Les Argentins de nouveau sur le marché
L’UAR A CONFIRMÉ QU’ELLE RÉINTÉGRERAIT AUX PUMAS SES JOUEURS ÉVOLUANT EN EUROPE, POUR LA COUPE DU MONDE 2019. UNE ANNONCE QUI RISQUE DE SE RÉPERCUTER SUR LE MARCHÉ DES TRANSFERTS.
Dans un entretien accordé à ESPN Argentina, jeudi dernier, le président de l’UAR (fédération argentine de rugby) Carlos Araujo est revenu longuement sur les dossiers chauds du rugby argentin. En premier lieu, le futur du sélectionneur Daniel Hourcade, cible de nombreuses critiques au pays après les résultats décevants des Pumas en Rugby championship (Four nations) et dont le contrat expire cet automne. Hourcade, qui avait initialement annoncé ne pas souhaiter poursuivre jusqu’au Mondial 2019, pourrait tout de même demeurer à la tête des Pumas. C’est en tout cas le souhait du président de l’UAR : « On cherche toujours à savoir si les entraîneurs sont en contrôle de l’équipe, et Hourcade nous démontre qu’il est toujours aux commandes. Nous espérons qu’il poursuivra avec nous jusqu’au prochain Mondial. Il est tout simplement le meilleur entraîneur d’Argentine ». Pour les Jaguares, la province argentine qui évolue en Super rugby, les noms de Mario Ledesma, Martin Gaitan et Nicolas Fernandez Miranda sont avancés par ESPN pour composer le staff technique la saison prochaine.
LA FIN DU MODÈLE ARGENTIN
Au coeur de cette interview, Araujo a également dévoilé une autre information majeure : les Pumas pourraient revoir leur politique de sélection, en rouvrant leur accès aux joueurs évoluant en Europe, dans l’optique de la Coupe du monde 2019. Soit la fin du modèle argentin, qui tablait sur l’attractivité du maillot national pour conserver ses meilleurs joueurs. Un système qui fonctionne en Angleterre ou en Nouvelle-Zélande mais a échoué en Argentine, où l’écart entre les salaires fédéraux et ceux du marché européen sont trop importants. Le récent départ de Facundo Isa vers Toulon en apportant la preuve ultime.
ISA, FERNANDEZ ET IMHOFF DE NOUVEAU SÉLECTIONNABLES
Cette annonce pourrait avoir des impacts multiples. Premiers concernés, trois Argentins évoluant actuellement en France : Patricio Fernandez (Clermont), Juan Imhoff (Racing 92) et Facundo Isa (Toulon) sont en âge et au niveau pour postuler à la sélection argentine. Les Pumas ne les ignorent actuellement qu’en raison de leur choix d’évoluer en France. Les trois joueurs pourraient donc postuler au maillot ciel et blanc pour la prochaine Coupe du monde. Une modification des règles de sélection qui contente évidemment les joueurs mais embarrasse les clubs concernés, qui avaient tablé sur la pleine disponibilité de leurs Argentins. Ils devront désormais prendre en compte leurs éventuelles sélections, dans un avenir proche, pour la construction de leur effectif.
LE RACING 92 PRIORITAIRE SUR LAVANINI
Surtout, cette annonce pourrait accélérer le retour des meilleurs joueurs argentins en Top 14 et Premiership anglaise. « Il ne se passe pas deux semaines sans que Tomàs ne reçoive un coup de fil d’Europe, avec à la clé des offres qui doubleraient ou tripleraient son salaire », confiait un membre du staff des Pumas à propos de Lavanini, à l’été 2015, quand les Bleus étaient en tournée à Tucuman. L’intérêt des clubs français, à commencer par le Racing 92 et Toulon, est toujours d’actualité pour le deuxième ligne Pumas qui pourrait rapidement animer le marché. Avec une clause prioritaire : joueur du Racing 92 il y a trois ans, le seconde ligne avait finalement été libéré de son contrat en 2015, afin de pouvoir rentrer au pays et prétendre aux Pumas. En partant, Lavanini s’était engagé à respecter une négociation exclusive avec le club francilien, en cas de retour en Europe. Lavanini, s’il devait quitter l’Argentine, passerait donc obligatoirement par des discussions exclusives avec le Racing 92, qui n’a jamais lâché le contact avec son joueur en espérant le faire revenir. Ce n’est qu’en cas d’échec de ces discussions qu’il pourrait se tourner vers d’autres horizons.
DES CONTRATS À RACHETER
S’ils ne sont pas soumis à pareille clause, d’autres joueurs argentins sont déjà scrutés par les écuries européennes, comme l’ailier de poche Santiago Cordero ou le troisième ligne Pablo Matera. Des joueurs qui, en tout cas de venue en Europe, augmenteraient substantiellement leurs revenus tout en gardant la Coupe du monde 2019 comme objectif. Seul problème, de taille : tous ces joueurs avaient contracté avec l’UAR jusqu’en 2019, pour évoluer avec la province des Jaguares en Super rugby et préparer le Mondial au Japon. Pour les faire venir en Europe dès 2018, il faudra donc négocier pour racheter leur dernière année de contrat. Et la fédération argentine, en difficulté financièrement, ne les lâchera qu’au prix fort.