Quelle préparation pour les Bleus ?
LA PRÉPARATION DES INTERNATIONAUX, ENCADRÉE PAR LA FFR, DÉBUTERA LE 24 JUILLET. LES INTERROGATIONS SONT NOMBREUSES DU CÔTÉ DES CLUBS. LA RÉUNION DES STAFFS, MARDI À TOULOUSE, DOIT LES ÉCLAIRER.
C’est mardi que se retrouveront, dans les locaux du Stade toulousain, l’ensemble des staffs de préparation physique du Top 14. Ils y seront accueillis par le sélectionneur Guy Novès, accompagné des préparateurs du XV de France : Julien Deloire et Bruno Dalla Riva. L’objet : présenter aux clubs l’organisation des six semaines de préparation physique des joueurs (liste Groupe France), axées sur les exigences internationales et qui seront conduites par le staff du XV de France. Le tout, alors que les joueurs demeureront dans les installations des clubs. Une situation nouvelle, qui engendre de nombreuses interrogations.
LA FIN DE LA « DÉTENTE » ?
Du côté des clubs, beaucoup envisagent sans enthousiasme cette période. Premier des griefs : que les clubs aient été exclus de la réflexion sur cette période de préparation quand la tendance était, depuis deux ans, à un rapprochement avec le staff de l’équipe de France. Problème : les encadrements sportifs du Top 14 sont contraints d’accepter cette position par le dernier avenant à la convention FFR-LNR qu’ont signé leurs présidents, début juillet, dans un contexte d’apaisement entre les deux institutions. La fédération verbalise d’ailleurs clairement cette situation : « Durant l’intersaison, les joueurs de la liste Groupe France demeureront au sein de leur club et suivront un programme personnalisé défini par le sélectionneur, en concertation avec l’encadrement de chacun des clubs ». La main est donc à l’encadrement du XV de France. Les clubs, eux, seront « concertés ». La hiérarchie, dès lors, est clairement établie et les clubs, contraints, montrent les dents. La réunion de mardi à Toulouse, s’annonce donc tendue.
DES INTÉRÊTS DIVERGENTS
La situation fait grincer des dents sur la forme, donc. Mais aussi sur le fond. « Il faudra m’expliquer comment on va faire une préparation physique en ciblant des échéances précises alors que l’équipe de France n’a pas les mêmes échéances que les clubs » peste un entraîneur du Top 14. Le fond du problème est là : les intérêts sont divergents entre la préparation physique des clubs, visant à amener les joueurs dans les meilleures conditions pour la reprise du Top 14, et la période de développement physique obtenue par l’encadrement du XV de France et qui doit amener les joueurs à être performants en novembre. Quitte à être « cramés » en septembre, car le programme des internationaux s’annonce copieux, cet été. « On se dirige vers une masse de travail physique très importante, proche de ce qu’on propose lorsqu’on prépare une Coupe du monde » confie un membre de l’entourage du XV de France. En clair : 4 à 5 séances par jour, pour du développement physique individualisé. Vitesse pour certains, endurance, force physique ou perte de poids pour d’autres. À chaque joueur, sa préparation spécifique. Qui ne coïncide pas toujours avec les objectifs des clubs. Quand les antagonismes clubséquipe de France, si pesant sur le rugby français, ressurgissent…
DANS LES LOCAUX DES CLUBS…
Réglementairement, le XV de France gardera la main sur cette période, inspirée du modèle anglais où les internationaux sont également soumis à ces périodes de développement physique. Avec les résultats que l’on sait. Problème : quand la fédération anglaise dispose des effectifs suffisant pour placer un préparateur physique à elle dans chaque club, pendant l’été pour le suivi des joueurs, la FFR devra s’appuyer sur la bonne volonté des clubs. Laquelle n’est pas nécessairement acquise, surtout dans le contexte politique actuel. « La priorité du rugby français doit être l’équipe de France » clame Bernard Laporte de sa prise de fonctions. Pas sûr qu’il trouve un écho, ce mardi, dans les staffs des clubs.