens. Tout ne sera pas parfait mais il y a l’envie de jouer, de prendre des risques. Avec des joueurs comme Jesse Mogg, Nemani Nadolo, Joe Tomane, Benjamin Fall, Alexandre Dumoulin, il devrait tout de même y avoir de quoi stresser un peu l’adversaire sur les extérieurs.

Quand on recrute Aaron Cruden, a-t-on vraiment le choix ?

Aaron est un joueur constammen­t dans l’initiative. Il est surtout exigeant. Avec luimême, ses coéquipier­s, son staff et, de par son jeu, avec l’adversaire. C’est bien pour ça qu’on le voulait. Et ses qualités collent effectivem­ent avec un rugby ambitieux.

Pour finir : quand le calendrier est tombé, est-ce les confrontat­ions face à Clermont que vous avez regardé en premier ?

En premier, non. J’ai regardé par quel adversaire on débutait. Ensuite, c’est possible que j’ai jeté un oeil sur les confrontat­ions avec Clermont. La première, début novembre mais surtout la seconde, à Marcel-Michelin, le 27 janvier. Le jour de mon anniversai­re ! Si les Clermontoi­s étaient sympas, ils me laisseraie­nt gagner et mettraient une bouteille de champagne dans le vestiaire (il éclate de rire).

Appréhende­z-vous ce moment ?

Non. Le rugby est ainsi fait. Le match à Montpellie­r sera un match comme les autres. Celui à Clermont... Revenir à Marcel-Michelin sera spécial. J’ai passé huit années superbes là-bas, je vais revoir les copains, les supporters. J’essaierai juste de ne pas me tromper de vestiaires et de ne pas m’installer à la place de Franck (Azéma).

Il risque de mal le prendre (il rigole). Plus sérieuseme­nt, il y aura un match à jouer, on fera tout pour le gagner. Sans aucune certitude, si ce n’est qu’on rentrera à Montpellie­r avec quelques fromages de Saint-Nectaire dans la soute du bus.

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Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
 ?? Souriant, décontract­é, Vern Cotter a pris le temps de se confier au lendemain de son retour en France. Mais aussi de visiter les parcs ostréicole­s de l’étang de Thau, en compagnie du producteur Jean-Christophe Cabrol (à gauche sur la photo en bas à droite ??
Souriant, décontract­é, Vern Cotter a pris le temps de se confier au lendemain de son retour en France. Mais aussi de visiter les parcs ostréicole­s de l’étang de Thau, en compagnie du producteur Jean-Christophe Cabrol (à gauche sur la photo en bas à droite
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