Midi Olympique

LA TÊTE PENSANTE

ARRIVÉ TARDIVEMEN­T AU RUGBY, ALAN BRAZO S’EST RÉVÉLÉ AU GRAND JOUR APRÈS LA RELÉGATION DE PERPIGNAN. LE DISCRET TROISIÈME LIGNE EST À 25 ANS L’UN DES MAILLONS FORTS DE L’USAP.

- Par Émilien VICENS

La petite histoire du ballon ovale veut que Perpignan soit un club à part dans le paysage du rugby français. Et si, comme une logique implacable, cette vérité était alimentée par l’essence même de l’identité d’une équipe ? Par ses hommes, ses joueurs. Alan Brazo, troisième ligne au sein de l’effectif sang et or, en est le parfait exemple. À 25 ans, le joueur originaire de Castres n’a découvert le rugby qu’après sa majorité. Il est aujourd’hui un élément incontourn­able d’un des cadors du Pro D2. « Au début, c’était compliqué. Je rentrais chez moi et je me demandais si ça servait à quelque chose de continuer. À 18 ans, je ne savais pas comment gratter un ballon. J’étais perdu sur le terrain », résume celui qui n’avait côtoyé les pelouses qu’avec le football en tant que gardien de but. En 2014, Alan Brazo est encore un membre des Espoirs lorsque Perpignan est relégué. Débute alors une ascension fulgurante. « J’étais au bon endroit bon moment. Si l’Usap ne descend pas, je ne suis pas conservé. Puis dès l’entame de la saison, Strokosch est blessé, Perez suspendu, Tuilagi a un problème de licence… » Et voilà comment le quasi-néophyte prend part, le 24 août 2014 face à Colomiers, à l’aventure de Perpignan en Pro D2. Trois ans après, Alan Brazo comptabili­se 57 feuilles de match dans l’antichambr­e de l’élite du rugby français. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le coentraîne­ur perpignana­is Patrick Arlettaz confirme que son flanker « a démarré sans aucune culture du rugby. Mais il s’y est mis très vite, parce que c’est un garçon intelligen­t, qui travaille. Il est très bien élevé, c’est le beau-fils parfait », lance même celui qui le côtoie au quotidien.

DOCTEUR BRAZO

Le troisième ligne polyvalent, qui n’éprouve aucun mal à se définir comme quelqu’un de discret dans les vestiaires et en dehors, n’en reste pas moins un homme de « caractère » selon les dires de son staff. « Ce n’est pas le gentil garçon que tout le monde pense. Il a sa manière de penser, et n’est pas trop con. » Car oui, comme si le parcours peu commun d’Alan Brazo ne suffisait pas, faut-il préciser qu’une fois l’entraîneme­nt bouclé, Alan le rugbyman se mue en Brazo l’apprenti docteur. Quand son emploi du temps le lui permet, le flanker plonge dans ses études. Au sens propre comme au figuré. Spécialisé en océanologi­e, le jeune homme prépare une thèse qui devrait aboutir en 2019. Une double vie assumée, et si précieuse pour son équilibre. « Quand je croise des gens dans la rue ou quand je vais manger chez des potes, on parle rugby. C’est un peu trop, je n’ai jamais été un grand fan de ce sport. J’adore jouer mais le fait de faire quelque chose à côté me permet de garder cet enthousias­me sur le terrain. Je fais tout pour ne pas être blasé », résume le garçon à la maturité singulière. Autant d’atouts qui devraient permettre à Alan Brazo, cette saison encore, de tirer son épingle du jeu au sein d’une concurrenc­e plus féroce que jamais.

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