CLERMONT SAUVÉ DES EAUX
EN S’IMPOSANT SUR LE FIL 11 À 9 À BRIVE, L’ASMCA A REMPORTÉ SA PREMIÈRE VICTOIRE À L’EXTÉRIEUR DE LA SAISON. UN SUCCÈS QUI ARRIVE AU BON MOMENT DANS SA SAISON. EXPLICATIONS.
Le champion aura donc dû attendre la 20e journée pour remporter sa première victoire à l’extérieur de la saison. Chez le voisin corrézien qui plus est, ce qui n’enlève évidemment aucune saveur à ce précieux succès comme vous pouvez l’imaginer. Vingt journées, c’est long quand même. Et pour être complètement honnêtes, Clermont aurait tout aussi bien pu perdre sur la pelouse complètement détrempée - du Stadium, devant son succès à un catapultage de Peceli Yato à deux minutes de la fin du match, quand, après une touche vite jouée par Scott Spedding, le surpuissant Fidjien explosait trois adversaires avant d’aller aplatir l’essai de la gagne. Le seul essai tout court d’une rencontre jouée dans des conditions atmosphériques exécrables, qui offrit aux courageux supporters présents un spectacle pour le moins laborieux, entre chandelles, en-avant, mêlées, mêlées et re-mêlées.
Mais le spectacle, on s’en foutait comme de l’an 40 côté auvergnat samedi soir : vainqueurs pour la première fois à l’extérieur cette saison donc (ça rattrape, un peu, les trois défaites à domicile concédées cette saison), ils n’avaient plus remporté deux matchs d’affilée depuis le 23 septembre dernier. Alors bien sûr, « ça fait du bien » d’engranger une telle victoire, qu’importe la manière. C’est Paul Jedrasiak qui le dit : « On a montré qu’on avait du caractère, c’est bien. On s’est accroché. Malgré les conditions, c’était un bon match finalement. » Malgré une équipe remaniée, avec une charnière Hutteau-Alvernhe notamment, l’ASMCA a été capable de faire tomber l’ennemi briviste sur son terrain. Alors il serait d’ailleurs réducteur de résumer cette victoire à l’éclair de Yato selon le deuxième ligne international : « Si on s’était fait bouffer devant et derrière, on n’aurait pas avancé et on aurait pris une valise. C’est sûr que Peceli est le facteur x de cette rencontre avec le bel essai qu’il marque à la fin mais ce qu’il faut souligner, c’est qu’on s’est envoyé collectivement. C’est une bonne chose d’avoir gagné ici. »
OÙ IL FAUT, QUAND IL FAUT
Ça tombe bien, surtout. À trois semaines du quart de finale de Champions Cup contre le Racing 92, à Marcel-Michelin, les Clermontois ont remis la marche avant quand il le fallait. Une saison, c’est aussi être là où il faut, quand il le faut. Cela n’a pas échappé à leur coach, bien entendu : « Cette victoire intervient dans une période intéressante pour nous, explique ainsi Franck Azéma. Contre La Rochelle, on a vu qu’on avait retrouvé quelque chose de fort collectivement, dans l’état d’esprit, dans la solidarité. Il fallait voir si nous étions capables de confirmer. Honnêtement, ce succès était un peu hasardeux vu les conditions mais nous avons quand même forcé les choses pour le provoquer. On y a cru, assez pour les coller à cinq mètres de leur ligne, les empêcher de sortir correctement de leur camp et pour s’offrir un dernier ballon à jouer comme celui de Peceli. Nous avons été généreux et sommes allés chercher loin ce résultat. C’est bien dans cette période. »
Visiblement, le match remporté face aux Rochelais le week-end dernier a « activé quelque chose ». Le capitaine Damien Chouly l’assure : « Dans l’état d’esprit, il s’est passé un truc. Cette victoire a permis de retrouver de la confiance. Il faut s’en servir et continuer comme ça parce que de grosses échéances sont à venir. » Le spectre de la relégation, bien que vague, étant à peu près éloigné (avec treize points d’avance sur le treizième, il faudrait presque le faire exprès), les Clermontois vont en effet pouvoir « préparer plus sereinement leur quart de finale de Coupe d’Europe », résume Paul Jedrasiak. Avant de jouer la réussite de leur saison sur la scène européenne, ils devront recevoir Pau et aller à Toulon. Pas idéal, pour prendre de la confiance, mais cela permettra aux champions de France de voir s’ils ont retrouvé, sous les trombes d’eau brivistes, un véritable coin de ciel bleu. Ou s’il s’agissait d’une simple éclaircie dans la tempête.