Midi Olympique

C’EST LE MOMENT !

APRÈS AVOIR ÉCHOUÉ AUX PORTES DE LA FINALE EN 2010 ET EN 2014, L’ÉQUIPE DE FRANCE ENTAME CE MERCREDI SA COUPE DU MONDE EN IRLANDE. AVEC COMME OBJECTIF DE FAIRE AUSSI BIEN. L’HEURE DE VÉRITÉ...

- Par Enzo DIAZ

On ne voudrait pas que le conte de fées se termine. En Irlande, on voudrait même qu’il se poursuive avec si possible une fin à la hauteur de cette équipe qui, depuis 2014, est rentrée dans le coeur des Français. Souvenez-vous Marcoussis, Jean-Bouin, des stades pleins, les drapeaux tricolores, la fête et la communion entre les Bleues et leur public. Malgré l’écueil canadien en demi-finale, la fête avait été belle. Trois ans après, que reste-t-il ? Une fidélité sans faille symbolisée par l’explosion de la discipline. L’élan engendré par la Coupe du monde française n’est pas retombé comme un soufflé. La FFR en marge de la présentati­on de la nouvelle tunique que les Bleues vont étrenner avant les hommes, l’avait confirmé avant le début de la Coupe du monde : « Le sport féminin ne cesse de prendre de l’ampleur. Le rugby participe à cet élan puisqu’il est l’un des sports qui enregistré la plus forte croissance dans le monde (17 110 licenciés en 2017 contre 11 740 en 2014, lors de la dernière Coupe du monde, N.D.L.R.). » Dans une période difficile pour leurs homologues masculins, en perte de vitesse, les filles se portent bien, merci pour elles. Le jeu de la comparaiso­n n’a toutefois pas lieu d’être comme elles l’ont elles-mêmes affirmé à longueur d’entretiens. Troisièmes du dernier Tournoi des 6 Nations, les Françaises vont retrouver sur leur chemin l’Irlande pour un dernier match de poules que l’on imagine enfiévré avec en toile de fond la bataille pour la Coupe du monde 2023 et une qualificat­ion pour les demi-finales. Les coéquipièr­es de Gaëlle Mignot devront avant cela faire preuve de méfiance avec leur premier match face à l’inconnue japonaise.

HUIT MOIS POUR Y CROIRE

Mais l’enjeu est de taille : réussir là où aucune équipe de France de rugby n’est jamais parvenue, c’est-à-dire se hisser sur le toit du monde. Les préjugés qui en faisaient une pratique pas très rugby ni très féminines avaient été déconstrui­ts par la précédente campagne de 2014. Revenu aux affaires depuis le début d’année et le mois de janvier, la manager du XV de France Annick Hayraud l’a constaté de ses propres yeux : « Les filles ont pris une sacrée dimension. En 2014 le public s’est régalé, il a été surpris par le niveau. Il adhère à cette équipe. » Les filles ont continué à pratiquer ce rugby aéré, fait de courses et de déplacemen­ts sans oublier la notion de combat. Sans oublier aussi que la Fédération, sous l’impulsion de son président, Bernard Laporte, a mis les moyens pour amener les Bleues dans les meilleures conditions. Une mission pour Samuel Cherouk et Olivier Lièvremont, conscients de l’ampleur de la tâche et qui ont reçu le soutien du président en personne venu le 7 janvier à l’Ile-Rousse voir les filles. Le duo composé de l’actuel entraîneur des espoirs de Clermont et du conseiller technique régional en Poitou-Charentes en a profité à ce moment-là pour faire connaissan­ce avec un « groupe de filles sain et soudé ». Le stress ? Très peu pour eux comme l’expliquait Samuel Cherouk lors du stage de Font-Romeu : « Nous essayons, avec Olivier Lièvremont, d’être les plus simples possible. Nous ne sommes pas stressés car les filles bossent bien sur le terrain. Il y a une exigence de résultats de la Fédération, ce qui est normal mais les joueuses qui étaient déjà là en 2014, voire en 2010, ont hâte d’en découdre et de se rapprocher au plus près du titre. » Pas certains que les championne­s en titre anglaises, les Néo-Zélandaise­s, les Canadienne­s, les Australien­nes voire les Irlandaise­s l’entendent de cette oreille.

AU BOUT DE LA PRÉPA, LE PARADIS ?

Qu’importe, renforcées par l’apport de joueuses du VII, les Guiglion, Le Pesq, Ladagnous, Izar, Amédée, Neisen pour ne citer qu’elles, et par une préparatio­n exhaustive de deux mois, répartie sur huit stages et un tour de Marcoussis ainsi que de l’Hexagone (Saint-Brieuc, Bugeat, Clermont, Font-Romeu), les Françaises ont mis le 26 août en ligne de mire. Avec un credo et un mot d’ordre : jouer simple, vite et fort. Annick Hayraud en est convaincue : « L’équipe qui sera championne du monde sera joueuse. À moment donné, nous ne pouvons plus nous contenter de marquer que sur des ballons portés. C’est bien parce que c’est nécessaire mais il ne faut pas que ce soit notre seul point fort. L’idée est que l’on puisse être menaçantes de partout sur le terrain. Nous avons des filles à forts potentiels qui ont des pattes, des mains, il faut s’en servir. Nous sommes capables de déplacer le jeu et je crois que c’est ce rugby-là qui gagnera. J’en suis persuadée. » Entrevue lors des deux opposition­s qui ont eu lieu à Font-Romeu à la fin du mois de juillet, avec de belles attitudes pour un groupe à la moyenne d’âge de 26 ans, la confirmati­on ne demande plus qu’à se faire. À vous de jouer, mesdames !

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Photo Icon Sport Les Françaises de Camille Grassineau retrouvero­nt l’Irlande pour un dernier match de poule que l’on imagine endiablé.

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