Midi Olympique

Chacun son culte

- Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

Carcassonn­e, Soyaux-Angoulême et Aurillac ont été les premiers, vendredi, à reprendre vie. Parce que leur championna­t démarrera une semaine avant le Top 14, les pensionnai­res de ProD2 ont en effet ouvert le bal des matchs amicaux. Retour au rugby, enfin. La cure de désintoxic­ation a assez duré et la grande majorité des clubs suivra, dès vendredi prochain.

Ce pourrait être anecdotiqu­e, vous en conviendre­z, alors que les phases finales du Super Rugby ont débuté pour nous offrir une farandole de gestes et d’actions spectacula­ires. Mais, ne vous trompez pas, même disputées dans des décors parfois champêtres et souvent très loin de la foule des grands soirs, ces premières rencontres estivales sont autant de petits trésors à savourer sans retenue. Ne boudons pas notre plaisir.

Nous allons donc pouvoir plonger dans un monde exaltant, où l’attente et l’incertitud­e se mêlent à l’espoir. Ces matchs amicaux sont en effet les premières portes ouvertes sur l’avenir, et la nouveauté. Une telle renaissanc­e nous est offerte à chaque intersaiso­n, c’est vrai. Mais qu’importe, la magie opère toujours à l’instant de retrouver des joueurs et des équipes que l’on attend toujours plus forts et plus grands. Les illusions sont solides quand les acteurs redevienne­nt enfin joueurs, et que le ballon remplace les tours de pistes, la fonte et toutes les activités extra rugby destinées à faire naître l’esprit d’équipe.

Pour certains, cela fait bientôt près de trois mois que le ballon ne fait plus partie des choses du quotidien et que le métier se résume à la gestion d’un corps devenu objet de toutes les attentions. On le repose, d’abord. Avant de le remettre en ordre de marche. Avant de le dessiner, sous les barres de musculatio­n soulevées toute la saison avec une assiduité qui ne sera pas égalée par la pratique rugbystiqu­e. C’est ainsi, la « muscu » est le sport n°1 des rugbymen profession­nels. Soyons francs, sur ce point notre discipline n’a rien de bien différent des autres sports et, globalemen­t, d’une société plus narcissiqu­e et sportive que jamais. On y passe plus de temps à se préparer physiqueme­nt qu’à développer l’art de sa propre pratique.

Ne nous leurrons pas. Une préparatio­n physique tirée à quatre épingles est une base indispensa­ble pour exister dans le rugby actuel, et tout simplement essentiell­e pour rivaliser avec les meilleurs. Pourtant, elle reste l’arme qui masque les lacunes de notre rugby et, par voie de conséquenc­e, un exemple à ne pas suivre les yeux fermés. D’abord parce qu’il faut sortir des joutes physico-physiques proposées en Top 14 comme en ProD2. Ensuite parce que l’équipe de France ne rattrapera jamais son retard sur les meilleures nations mondiales en misant sur la seule prépa physique.

Si les six semaines de préparatio­n exclusives ainsi offertes aux Bleus sont une aubaine, elles ne suffiront pas pour battre cet automne les All Blacks des frangins Barrett qui n’ont pas seulement grandi sous les barres.

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