Midi Olympique

Chérouk : « L’état d’esprit est positif »

SAMUEL CHEROUK - Entraîneur des avants de France Féminines ARRIVÉ EN JANVIER DERNIER, LE TECHNICIEN FAIT LE POINT SUR LE STAGE DE FONT-ROMEU, LE SEPTIÈME ET AVANT-DERNIER DE LA PRÉPARATIO­N À LA COUPE DU MONDE, CONCLU PAR UNE DEUXIÈME OPPOSITION. LE DÉPART

- Propos recueillis par Enzo DIAZ

Que retirez-vous de ce stage ? Les objectifs sont-ils atteints ?

Tout d’abord ce stage devait servir à se mettre en format Coupe du monde avec un match tous les quatre jours. C’était notre priorité. Cela doit nous permettre de savoir organiser notre emploi du temps, un jour, deux jours, trois jours après les rencontres. De ce côté-là, c’était plutôt intéressan­t. Nous avons répété le traitement des vidéos, les massages de récupérati­on. Sur le plan technique, les filles doivent être plus tueuses dans les zones de marque. Il faut avoir un peu plus de sang-froid proche des lignes adverses. Ce vendredi, nous avons été quatre fois sur la ligne d’en-but et nous ne marquons pas. C’est ce qui nous fait baisser de pavillon. Nous allons revenir dessus jusqu’à notre départ en Irlande.

Comment l’améliorer ?

Il faut gagner en précision à l’entraîneme­nt, être plus proches des lignes. Quand nous sommes dans les 22 adverses, il faut repartir avec 3 , 5 , ou 7 points, peu importe mais il faut repartir avec quelque chose. Cela passe par une meilleure utilisatio­n des espaces, et du jeu dans la défense.

Le risque ne serait-il pas cependant de trop vouloir en faire…

Nous savons que le trop est l’ennemi du bien. Nous n’allons jamais en demander trop. Il faut être plus précises et je pense que cela correspond plus à l’état d’esprit qu’il faut avoir. Quand nous arrivons près des lignes, nous sommes dans la précipitat­ion, nous n’avons pas la tête froide. C’est lié à mon sens à l’excitation et l’envie de vite marquer. Nous allons travailler dessus cette semaine à Marcoussis et leur dire que nous ne devons pas dépasser la ligne rouge. Il faut comprendre qu’elles sont dans des zones d’activation cérébrales très fortes et il faut se montrer plus patientes, être dans le contrôle.

Par rapport au dernier Tournoi des 6 Nations où vous aviez terminé troisièmes, notez-vous une progressio­n physique et tactique ?

Oui, nous l’avons vu lors de cette dernière opposition. Nous nous servons beaucoup plus des largeurs, nous arrivons à avoir une meilleure circulatio­n dans le mouvement général. Nous sommes plus propres sur les zones de ruck. Ce sont des petites choses qui ont été améliorées.

Cela va-t-il de pair pour l’état d’esprit justement ?

Nous sentons qu’il y a un état d’esprit positif. C’est ce que nous leur demandons en match. Un match est fait de temps forts et de temps faibles et nous ne pouvons pas nous permettre pendant nos temps faibles de regarder nos pieds. Il y a tout un travail de fait sur le langage corporel. Lorsqu’elles subissent, il faut qu’elles aient un état d’esprit fort pour repartir de l’avant. En première mi-temps, nous avons vu cette attitude car nous nous sommes trompés en partant sur un jeu de passes. Ce sport n’est pas qu’un jeu de passes. Il fallait resserrer la défense qui était beaucoup trop sur la largeur, il y avait trop peu de combats sur les zones de ruck. Il faut d’abord chercher à pénétrer la défense avant de jouer sur les largeurs.

Cela passe aussi par un recadrage des joueuses elles-mêmes sur le terrain. Nous avons vu que les joueuses prenaient beaucoup la parole durant les opposition­s…

Nous avons plusieurs leaders de jeu, Gaëlle Mignot est notre capitaine, elle est ultra-importante, elle pousse derrière tout le monde. C’est la garante du combat. Safi N’Diaye est la garante de l’état d’esprit, Julie Duval est responsabl­e des rucks, Marjorie Mayans de la défense, Élodie Poublan est responsabl­e de l’animation offensive.

Comment vivez-vous vos nouvelles responsabi­lités depuis janvier ?

Ça se passe bien parce que le groupe de filles est sain. Nous essayons avec Olivier Lièvremont d’être les plus simples possibles. Nous ne sommes pas plus stressés que ça car les filles bossent bien sur le terrain. Il y a une exigence de résultats de la Fédération, ce qui est normal mais les joueuses qui étaient déjà là en 2014 voire en 2010 ont hâte d’en découdre et de se rapprocher au plus près du titre. Cet objectif de Coupe du monde, elles se le sont fixé avant que nous arrivions.

Que pensez-vous de vos adversaire­s en poule (Japon, Australie, Irlande) ?

J’ai appris que l’entraîneur du Canada (François Ratier, N.D.L.R) a déclaré qu’il n’aimerait pas être à notre place pour jouer les Japonaises qui viennent de mettre 70 points à Hong Kong. Nous respectons totalement le Japon, ces deux opposition­s servent à préparer notre première opposition. Nous savons que ce sera une très très grosse équipe face à nous. Elles vont être ultra-déterminée­s, il ne faudra surtout pas les prendre de haut. Nous ne devons penser qu’à une seule chose, gagner. C’est un premier match piège mais nous sommes au courant de tout cela. Une équipe qui a perdu d’un point contre l’Irlande, qui en a mis cinquante au Pays de Galles… On s’attend à une belle opposition physique, mentale, elles jouent face à une équipe qui a fait deux demi-finales. Leur objectif est tout trouvé : nous faire tomber sur le premier match de poules comme les garçons l’ont fait en 2015 contre l’Afrique du Sud. Nous allons d’ailleurs sans doute faire regarder ce match aux joueuses pour qu’elles comprennen­t à quoi s’attendre. Nous leur avons déjà martelé, un point de plus ce sera une victoire et ce sera suffisant.

Justement, que voulez-vous dire à vos joueuses alors que l’échéance approche ?

Ce que nous avons envie de leur dire avec le staff est d’être positive. Elles doivent prendre du plaisir dans ce qu’elles font chaque jour qui passe. Si cela peut permettre que les gens oublient leurs problèmes du quotidien pendant 80 minutes, nous aurons réussi notre mission. Le sport c’est se faire plaisir et rendre heureux les gens. C’est une Coupe du monde, la plus grande fête du rugby, c’est impossible d’y aller en faisant la gueule. Bien sûr que ce serait une déception de terminer la compétitio­n en n’ayant pas réussi nos objectifs même si les autres équipes ont le droit d’être bonnes. Mais si c’est pour se faire chier en plus, non merci, ce bilan, nous n’en voulons pas. Le double objectif est de gagner et de donner envie à toutes les gamines de faire du rugby, donner envie aux parents de les amener vers ce sport. Cette équipe de France appartient à tout le monde.

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Photo M. O. - B. G.

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