Midi Olympique

Bordeaux, Castres, Bayonne, Narbonne

ALORS QU’IL NE FIGURAIT MÊME PAS DANS NOTRE CLASSEMENT LA SAISON DERNIÈRE, LE ROCHELAIS S’EST DIRECTEMEN­T INSTALLÉ AU PREMIER RANG. LA CONCLUSION LOGIQUE D’UNE SAISON DES PLUS ABOUTIES.

- Par Nicolas ZANARDI nicolaszan­ardi@midi-olympique.fr

C’est l’histoire d’une météorite. Celle d’un talentueux atypique dont l’explosion épouse, évidemment, celle de son club du Stade rochelais. À moins que ce ne soit un peu l’inverse… Toujours estil qu’après des premières sélections convaincan­tes en Argentine l’été dernier, Kévin Gourdon a fait mieux que confirmer les espoirs placés en lui, notamment lors des tests de novembre face aux Wallabies et aux Blacks.

« Pour l’anecdote, confiait récemment

Gourdon, j’avais eu Patrice Collazo au téléphone avant le match, qui m’avait dit que j’allais faire mon meilleur match contre les All Blacks, parce que leur jeu me conviendra­it plus que celui des Samoans et des Australien­s. Comme

quoi, il n’est pas entraîneur pour rien… » Un entraîneur capable, également, de renvoyer son joueur à l’herbage avec les espoirs la semaine suivante. Parce que Kévin Gourdon n’est, décidément, pas un joueur comme un autre… Ultra-talentueux, bien sûr, mais parfois du genre à se reposer sur ses lauriers, ce qui n’avait déjà pas eu l’heur de plaire à ses sélectionn­eurs chez les moins de 20 ans (qui l’avaient privé de Coupe du monde, jugeant son attitude lors des entraîneme­nts trop nonchalant­e), pas plus qu’à son club formateur de Clermont, qui n’avait pas hésité à le laisser partir. « C’était fondé, j’ai accepté ces reproches pour essayer d’avancer. Je ne regrette rien et je n’ai aucune animosité par rapport à Clermont. J’avais décidé de partir car je voulais jouer, quitte à ce que ce soit en Pro D2. Ça m’était égal, je voulais juste prendre du plaisir sur le terrain. Je n’en garde aucune rancoeur. »

DE LA CONSTRUCTI­ON À LA FINITION

Or, du plaisir, Kévin Gourdon n’en a probableme­nt jamais autant pris que cette saison. Bien calé derrière un pack destructeu­r en club, le flanker s’est entendu comme larron en foire avec Victor Vito pour faire valoir son aisance technique et son intelligen­ce de jeu. Des qualités qui se sont évidemment transposée­s au jeu de l’équipe de France où, en novembre comme lors du Tournoi, Gourdon fut régulièrem­ent un détonateur du jeu tricolore, l’un des rares avants bleus capables de faire la différence sur une course, sur un appui, comme sur l’essai de Slimani à Twickenham… Une intelligen­ce de jeu qui évidemment détonne dans le rugby moderne, et n’a pas manqué de taper dans l’oeil de glorieux anciens comme Olivier Magne, jugeant que son évolution devait dorénavant aller à la conclusion des actions. « C’est vrai que je suis plus dans la constructi­on et le début des actions qu’à la finition. Il a tout fait raison. Il faut que je tende vers ça pour la suite de ma carrière. » Une suite qui, à désormais 27 ans, n’attend que le meilleur, que ce soit en club ou en équipe de France. Reste qu’après son exceptionn­elle saison, Gourdon devra réaliser le plus difficile : confirmer son niveau d’une année sur l’autre, l’effet de surprise n’existant désormais plus. Le Voultain d’origine a d’ailleurs plus ou moins payé pour le comprendre, en demi-finale du Top 14 aussi bien que lors de la tournée de juin en Afrique du Sud. À lui d’en tirer les bonnes conclusion­s…

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 ??  ?? Le classement de la revue de l’élite est le résultat du cumul des votes des journalist­es de la rédaction.
Le classement de la revue de l’élite est le résultat du cumul des votes des journalist­es de la rédaction.

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