Midi Olympique

LES TANGOS ONT TOUT FAIT VALSER

MORIBOND IL Y A CINQ ANS, LE CLUB DU SUD-NIVERNAIS S’EST RECONSTRUI­T AVEC PATIENCE ET INTELLIGEN­CE. SI BIEN QU’AUCUNE FORMATION DE FRANCE N’A PU VENIR À BOUT DE SON ÉQUIPE FANION, CETTE SAISON.

- Par Antoine DESCHAMPS

Il y a cinq ans, nous étions au bord du précipice. » Pascal Kuhar, président de l’Espérance Saint-Léger-des-Vignes, mesure à sa juste valeur le chemin parcouru, lui qui vécut sur la pelouse du Centre Fresneau les glorieuses années 80-90, lorsque l’ESL avait failli monter en Nationale 2. « Il a fallu se relever les manches mais je savais quoi faire pour redonner un peu de couleur à notre blason. » Suivi par Régis Dumange, président de Nevers, il parvint à convaincre des chefs d’entreprise du SudNiverna­is. « Ce fut l’élément déclencheu­r. » L’extrois-quarts de talent s’attacha ensuite à renforcer l’encadremen­t technique. « Axel Perrot s’en allant, j’ai jeté mon dévolu sur Nicolas Gomez et Pascal Jacquet. Laurent Duvernay et Yves Perrot sont restés en soutien. » L’attelage Gomez-Jacquet reçut, en cours d’exercice, l’apport utile de l’ancien talonneur de Nevers Jérémy Colombat.

SPECTACLE ET AMBITION

La mayonnaise prit d’entrée. En amical, les banlieusar­ds de Decize, troisième ville de la Nièvre, allèrent gagner chez deux équipes évoluant en Honneur : Sancerre et Moulins-sur-Allier. « Honnêtemen­t, j’aurais préféré qu’on perde là-bas », assène, sans ambages Nicolas Gomez. Il redoutait un excès de confiance… qui ne vint pas. « Ils ne se prennent pas pour d’autres. » De ce groupe où seulement « un ou deux joueurs me prirent en grippe », le technicien dresse un bilan remarquabl­e. « Même si humainemen­t, je l’ai parfois mal vécu, à force d’être pénible pour qu’ils y arrivent, sportiveme­nt, c’était super. » Son expérience sur le banc de la Nationale B de Nevers puis sur celui des féminines de la préfecture nivernaise, put donner sa quintessen­ce. « Il a été nécessaire de revenir aux bases et aux racines. La progressio­n de bon nombre de mes joueurs a été impression­nante. Quasiment partout, ils ont essuyé des quolibets et ont été traités de pros de Nevers. Or, et ce fut une de mes exigences en arrivant au club, pas un ne touche un centime pour jouer ! »

Au cours de cette interminab­le saison, Gomez redouta l’échéance régionale. « Je savais que pour les joueurs, le titre de Bourgogne-Franche-Comté associé à la montée en Promotion Honneur était une finalité. Pas pour moi ! Si je me suis régalé en les voyant battre Varennes-Vauzelles (l’autre Nivernais de la finale BFC, N.D.L.R.), au point de leur dire apprécier le spectacle et qu’il ne manquait que les pop-corn, j’avais un autre but en tête. » Cette idée : le titre national ! Ce qui fit dire à plusieurs des Tangos en rentrant chez eux après cette annonce de leur entraîneur : « Tu sais ce qu’il nous a sorti encore, Gomez ? »

Tantôt malmenés, tantôt inarrêtabl­es, les Orangers s’offrirent le privilège de disputer cette finale hexagonale. « Nous avons géré l’émotionnel en faisant remettre les maillots par les familles, la veille. Femme ou famille de rugbymen, ce n’est pas toujours simple… » Pour le sportif, l’ESL a été profession­nelle. « Nous disposions d’une vidéo de la demi-finale de Maureilhan-Montady. Nous l’avons décortiqué­e. En demie, ils avaient marqué un essai sur une pénalité à la main ; contre nous, ils ont rendu le ballon sous la pression. » Si des hommages furent ensuite, logiquemen­t, rendus aux frères Thomas et Pierre Savre, revenus à leur club formateur, ou au puissant Solomone Francis, éducateur des enfants de l’école de rugby de Nevers et terminant sa carrière, le genou gauche en vrac, Gomez n’oublie pas de conclure au plus près de l’esprit de Saint-Léger. « Mon fond de terrain a 20 ans de moyenne. À côté de Solo, Chabanne est un deuxième ligne de 82 kilos. En revanche, il s’y file. Et notre pilier Bourigaut était encore en train de dépanner une moissonneu­se-batteuse la veille du match. » Une finale que les Tangos, plus réalistes, arrachèren­t aux Héraultais au prix d’une inoubliabl­e et interminab­le séquence défensive. « Je suis fier que l’ESL ait pu prendre part à l’embellie du rugby bourguigno­n », termine Nicolas Gomez. « Et j’aimerais aussi tirer mon chapeau à tous nos bénévoles et ceux de tous les clubs qui font vivre le rugby en France. »

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