Midi Olympique

BRUGNAUT : LA FIN DE L’ODYSSÉE

LE PILIER DE 36 ANS A FAIT SES ADIEUX À LA COMPÉTITIO­N. RETOUR SUR UN PARCOURS À LA FOIS RICHE ET SINUEUX.

- Par Jérôme PRÉVÔT, envoyé spécial jerome.prevot@midi-olympique.fr

La chronique des dernières journées, c’est aussi ça. L’adieu aux armes de tous ces soldats. Les adieux de Julien Brugnaut n’ont pas eu le même poids médiatique que ceux d’Aurélien Rougerie. Mais elles ont donné un surplus d’émotion à ce match sans enjeu direct, que les Brivistes ont su arracher sans tenter les pénalités, par respect pour leur public. Leur pilier gauche de 36 ans, a tiré un trait sur seize années de profession­nalisme. Un chemin plein de péripéties, une petite odyssée : six clubs, du Top 14, du Pro D2, un passage en Ligue Celte peu commun pour un joueur français ; une poignée de sélections, des convocatio­ns avec les Barbarians et une place dans un groupe champion de France (le Racing) même s’il ne joua pas la finale 2016. À titre personnel, on se souvient de son magnifique printemps 2014 quand il résista à l’avènement de Ben Arous pour prolonger son bail chez les Ciel et Blanc alors qu’on le donnait partant. Ce n’est pas un trophée en soi, mais c’est le genre de performanc­es de l’ombre qui compte quand on regarde dans le rétroviseu­r. Mais quand on lui demande de citer un apogée, il cite la montée en Top 14 de Dax en 2007 face à La Rochelle « À Bordeaux, où toute ma famille était venue me voir. »

Son ultime club, Brive s’est donc imposé après la sirène comme pour lui ménager la sortie qu’il méritait. En plus Julien Brugnaut a vécu son dernier match contre le club qui l’a lancé au plus haut niveau en 2002. À l’époque, on ne disait pas l’UBB, c’était le CABBG qui fut relégué sur tapis vert dans la foulée et le contraint à quitter son cocon : « Alphonse Mirallès fut mon premier manager. Il était là ce soir puisqu’il est toujours au club. Il m’a dit : « Tu vois, tu auras fait une belle carrière. » C’est vrai, qu’on ne m’annonçait pas un parcours aussi long. J’ai le sentiment d’avoir fait ce que j’avais à faire. Je n’ai aucun regret, je suis content d’avoir rencontré toutes ces personnes. »

INVAINCU AU NIVEAU INTERNATIO­NAL

Il est venu livrer ses témoignage­s, avec une émotion contenue, niée, mais trahie par son sourire, son ton badin, et un sens de la repartie aiguisée. « Après un mois sans m’entraîner, j’ai donné ce que j’ai pu ce soir. Ma carrière n’a pas vraiment défilé dans ma tête, je pense que j’y penserai cet été, à l’époque de la reprise. Ça va me faire tout drôle parce qu’en vacances, au bout d’une semaine, je commençais à tourner en rond, bien que je n’aie jamais été très fan de la préparatio­n physique. Mais à la longue, ça finit par devenir une drogue. Je viens de suivre un cours de Provale sur ça. » En seize années, il aura vu le jeu se transforme­r : « Quand j’ai commencé, on demandait aux piliers d’assurer les mêlées et les touches. Maintenant, on leur demande de jouer comme des troisième ligne, je m’y suis adapté tant bien que mal. À mes débuts, on disait que les choses commençaie­nt à être moins rudes, mais j’ai le souvenir de deux ou trois retours assez sévères, de Christophe Porcu par exemple… (deuxième ligne des années 90 passé par Auch, Agen, Perpignan, trois sélections, N.D.L.R.) Si moi, j’ai mis des coups ? Non, très peu. Je ne suis pas ce genre de joueur-là… »

Sa décision est elle irrévocabl­e ? Disons qu’il l’évalue à 99 % pour ne pas fermer la porte à un ultime dépannage. « Je n’ai pas encore pensé à ma reconversi­on. Je compte quand même finir de passer mon diplôme d’entraîneur. et me trouver une occupation pour me dépenser. Je compte aussi retourner en Irlande pour faire du tourisme. » Il y avait passé une saison en 2009-2010 sous le maillot du Munster. L’année précédente, il avait joué deux matchs avec l’équipe de France durant le Tournoi 2008, sélectionn­é par Marc Lièvremont. Une expérience sans lendemain dont il tire une vraie fierté : « Vous voulez que je vous dise ? Au niveau internatio­nal, je suis invaincu. Avec les Bleus, les Barbarians français et les Barbarions britanniqu­es, je n’ai jamais perdu un match. C’est pas mal, non ? »

 ?? Photo Diarmid Courrèges ?? Après 16 années de profession­nalisme, Julien Brugnaut a tiré sa révérence face à Bordeaux.
Photo Diarmid Courrèges Après 16 années de profession­nalisme, Julien Brugnaut a tiré sa révérence face à Bordeaux.

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