Midi Olympique

« Je travaille avec un psychologu­e »

AUTEUR DE SA MEILLEURE SAISON DEPUIS SON ARRIVÉE AU RACING EN 2012, LE BUTEUR FRANCILIEN NOUS LIVRE QUELQUES UNS DES SECRETS DE SA MÉTAMORPHO­SE. PAROLES.

- par M. D. ■ Propos recueillis

Quels sont les joueurs clés du Munster ?

La province irlandaise s’appuie d’abord sur un très bon paquet d’avants, très mobile, des joueurs puissants comme le numéro 8 CJ Stander ou le pilier Kilcoyne. Il y a aussi Peter O’Mahony, le capitaine, très bon contreur en touche, cadre de l’Irlande et âme du Munster. Sur les fondamenta­ux, les Irlandais excellent : il y a quasiment aucun déchet sur leurs touches et leurs mêlées.

On dit généraleme­nt de votre vis-à-vis, Conor Murray, qu’il est le meilleur demi de mêlée du monde. Qu’en pensezvous ?

Je suis d’accord. Même si j’adore TJ Perenara

(Nouvelle-Zélande), Murray a notamment prouvé durant la dernière tournée des Lions qu’il n’était pas loin d’être le meilleur joueur du monde à son poste. Il n’est pas le plus fantasque des numéros 9 mais techniquem­ent, c’est le plus propre. Et on l’oublie volontiers, mais Conor Murray est aussi un excellent défenseur. Il se place très souvent dans le premier rideau pour aider ses flankers.

Lors de votre dernier déplacemen­t au Munster, Conor Murray avait justement contré un de vos coups de pied pour marquer un essai décisif. Avez-vous revu l’action ?

C’était bien vu de sa part. Il a très rapidement fait le tour de la mêlée. A posteriori, on aurait dû davantage communique­r avec le numéro 8 (Antonie Claassen) et changer de côté. Mais on n’est pas ici pour refaire le film, hein…

Récemment, l’entraîneur des troisquart­s tricolores Jean-Baptiste Elissalde nous disait à votre propos qu’il aimerait parfois vous voir cesser de jouer comme un flanker…

Quand je regarde les matchs de Conor Murray, je me rends compte qu’il plaque dix fois plus que moi. Contre Toulon, il a d’ailleurs défendu comme un chien. Mais je sais pourquoi JeanBaptis­te Elissalde dit ça. Il ne faut pas que mon goût pour le combat se fasse au détriment de ma lucidité.

Alors ?

Mon rôle premier reste l’organisati­on du jeu mais je crois qu’il est également très important qu’un demi de mêlée défende bien dans ses zones de ruck.

Jusqu’à l’excès ?

Ça peut m’arriver. Pour le premier match du Racing à la U Arena, je suis sorti après trois minutes parce que j’avais essayé de trop appuyer un plaquage sur Yohan Maestri…

Pourquoi ?

Un gros plaquage, c’est ma façon à moi d’entrer dans le match, je crois.

Vous êtes cette saison devenu le buteur numéro 1 du Racing. Qu’avez-vous changé dans votre méthode pour atteindre aujourd’hui les 90 % de réussite dans les tirs au but ?

Depuis un an et demi, je travaille tous les quinze jours avec une psychologu­e du sport (Meriem Salmi), qui accompagne aussi Teddy Riner et Mathieu Bastareaud. Elle m’a aidé à mieux aborder le rôle du buteur.

De quelle façon ?

Quand on bute, il faut en un instant abandonner son rôle de demi de mêlée ou de capitaine pour en embrasser un autre. L’inverse est vrai. À mes débuts, un coup de pied raté impactait tout mon match, pourrissai­t mes libération­s et mes choix de jeu. J’ai appris à me détacher de tout ça. Et dans l’exercice des tirs au but, seule la tête décide…

Sur quels autres aspects travaillez-vous avec le psychologu­e ?

On parle de tout : de moi, de mes amis, de ma famille et de la vie en général. Elle m’a par exemple demandé de m’ouvrir davantage aux autres, de prendre ce rôle de capitaine à brasle-corps. J’étais très renfermé sur moi-même, il y a encore quelques années. […] Avant les grands matchs, j’avais aussi l’habitude de très mal dormir. Je refaisais les lancements de jeu dix fois dans ma tête. On m’a appris à me focaliser sur le présent, la seule temporalit­é que l’on puisse vraiment maîtriser.

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