LA LOI DU MOINS FORT
LE SUALG, QUI A CONCÉDÉ SA TROISIÈME DÉFAITE À DOMICILE, A POUR LA PREMIÈRE FOIS ÉTÉ COMPLÈTEMENT DÉPASSÉ PAR SON ADVERSAIRE.
Pendant quelques instants, les spectateurs qui garnissaient les travées clairsemées d’Armandie (ils étaient à peine plus de 6 000 samedi soir) ont eu l’impression d’être renvoyés quinze jours en arrière. On vous explique : exactement comme ce fut le cas face à Pau voilà deux semaines, les Agenais se sont échinés devant la ligne d’en-but adverse durant de longues minutes après la sirène (cinq cette fois) pour tenter de marquer sur la dernière action. Courageusement mais surtout vainement, puisqu’ils n’ont une nouvelle fois pas été payés de leurs efforts. Plus symptomatique que grave ce coup-ci, puisqu’un essai n’aurait en rien gardé les Lot-et-Garonnais d’une troisième défaite à domicile. Mais cette incapacité à scorer près des lignes - l’un des gros points noirs de ce début de saison - a encore marqué. Et coûté cher à des moments-clés. Juste avant la mi-temps par exemple quand, menés 15 à 6, les coéquipiers de Ricky Januarie se faisaient voler le ballon après deux minutes près de la ligne lyonnaise. Ce manque de réalisme ne fut pourtant pas le seul écueil d’Agen samedi. On vous cite, pêle-mêle, un jeu au pied trop court, de lourdes défaillances en touche (cinq lancers perdus, un volé), une mêlée à 100 % mais chahutée, six pénalités concédées en première période ou encore une vingtaine de ballons laissés en route… S’il s’agit de la sixième défaite en sept matchs, c’est la plus gênante. Parce que c’est la cinquième de rang mais aussi parce que jusque-là, le promu avait toujours rivalisé sur ses terres. Vainqueur du Racing, battu avec le bonus défensif par l’ogre rochelais et venu mourir à six points de Pau à la dernière seconde, il n’a cette fois pas fait illusion. Il y avait une classe, deux même, d’écart avec Lyon. « Il y a eu un vrai sentiment d’impuissance, concédait l’entraîneur principal, Mauricio Reggiardo. Mais ne vous trompez pas de championnat. Lyon n’est pas leader pour rien, c’est le haut niveau du Top 14. Ils n’ont pas de point faible. Ce n’est pas l’équipe qui produit le rugby le plus joli mais c’est la plus efficace. » « Celle dont le jeu est le plus en place », assurait pour sa part Antoine Miquel, qui a hérité samedi soir d’une place de titulaire en même temps que du capitanat après le forfait de dernière minute d’Antoine Erbani, victime d’un K.-O. à l’échauffement.
VITE, UNE VICTOIRE !
Agen et Lyon ne jouent pas dans la même cour, c’est évident. Mais il commence à y avoir urgence en Lot-et-Garonne. Comptablement notamment. À l’issue de ce premier bloc de sept matchs, le SUALG pointe à la treizième place, un point derrière Oyonnax (défait à domicile par Pau également, mais avec le bonus) et seulement un point devant Brive, qui a enfin remporté son premier succès samedi. Il reste certes dix-sept matchs à disputer, mais il va « vite falloir retrouver le chemin de la victoire », reconnaissait Mauricio Reggiardo. Et se servir de ce match pour « être en colère et essayer d’être plus qualitatifs et plus généreux » selon le directeur du rugby Philippe Sella. Bref, Agen va devoir « fermer sa g... et continuer à travailler », résumait Jérôme Miquel.
La trêve européenne, qui va faire la part belle aux jeunes, suffira-telle à redonner de la confiance avant le déplacement à Castres puis la réception de Toulouse ? Il le faudra. Car, comme nous le confiait Ricky Januarie il y a quelques semaines, le début de saison est capital pour un promu : « Quand tu montes en Top 14, tout le monde te cible, expliquait le joueur, qui avait connu une descente avec… le Lou en 2012. Avec Lyon, nous avions réalisé un début de championnat intéressant et même gagné à Brive, mais nous avions perdu de peu de points nos matchs contre les grosses équipes. Et nous avions laissé filer la confiance petit à petit. Cette expérience me sert avec Agen. Pour moi, il n’y a pas de défaite encourageante. C’est très clair. » Celle contre Lyon, en tout cas, l’était encore moins que les autres…