« Nous voulons challenger »
LA DIRECTION TECHNIQUE NATIONALE DE L’ARBITRAGE S’EST RÉUNIE À BAZAS. LE DNA JOËL DUMÉ A ÉVOQUÉ POUR NOUS LE THÈME DE L’ARBITRAGE CHEZ LES AMATEURS.
Comment se porte l’arbitrage du rugby amateur ?
Il y a un vrai rajeunissement et une multiplication des stages techniques. Nous sommes à peu près 3 000 et c’est juste suffisant pour pouvoir couvrir de façon confortable tous les matchs. Le recrutement, depuis cinq ans, stagne, mais nous sommes dans une situation acceptable en quantité. Qualitativement, en divisions fédérales, il y a un réel rajeunissement, ils sont mieux entraînés et nous sommes très agréablement surpris par le niveau.
D’où viennent les principales difficultés ?
Sur le jeu lui-même, c’est la complexité de la règle avec un jeu de plus en plus engagé. Nous devons être très vigilants sur la directive essentielle liée à l’engagement sur ces matchs. En fédérations, les joueurs singent parfois ce qui se fait au plus haut niveau et ils n’ont pas toujours la technique individuelle. Il faut faire la part des choses entre ce qui est acceptable et ce que nous ne pouvons pas accepter et qui doit être sifflé de manière intransigeante. Les plaquages dangereux, les plaquages au-dessus de la ligne des épaules.
De jeunes arbitres apparaissent en Fédérale 1, auront-ils un débouché sans risques d’embouteillage ?
Oui parce que nous voulons challenger ceux qui sont au-dessus d’eux. On ne veut pas que ceux qui se trouvent à l’étage au dessus et qui n’ont plus d’ambition de monter en Top 14, se comportent en sénateurs. Et on leur dit clairement qu’ils n’iront pas jusqu’à l’âge limite de 45 ans, et qu’ils ne resteront pas à ce niveau jusqu’à cette limite. Nous voulons les challenger par des gens de Fédérale 1 qui nous semble avoir des qualités et beaucoup de motivation. Ce n’est pas faire du jeunisme, c’est simplement dire : attention personne n’a le droit de se comporter en sénateur et derrière il y a des gens qui arrivent. Et s’ils sont meilleurs que vous, ils prendront votre place.
Quelles perspectives s’est fixée la DNA ?
Il y a la prise en charge de la Fédérale 1 par Franck Maciello. C’est important que ce soit un salarié de la FFR qui ait en charge le dossier de l’arbitrage de Fédérale 1 car c’est lui qui prévoit et organise les stages de la Fédération, pas seul puisqu’il se fait aider par les arbitres pros pour le contenu technique. C’est lui qui fait les désignations, qui organise les supervisions et le coaching. Il a donc une vision globale et transversale avec le secteur professionnel. C’est une vraie reprise en main de l’arbitrage de Fédérale 1. Et pour les fédéraux 2 et 3, c’est l’embauche d’un formateur de formateur, Philippe Marguin, qui a en charge la formation des arbitres Fédérale 2, Fédérale 3 et territoriaux. Les meilleurs arbitres de Fédérale 2 sont coachés.
À quoi ressemblera l’arbitrage du rugby amateur de demain ?
À des arbitres motivés, ils le sont, à des arbitres, je l’espère, portés vers le jeu et dont l’ambition sera raisonnée. Ils sont de plus en plus jeunes mais il faut que l’arbitre continue à être vouvoyé par les joueurs, respecté et chacun a un rôle à jouer dans ces comportements. Tout le monde ne sera pas arbitre professionnel mais nous voulons qu’ils soient heureux et protégés.
Si vous aviez un message à lancer ?
L’arbitrage ce n’est pas que le problème des arbitres, c’est le problème de tout le monde, dont les clubs qui doivent rester concernés par le recrutement car plus le nombre est important plus il sera facile pour nous de détecter les meilleurs. C’est important que chacun arbitre avec sa sensibilité, son histoire, son expérience ou sa jeunesse, mais il ne faut pas déroger à l’intérêt collectif. L’arbitre ne doit pas être un franc-tireur.