DEUX FOIS DIX ÉGALE VINGT-HUIT !
LES DEUX OUVREURS NÉO-ZÉLANDAIS DE PAU, COLIN SLADE ET TOM TAYLOR ONT ÉTÉ DÉTERMINANT DANS LES 28 POINTS MARQUÉS FACE À CASTRES. ILS ONT ÉTÉ LES GRANDS ARTISANS DE LA VICTOIRE PALOISE, COMME DE NOMBREUSES FOIS DEPUIS QUELQUES SEMAINES. ANALYSE TECHNICO-TA
Vingt-deux points en quarante minutes, trois essais synonymes de bonus offensif en un quart d’heure, sauf qu’il y a eu une première mi-temps avant et un essai concédé par les Palois. Si la Section a disposé finalement assez facilement de Castres, après une première mi-temps insipide, elle le doit en grande partie à l’un de ses deux ouvreurs néo-zélandais, Colin Slade (29 sélections), auteur d’une entrée tonitruante à la pause. « Vous semblez vous étonner de ses prestations chaque week-end mais je vous l’ai déjà dit et je le répète, Colin est l’un des meilleurs 10 du monde. Ce samedi, il nous a amenés son énergie qui nous a permis de jouer le rugby que je souhaite », analysait samedi soir le manager palois Simon Mannix. Double champion du monde (2011, 2015), Slade avait plutôt débuté sa saison moyennement à Toulon, et avait été très peu inspiré à Toulouse. Le patron sportif palois n’avait alors pas hésité à le faire glisser sur le banc face à Lyon, puis contre Castres. « Cette saison à la différence de l’année dernière, j’ai plus de profondeur dans le groupe. J’ai des très bons joueurs, ils doivent jouer et la rotation sera plus importante ! », explicitait celui qui depuis deux matchs fait donc confiance à un autre All Black, Tom Taylor (3 sélections) pour diriger la manoeuvre des lignes arrières. « C’est un truc fort d’avoir deux organisateurs de jeu de ce niveaulà dans l’équipe, surtout que chez nous, l’ouvreur est le patron du jeu », poursuivait Simon Mannix, qui peut compter aussi sur leur talent au pied. Pour le moment, Colin Slade reste en réserve sur les tirs au but, et laisse Tom Taylor s’occuper de cela avec brio (39 points en quatre matchs). Leur duo est l’un des axes majeurs de la Section cette année, qui doit commencer à vivre sans son inspirateur, Conrad Smith (35 ans), qui devrait raccrocher les crampons à l’issue de la saison. Interrogé sur le sujet, les deux 9 de Pau, témoignent de la même chose : l’extrême rigueur des deux ex-Blacks dans leur travail, et l’aura de Slade. « On ne signale pas assez leur qualité de technique individuelle et leur disponibilité », commence l’aîné des deux Julien Tomas. Thibault Daubagna reconnaît avoir « énormément progressé à leurs côtés ».
UNE GROSSE EXPÉRIENCE
Comment ? « Ils ne restent jamais sur un échec, même aux entraînements. Dans les petits ateliers techniques de travail de la semaine, ils sont très méticuleux avec eux et avec toi. Colin, tout comme Tom, peuvent te faire recommencer un mouvement, ou une passe jusqu’à que cela soit parfait. » Et au niveau de leur différence ? « Colin est plus directif et en match, il veut que tous les ballons passent par lui », clament les deux Français de la charnière, puis Tomas admet, « bon des fois je ne l’écoute pas mais il ne m’en veut pas ». Et de révéler qu’en semaine quand Frédéric Manca réunit les joueurs de la charnière, Colin Slade sait imposer à juste titre ses vues. « Il possède une grosse expérience, avec Tom c’est eux qui sont censés gérer la tactique sur le terrain. Colin prend cela très au sérieux. Échange beaucoup, nous fait tenter des choses. Ainsi, lors des matchs amicaux, nous avons testé deux combinaisons qui fonctionnaient aux entraînements mais pas dans une opposition réelle. Colin a demandé et obtenue qu’elle soit retirée de notre panoplie pour la reprise du Top 14 », détaillait Julien Tomas. Dernier élément, leur professionnalisme. Si les deux Néo-Zélandais, n’osent pas encore s’exprimer en français devant les médias, ils font l’effort de le faire avec leurs coéquipiers même en match. « Bon des fois, il y a des fautes de grammaire ! », en rigole Julien Tomas. Samedi soir, ils étaient parmi les derniers Palois à quitter le Hameau, parce que comme depuis trois ans pour Colin Slade, et deux saisons pour Tom Taylor, ils se sont arrêtés à de maintes reprises, sans sourciller et toujours avec un sourire non feint pour répondre favorablement aux multiples demandes de selfies.