Midi Olympique

LONGS RAIDS ET LONGS TREKS

ELLE TIRE PARTIE DE SON PASSÉ D’ATHLÈTE POUR CULTIVER LE STYLE DYNAMIQUE VOULU PAR LES FRANÇAISES.

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Avec son mètre 85, c’est la plus grande de l’équipe. Elle a parsemé sa chevelure de mèches tricolores, tout en gardant un drapeau breton comme objet fétiche. Mais la deuxième ligne Lenaïg Corson précise tout de suite que la touche ne fut pas spécialeme­nt son point fort dans ses premières années de rugby. « Je venais de l’athlétisme où je pratiquais l’heptathlon, une épreuve très rythmée puisqu’on enchaîne sept épreuves en deux jours. Ma discipline la plus forte était le 100 mètres haies, une épreuve qui demande de la rapidité et de la puissance. Au début, j’étais très stressée par l’exercice de la touche. La peur de mal faire me tenaillait, j’ai dû beaucoup travailler pour être performant­e et pour y trouver du plaisir. Je me suis plutôt imposée grâce à mes courses ballon en mains. On m’a repérée après un match du Stade rennais où j’avais marqué deux essais de longue portée. » La preuve : l’une de ses chevauchée­s a été sélectionn­ée parmi les plus beaux essais de la première journée. Contre le Japon, elle s’est offert un raid de plus de soixante mètres, en échappant à trois adversaire­s pour envoyer son ailier Caroline Boujard à l’essai. Quand on lui demande quel geste elle préfère, elle évoque le raffût.

ATHLÉTIQUE ET POLYVALENT­E

Elle a découvert le ballon ovale très tard. « Je suis arrivée à la faculté de Rennes pour terminer ma licence en économie et gestion et je voulais pratiquer un sport collectif mais le rugby n’était pas ce que j’avais en tête. Je me voyais plus faire du volley ou du basket mais le seul entraîneme­nt que j’ai pu faire pour une question de programme fut le rugby. Et tout s’est enchaîné comme ça. » Débuts en 2009 et première sélection trois ans plus tard, pas de doute, Lenaïg Corson était faite pour ça. « J’ai démarré avec les Bleues contre les États-Unis à Orléans après seulement un an de Top 8. J’ai beaucoup de bons souvenirs avec les Bleues mais je me souviens de ce France-Écosse de La Rochelle

où toute ma famille était venue me voir. » En 2014, elle manqua le coche de la Coupe du monde, sacrifiée après le dernier stage de Tignes. « Mais ce fut un mal pour un bien car j’ai pu découvrir le rugby à VII et de devenir profession­nelle six mois plus tard. »

Quand elle n’est pas à Rennes, elle est donc souvent à Marcoussis tout en préparant sa vie profession­nelle comme chargée de communicat­ion et de sponsoring à la FFR. Elle incarne vraiment le style de cette équipe de France, très athlétique, peutêtre un peu plus que les Irlandaise­s par exemple qu’elle va affronter jeudi pour le dernier match si chaud, même si Lenaïg sait que ces rugueuses filles en vert vont tout faire pour la coller au paquet, où elle saura aussi faire son devoir. Puis le plus tard possible, évidemment, elle ira décompress­er en s’adonnant à son loisir préféré, le Trek dans divers sentiers escarpés, jusqu’en Tansmanie. Des raids plus longs et peut-être plus paisibles que ceux qu’elle propose sur le terrain. J. P.

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