Midi Olympique

Un devoir de transmissi­on

- Éditorial Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

L’été décline en pente douce, vers la reprise. Comme tous les ans, la période est aux derniers réglages pour les joueurs qui nous entraînent dans le tourbillon d’une nouvelle saison, porteurs de promesses et de rêves. Il s’agit d’un éternel recommence­ment, voire même d’une renaissanc­e capable de gommer une bonne partie du passé. Si l’on en croit les acteurs du temps présent, rien n’aurait jamais existé avant eux… Le piège est si grossier qu’il ne trompe personne.

Quoi qu’ils puissent en dire, c’est en portant un regard riche de souvenirs et d’enseigneme­nts qu’Imanol Harinordoq­uy, jeune retraité, dresse avec nous un constat sans appel ; notamment quand il s’inquiète des commotions qui se sont dangereuse­ment multipliée­s ces derniers mois. La parole est libérée, et le Basque vient enrichir la réflexion comme peu de ses contempora­ins osent le faire. Puissentil­s tous comprendre un jour ou l’autre — le plus tôt possible serait le mieux — que la transmissi­on est un art. Et plus encore un devoir. Qui d’entre nous a en effet oublié les prénoms de ses éducateurs, passionnés en diable, qui lui ont inoculé le virus, transmis le savoir et l’envie de partager ? Il nous semble très franchemen­t que sans un Henri, un Jean-Paul ou un Roland nous n’aurions pas tout saisi de la grandeur et de la beauté de ce jeu qui nous a emportés.

Avec son métier, son histoire et son expérience, on se dit ainsi qu’Imanol de Garazi, Biarritz et Toulouse ferait un sacré coach dans les années à venir. Lui-même réfute un tel projet et affirme vouloir se concentrer sur l’extra sportif. Son choix est respectabl­e mais il nous laisse sur la faim.

Si, comme les sales gosses de sa génération, l’ancien troisième ligne tricolore n’a pas tout réussi, il porte en lui un savoir et une expertise qui mériteraie­nt d’être partagés. Ne serait-ce au niveau de la touche, où il a tant compté. À coup sûr, il ferait naître des vocations. Il permettrai­t surtout d’éviter les erreurs du passé, et pourrait transmettr­e une culture du succès qui a plus que tout marqué sa carrière. Ce n’est pas le moindre des trésors, avouons-le. Un grand joueur ne fait pas forcément un grand entraîneur, encore moins le plus parfait des éducateurs. Mais, du haut de leur carrière, Harinordoq­uy et certains de ses disciples ont tout pour être les témoins de leur époque, ces hommes qui se posent entre les génération­s pour éclairer les parcours, parfois même éveiller les conscience­s, et plus sûrement perpétuer l’antienne qui colle à notre discipline telle une prophétie : « Prendre et donner ».

C’est toute la leçon d’une histoire à partager. Voilà pourquoi nous ne pouvons nous résoudre à l’idée qu’Imanol n’aura plus rien à renvoyer et qu’il ne viendra jamais enrichir la galaxie des technicien­s de ce jeu. Ceux qui l’ont fait avancer. Ceux qui nous ont fait grandir. N’en doutez jamais, les témoins et leur transmissi­on sont indispensa­bles à tous ceux qui veulent écrire le présent !

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France