Midi Olympique

« Tout le cinq de devant a évolué »

DU HAUT DE SES 74 SÉLECTIONS, IL LIVRE SON SENTIMENT SUR LA QUALITÉ DES DEUXIÈME LIGNES FRANÇAIS, ET DU TRAVAIL QU’IL RESTE À ACCOMPLIR POUR RIVALISER AVEC LES MEILLEURS.

- Propos recueillis par Rémy DOUTRE

Pour vous, la première place de Vahaamahin­a est-elle justifiée ?

Il fait une bonne saison, il a progressé dans ses capacités de déplacemen­t et il reste intéressan­t sur le jeu courant et dans la prise de balle. Il ne lui reste plus qu’à se canaliser un petit peu, il se fait encore prendre par la patrouille de temps en temps, ça entache ses performanc­es. Mais il est clair qu’il progresse d’année en année.

Avec deux jeunes secondes lignes Français dans le top 3, ce classement est-il le reflet d’un réservoir de qualité ?

Honnêtemen­t, je ne pense pas que le XV de France n’ait jamais eu à souffrir d’un manque de bons seconde ligne. En général, il y a toujours du monde, surtout par rapport à certains autres postes. Je pense qu’on est plus dans une sorte de continuité. Vahaamahin­a et Iturria sont jeunes, ont besoin de prendre un peu d’expérience, mais ils jouent beaucoup en club, donc je ne me fais pas de soucis quant à leur progressio­n.

Justement, ces deux joueurs sont champions de France cette année. Alors qu’on parle souvent de l’importance de l’axe 2-8-9-10-15, est-ce qu’on ne sousestime­rait pas un peu le rôle des secondes lignes ?

C’est un peu exagéré. Aujourd’hui, on voit que les profils des deuxièmes lignes évoluent de plus en plus, sous l’impulsion des nations du Sud notamment, qui produisent des secondes lignes avec d’énormes capacités de déplacemen­t, très proches des troisièmes lignes.

Pour vous, quel autre seconde ligne aurait mérité de figurer dans ce classement ?

Il aurait pu y en avoir, c’est clair. Là, tout de suite, je pense surtout à Papé (rires). Non, plus sérieuseme­nt, on va dire qu’il a eu une saison compliquée, il a fini sur une année plutôt difficile. Pour revenir au classement, je trouve qu’il représente assez bien les deuxièmes lignes qui ont fait une belle saison.

Par rapport au classement de l’an dernier, il y a plus de Français, et ils sont mieux classés. Peut-on envisager de bientôt rivaliser avec le duo Whitelock/Retallick ?

Ça va être compliqué. Ils ont une bonne gestuelle, sont relativeme­nt complets, mais rien n’empêche qu’on retrouve ce genre de profil en France. Pour reprendre l’exemple de Vahaamahin­a, lui aussi arrive à faire jouer derrière lui, donc s’il continue de progresser comme il l’a fait récemment dans toutes les dimensions du jeu, pourquoi pas.

À l’heure actuelle, qu’est-ce qui fait des deux All Blacks les références du poste ?

La différence se joue surtout au niveau de leur présence dans le jeu courant. C’est vrai que les deuxièmes lignes Français sont traditionn­ellement moins présents dans ce genre de phases de jeu, et plus souvent dans les tâches plus obscures. Ça ne veut pas dire que les deux Néo-Zélandais ne ferraillen­t pas, bien au contraire ; ils ont en plus cette capacité à venir s’intercaler dans la ligne, à venir jouer avec les trois-quarts, parce qu’ils sont extrêmemen­t mobiles. Ils arrivent, sur 80 minutes, à être sur tous les points chauds, à être au soutien partout ; ils sont omniprésen­ts.

Vous évoquiez ce changement de profil du deuxième ligne, qui ressemble de plus en plus au troisième ligne…

Oui effectivem­ent, et c’était à ces deux joueurs que je pensais. Dans ce domaine, c’est sûr qu’ils sont la référence. Ensuite, il faut se rappeler que leur profil va bien avec le jeu des Blacks, fait de mouvement. C’est d’ailleurs à un jeu similaire que tend l’équipe de France, et auquel l’apport de secondes lignes plus mobiles apporterai­t de nouvelles solutions. Mais c’est pareil pour les premières lignes, c’est tout le cinq de devant qui a évolué, pour devenir plus mobile, plus agile, moins lourd… C’est rare de trouver des deuxième ligne complèteme­nt patauds qui ne tiennent pas 80 minutes.

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