Midi Olympique

Ils font peur !

ENTRE RECRUTEMEN­T TAPAGEUR ET INVINCIBIL­ITÉ, MONTPELLIE­R FAIT PEUR. TÉMOIGNAGE­S ET REPORTAGE À LA VEILLE D’AFFRONTER LE TOULON DE GALTHIÉ...

- Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

C’est une question pour un -futurchamp­ion : comment assumer ses plus farouches ambitions sans faire naître une sainte trouille auprès de la concurrenc­e, voire la plus perfide des jalousies ? Les nouveaux présidents, ces ambitieux qui débarquère­nt dans le rugby sans avoir été bercés par sa culture, ont été confrontés à cette drôle d’équation… À l’image de Lorenzetti ou Boudjellal, nombreux ont ainsi été contraints d’endosser le costard des ennemis publics n°1. Décriés et rejetés avant d’être adoubés par la force de leurs succès. « Mourad a gagné sa légitimité en remportant le Bouclier. Il est toléré par des dirigeants qui, jusque-là, le laissaient à la porte… » nous confia en juin un ancien président de club, après l’élection du patron toulonnais au comité directeur la Ligue nationale de rugby.

Mohed Altrad n’échappe pas à cette drôle de défiance. Normal, lui aussi fait valser les codes d’un milieu qui n’est pas le sien et qui ne lui pardonne rien. Il faut dire que le président ne ménage pas ses efforts pour sortir du rang, comme en témoignent ses liens avec Bernard Laporte. Sur ce point comme en matière de transferts, Boudjellal pourrait avoir trouvé son maître. Parce qu’il commence à apprendre de ses erreurs, faisant preuve d’un sacré pouvoir d’adaptation (ce pourrait être la déclinaiso­n extra-sportive de l’intelligen­ce situationn­elle si chère à Pierre Villepreux), le président a offert à Vern Cotter, son entraîneur, une formation 4 étoiles avec des stars quasiment à tous les postes. Il ne manque plus que Johan Goosen, annoncé sur les bords de la Méditerran­ée après avoir été grassement entretenu malgré son exil sud-africain (on parle de 50 000 euros mensuels sans jouer). Avouez qu’il y a de quoi trembler !

Sur le chemin du succès, Mohed Altrad ne pourra tout acheter. Il lui restera à résoudre une équation essentiell­e, à l’image d’un Boudjellal qui a redonné fierté et ambitions aux fidèles de Mayol. Il ne s’agit pas seulement d’apposer son nom au fronton d’un stade, encore faut-il le remplir, lui donner vie, susciter le rêve, partager les émotions et en faire par-dessus tout le poumon d’un club, d’une ville et d’un territoire. Parce que c’est toute la richesse de notre discipline, elle qui a sans cesse porté et assumé son rôle social, toujours ancré ses véritables valeurs dans le partage et l’adhésion populaire… Parce que notre discipline est avant une histoire d’hommes, le seul business -loué par les canons du monde de l’entreprise- ne suffira jamais à faire gagner les titres.

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Photo Icon Sport Benjamin Fall.
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