« Il faut briser cette continuité du jeu »

Quel regard portez-vous sur cette disposition en forme de « bulle » ?

C’est marrant que vous appeliez cela ainsi ! Je n’ai jamais entendu ce mot en Australie ou ailleurs… Mais sur le principe, vous avez raison. L’idée, c’est d’entourer le porteur de balle. Tout d’abord pour le couper de ses soutiens, ou au moins en compliquant la passe qu’il pourrait leur faire, et ensuite pour le contraindre à se jouer son duel contre le dernier défenseur.

Que faut-il faire alors ?

Il ne faut pas se contenter de courir bien sûr, même si c’est le premier truc qu’il faut faire ! Rapidement, il faut prendre les informations autour de soi : qui est le porteur ? Où est-il ? Où sont ses soutiens ? Où est le dernier défenseur ? Quand on vient de se faire franchir, les joueurs à la poursuite doivent vite réagir, et communiquer pour se disposer autour de l’adversaire qui vient de franchir.

Ce n’est pourtant pas naturel…

Non, c’est vrai. Après un franchissement, on a vraiment tendance à courir après le porteur, et essayer de le rattraper à tout prix. Bien sûr, c’est ce qu’il faut faire s’il n’y a pas de dernier défenseur ! Mais souvent, le neuf ou l’arrière sont là pour couvrir. On va donc encercler le porteur pour l’obliger à jouer ce duel, ou se risquer à faire une passe à pleine vitesse. À haut niveau, les soutiens sont tellement rapides et présents qu’il y a forcément quelqu’un au soutien du porteur. Alors, il faut briser cette continuité.

Il y a aussi une dimension mentale dans un tel exercice défensif ?

Oui. Il faut se dire que tant que l’arbitre n’a pas levé le bras pour valider l’essai, ce n’est jamais perdu. Voir un adversaire franchir n’a rien d’agréable. Mais il faut avoir le réflexe de vouloir sauver la situation, à tout prix.