L’Europe, leur Graal
Je vous parle d’un temps que les moins de cinq ans ne peuvent pas connaître. Un temps où Pierre Berbizier avait eu du mal à dissimuler son aigreur à l’annonce de l’arrivée des « gugusses de
Montauban » Laurent Travers et Laurent Labit, qui n’avaient pas encore terminé leur bail de quatre saisons à Castres. « Je n’ai aucun complexe par rapport à ceux qui arrivent, avait alors glissé l’ancien sélectionneur du XV de France (1991-1995). Labit et Travers ne sont pas les entraîneurs des champions du monde. Ils sont les champions du Tarn. » Moins d’un mois plus tard, les deux hommes décrochaient leur premier Bouclier de Brennus, leur CO privant les galactiques toulonnais du doublé (19-14). Simple concours de circonstances, pensaient alors certains ? Trois ans plus tard, Toto et Lolo remettaient cela, réussissant avec le Racing 92 la gageure de triompher (encore…) du RCT, et à 14 contre 15 pendant plus d’une heure s’il vous plaît. Un deuxième Bouclier de nature à asseoir une légitimité de techniciens que nombre d’observateurs refusaient encore de leur accorder… Il faut dire qu’avec le Racing, le bicéphale «Trabit» a su évoluer, accompagner la croissance de leur club. Catalogués « caméléons » et redoutables dans la création d’un rugby d’opposition, adapté en fonction des forces de l’adversaire, Travers et Labit sont devenus avec l’apport de leurs nouveaux adjoints Chris Masoe et Casey Laulala des fervents défenseur d’un rugby qui propose, en fonction de ses propres qualités. Le cocktail idéal, en somme, pour aller chercher un titre européen ? C’est bien l’idée, en tout cas… En effet, le Graal de la Champions Cup demeure pour eux la dernière étape avant la véritable reconnaissance européenne, voire internationale. Or, en 2019, les deux hommes fêteront leurs 50 ans, l’âge idoine pour postuler au XV de France. Alors, avec un titre européen qui ferait d’eux le plus gros palmarès des entraîneurs français en activité, nul doute que leur candidature pour les Bleus n’en deviendrait que plus naturelle…