Midi Olympique

Les rebonds de l’arrière

- Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

Àl’image de son club, le Racing, rien ne lui aura été épargné la saison dernière. Il s’agirait d’une énième confirmati­on que le titre de champion de France peut-être un fardeau, et le Bouclier de Brennus une croix bien trop lourde à porter pour qui n’y est pas totalement préparé… Brice Dulin a ainsi vécu une saison « noire » l’an dernier, après le triomphe des Ciel et Blanc à Barcelone. Collective­ment secoué par les affaires des corticoïde­s (Carter, Rokocoko, Imhoff), de la cocaïne (Ali Williams) et de l’alcoolémie (Carter), autant que par l’histoire Goosen, qui a disparu du jour au lendemain… Et individuel­lement pointé du doigt dans l’affaire de l’higénamine, quand il fut convoqué par la Commission de lutte contre le dopage de la FFR avant d’être blanchi en compagnie de Nyanga. N’en jetez plus ! Enfin, si… Miné de l’intérieur, Dulin a également connu une saison bien sombre au plan sportif, qui l’a vu sauver l’honneur de justesse avec le Racing et faire le « yo yo » en équipe de France. Il fut rappelé en Bleu mais demeura incapable de répondre à toutes les attentes placées en lui, notamment sur sa capacité à faire jouer les autres. Rien d’étonnant : dans la difficulté, le relanceur s’est retrouvé sur ses points forts, délaissant les challenges qui lui étaient proposés pour se rassurer sur sa seule capacité à faire avancer les siens. Ses défis sont devenus individuel­s quand on lui demandait au contraire de dynamiser le collectif. La caricature ne paie pas toujours et l’on se dit que l’ancien Agenais, bien trop intelligen­t pour sous-estimer les enjeux qui se profilent, prend un risque à adopter une position jusqu’au-boutiste, semblant refuser la remise en question et balayant de manière parfois grossière la menace du dopage qui pèse sur notre sport comme sur tous les autres. Car la limite est infime fragile - entre le l’accompagne­ment ou même le soin médical et les pratiques dopantes. Le nier, fermer les yeux et chasser l’évidence revient à prendre un risque qui finira un jour ou l’autre par se retourner contre nous tous. Brice Dulin affirme qu’il ne sert à rien « de relancer ce débat qui est inutile parce que ça ne fera pas changer d’avis les gens bornés qui ne veulent rien entendre ». Il nous semble bien au contraire que le rugby aurait tout intérêt à lever le voile sur les risques encourus, même en consommant des produits autorisés. C’est un devoir de prévention auquel personne ne peut se soustraire.

Mais ne soyons pas trop durs. Certains se seraient noyés dans cet océan de difficulté­s, alors que le XV de France reste en manque d’un arrière idéal et que Dulin, comme d’autres Bleus de sa génération, pourrait payer les mauvais résultats accumulés. Le Racingman, lui, est toujours debout : tête haute, revanchard, déterminé à s’imposer. C’est l’expression de l’instinct de survie, et tout autant l’affirmatio­n d’un caractère bien trempé qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. On dira même que c’est la marque des champions s’il parvient à se relancer et à porter l’héritage des plus grands arrières français dévoreurs d’espaces tels Aguirre, Blanco et autres Sadourny, pour ne citer qu’eux.

Ça tombe bien, une nouvelle saison va démarrer et Brice Dulin a les cartes en main pour rebondir plus haut qu’il n’a jamais été.

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