DE MAIN DE MAÎTRES
LES CRUSADERS ONT ASSOMMÉ LE MATCH D’ENTRÉE ET EN PLUS, LES LIONS ONT JOUÉ QUARANTE MINUTES À QUATORZE. SCOTT ROBERTSON A ÉTÉ SACRÉ POUR SA PREMIÈRE SAISON D’ENTRAÎNEUR.
Ils ont triomphé de tout : de l’ambiance surchauffée de l’Ellis Park, du voyage, du décalage horaire, de l’altitude et même de l’arbitrage sud-africain de M. Peiper, si craint dans les discussions d’avant-match. Les Crusaders ont conquis leur huitième titre de main de maître, grâce à deux essais dans les douze premières minutes. En plus, comme c’est souvent le cas avec ce genre de procès d’intention, M. Peiper s’est fait un devoir de montrer qu’il était impartial en infligeant un carton rouge à Wagga Smith pour un plaquage en l’air sur David Havili qui sautait au ballon (39e). Difficile de contester cette décision au vu du règlement, mais nous persisterons à trouver particulièrement cruelles ces expulsions définitives qui « assomment » les rencontres. Quant à Scott Robertson, l’entraîneur à la crinière blonde il est devenu le premier homme à gagner le Super Rugby en tant que joueur et en tant qu’entraîneur et ceci, pour sa première saison sur le banc de touche. On le sentit très ému au coup de sifflet final, quand il se précipita sur le terrain poing levé, les yeux humides distribuer des accolades à ses joueurs.
UN FESTIVAL DÉFENSIF
A-t-il tremblé samedi après-midi ? Peut-être un tout petit peu dans le dernier quart d’heure quand les Lions, même à quatorze, ont jeté toutes leurs forces dans la bataille en marquant deux essais en puissance. Mais à 25-3, il aurait fallu un vrai séisme pour renverser le match. Car à vrai dire, même sans le carton rouge de Smith, les Crusaders l’auraient sans doute emporté. Ils ont construit leur succès sur la qualité de leur défense, exactement comme en demi-finale. Les partenaires de Kieran Read ont commencé par étouffer l’entame tonitruante des Lions, ou plutôt la tentative d’entame tonitruante.
Après sept minutes de possession sud-africaine, Jantjes se fit mettre au sol, il suffit alors d’un ballon rendu sur un coup de pied involontaire d’un soutien pour que l’ailier Seta Tamanivalu sprinte en solo sur 80 mètres. L’exemple-type de l’essai assassin. Cinq minutes plus tard, sur la première action construite des Crusaders : prise d’axe et série de passes au large pour Goodhue en bout de ligne. Voilà comment les Crusaders ont mené 12-0 avec un minimum de possession. On apprécia au passage l’altruisme de Kieran Read qui ne chercha pas à jouer sa carte personnelle à cinq mètres de la ligne. Les Crusaders étaient clairement les plus sereins, pas forcément aussi brillants que peuvent l’être les All Blacks, mais ils avaient cette capacité à se distribuer comme il fallait en défense, sans se consommer sur les points de fixation. Et c’est ainsi que les Skosan, Combrink ou Coetzee se sont retrouvés dans des entonnoirs en bout de ligne. Ballon en main, ils se sont souvent contentés d’un jeu assez pépère, à base de chandelles et de gestion, surtout après la pause. Ils ont quand même trouvé les ressources pour ajouter un troisième essai par Read qui conclut entre les poteaux une action éclairée par un service au pied magistral de Crotty pour Dagg. En plus à trois reprises au moins, les sauteurs néo-zélandais (Whitelock, Read) piquèrent des ballons chauds à cinq mètres de leur ligne. Malgré leur beau baroud d’honneur, les Lions ne pouvaient décidément pas gagner. Carton rouge ou pas.