L’ACADÉMIE DES NEUFS
POUR LA PREMIÈRE FOIS DE SA CARRIÈRE, JULIEN TOMAS EST PASSÉ DU CÔTÉ DES ANCIENS. À 32 ANS, LE DEMI DE MÊLÉE EST EN CONCURRENCE AVEC DES COÉQUIPIERS QUI ONT PRÈS DE DIX ANS DE MOINS QUE LUI. POUR LUI, C’EST SURTOUT L’OCCASION D’ÉCHANGER, DE PARTAGER AVEC
Quatorze ans de Top 14, à Montpellier, Castres, Paris et Pau depuis deux ans. À 32 ans, Julien Tomas aborde le dernier virage de sa carrière de rugbyman pro qui en a déjà fait un champion de France (2015 avec le Stade français, finaliste en 2011 avec son club formateur du MHR), un international (3 sélections entre 2008-2011), dans un nouveau rôle. « Cette année, pour la première fois, je suis le plus vieux des numéros 9 dans mon club. J’ai un petit jeune qui pousse fort à mes côtés avec Thibault Daubagna (23 ans, N.D.L.R.), mais aussi deux espoirs du poste qui s’entraînent au quotidien avec nous, Christopher Kaiser et Clovis Le Bail (21 ans tous les deux). J’essaye du coup de dialoguer énormément avec eux, d’échanger de le faire partager ma petite expérience », glissait ce mercredi le demi de mêlée et de raconter ses débuts chez les pros. « À Montpellier, chaque jeune, avait un tuteur à son poste. Pour moi, c’était Sébastien Buada. Bien que concurrent pour jouer le dimanche, il était extrêmement disponible pour moi en semaine. Il m’a beaucoup conseillé, parlé du poste, mis en garde. J’essaie de renvoyer l’ascenseur à mes trois jeunes coéquipiers cette année. » Pourtant Tomas n’en a pas fini avec sa carrière de joueur. « Au contraire, je m’entraîne plus et plus dur qu’à 20 ans ! » Il s’est fixé un objectif : laisser une trace de son passage en Béarn. Le joueur a envie de poser ses valises après quatre années passées de Montpellier à Pau en passant par Castres et Paris. Il ne regrette rien, se dit enrichit par son parcours. « J’étais parti à Castres pour remplacer Kockott qui est resté, et suis monté à Paris pour être entraîné par Quesada », résume-t-il sobrement. Il a enrichi son palmarès mais quand Simon Mannix l’a appelé il y a près de vingt-quatre mois, il n’a pas hésité. « Pau me rappelle le Montpellier d’il y a dix ans. Une politique sportive ambitieuse mais pas basée sur le star-system et l’installation dans un nouveau stade. » Et pour lui quel rôle ? « Celui de joueur, si possible important. Je suis un compétiteur, quand je suis numéro deux ou trois à l’intérieur cela bout, mais bon avec l’âge, j’ai aussi perçu qu’il ne fallait pas le montrer et avoir une attitude constructive pour le groupe. » On sent dans ses propos encore une grande ambition. « Je me plais ici. J’ai envie de m’imposer. J’aime ce que je fais en semaine. Transmettre aux jeunes, travailler avec eux. Qu’ils me confient leur retour d’expérience sur leur match du week-end, mais je m’astreins aussi à un travail individuel supplémentaire sur ma technique de passe, sur la vidéo. En venant ici, mon jeu a évolué, je dois être plus éjecteur. À l’ouverture que ce soit avec Colin Slade ou Tom Taylor, tu as affaire à deux personnes ultra-exigeantes envers eux-mêmes. Tu te dois d’essayer de te mettre à leur niveau. »
EN FIN DE CONTRAT EN JUIN
Ce samedi, il devrait retrouver en face de lui, Rory Kockott avec qui en 2013-2014, la cohabitation ne fut pas simple. « Il avait donné le titre de champion de France, nous étions dans une concurrence directe. Peu ou pas d’échange mais il a toujours été réglo. » Julien Tomas ne veut pas faire de son duel une des clés de la rencontre mais veut réaliser collectivement une grande saison avec la Section. « Nous nous installons dans le nouvel Hameau, nous voulons progresser, pratiquer un rugby ambitieux mais aussi être intraitables à domicile. » Et après ? En fin de contrat, il se verrait bien rester un ou deux ans de plus sur Pau mais il sait que cela passe par des prestations haut de gamme. « L’an passé après je crois de bons débuts où j’avais pas mal enchaîné, j’avais accusé le coup au coeur de l’hiver. Cette année, Simon Mannix partage le temps de jeu équitablement avec Thibault Daubagna, mise sur notre fraîcheur sur toute la saison ». Tomas n’est pas encore prêt à passer de l’autre côté de la barrière. « Oh que non ! » concluait-il.