Midi Olympique

LES PETITS PLATS DANS LES GRANDS

LE CLUB FÊTE SES 50 ANS EN GRANDES POMPES, AVEC DE NOMBREUX TOURNOIS, UNE CONFÉRENCE, UN DÉFILÉ ET LA VENUE DE BERNARD LAPORTE SAMEDI.

- Par Sébastien FIATTE

Les événements de Mai 68 ont marqué la France mais aussi le rugby dans la Loire ! Depuis samedi dernier et le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe de Pierre Pillon et jusqu’à samedi prochain, avec le passage de Bernard Laporte, le club de Feurs (Première Série du Lyonnais) fête ses 50 ans. S’il n’a jamais trop brillé avec son équipe senior qui a toujours évolué en Série, il est devenu un bastion dans la Loire avec trois cent licenciés, dans une région où le football et le basket sont rois. Tour à tour joueur - à tous les postes ou presque - entraîneur, arbitre, dirigeant, Christian Bourg est un des grands témoins de cette époque. Privé de cours en raison des événements politiques, il se retrouve avec des copains à traîner à la MJC de Boënsur-Lignon, à vingt bornes de Feurs. Entre deux parties de cartes, ils improvisen­t des petits matchs dans les prés avoisinant­s.

LES CLÉS DE LA VILLE REMISES À BERNARD LAPORTE

Peu de temps avant, la MJC de Feurs avait ouvert une activité rugby, à initiative de Jean-Louis Clavé, soutenu par Léon Guilhaumon. Le premier, muté depuis les Landes, réunit les premiers volontaire­s au milieu de l’hippodrome. Christian s’oppose alors à son père - c’était dans l’air du temps, entraîneur de foot, et file à Feurs avec cinq camarades pour faire partie de la première équipe engagée en championna­t du Lyonnais, en septembre 1968. « J’avais les pieds carré, je n’aurais pas joué au foot de toute façon », rigolet-il. Pierre Pillon, cheville ouvrière du club pendant les deux premières décennies, arrive également. Les premières années sont difficiles. L’école de rugby peine à trouver des écoliers, malgré les efforts de son premier responsabl­e, Daniel Guillot. Après quinze ans de galère, le club se structure et devient une institutio­n dans la ville. « Nous avons une très bonne formation, rappelle Christian Bourg. Nous avons tout ce qu’il faut : des minimes, des cadets, des juniors. » À 50 ans, Feurs se porte en effet comme un charme, même si l’équipe senior, actuelleme­nt en Première Série, mériterait d’évoluer un peu plus haut. Signe du dynamisme d’un club bien structuré, la fiesta marquant l’anniversai­re a vu tout le monde mettre les petits plats dans les grands. Après le 17e tournoi Pierre-Pillon samedi, réservé aux moins de 14 ans, Feurs a organisé hier le tournoi départemen­tal des écoles de rugby. Demain, les féminines, les minimes, les cadets et les juniors affrontero­nt une sélection du départemen­t. Jeudi, il y en aura pour tout le monde avec un tournoi de rugby à toucher. Et avant le tournoi des anciens, les « SouiMangas », une conférence réunira l’arbitre, Cyril Lafont, Guy Cambérabér­o et Vincent Cavelier, ancien médecin de l’ASM, sur la question de l’évolution du jeu et plus spécifique­ment sur la problémati­que des commotions cérébrales.

Le bouquet final est prévu samedi avec un défilé dans la ville suivi de la remise des clefs de la ville à Bernard Laporte, avant un dernier tournoi à toucher entre anciens et un apéritif. Être arrivé depuis Mai 68 à imposer le rugby en terres hostiles méritait bien de mettre autant de petits plats dans les grands…

Quand mon grand frère Damien a commencé le rugby, je voulais m’y mettre et il n’a pas voulu ! Il m’a dit que c’était pas pour les filles… » À 28 ans, Marion Husson peut se moquer gentiment de son papa poule, qui a longtemps voulu la protéger. Mais elle tient sa revanche ! La saison prochaine, son paternel, Jean-Pierre (55 ans), l’entraînera sous le maillot du Lou (Élite 2). Après avoir beaucoup bourlingué comme joueur (Villefranc­hesur-Saône, Lyon, Mâcon) puis comme entraîneur (Mâcon, Givors, Villefranc­he-sur-Saône, Meyzieu, Belleville, Ampuis), l’ancien talonneur entraînera le Lou féminin à partir du 1er juin, date de reprise de l’entraîneme­nt. Pour son dernier challenge, il retrouvera sa fille, après avoir déjà entraîné ses deux fils, Damien, en école de rugby, et Maxime, cette saison à Ampuis. « Avant de prendre sa décision, il m’en a parlé, explique Marion. J’ai pu voir que cela se passait bien avec Maxime lors des repas de famille. Ils faisaient la part des choses. Et c’est un bon entraîneur. »

« QUI AIME BIEN CHÂTIE BIEN »

De son côté, JeanPierre Husson perpétuera une belle tradition d’entraîner des proches. Outre ses enfants, il a déjà entraîné son filleul, Arnaud Dubost, ou encore son pilier de frère, Alain. « Ce n’est pas toujours avantageux pour eux », souffle le technicien, adepte du proverbe « qui aime bien châtie bien ». Cela ne fait pas peur à Marion, habituée aux exigences du très haut niveau en athlétisme, en lancer du disque et du poids. D’autant que les exigences des entraîneur­s, Jean-Pierre Husson (mais aussi de Philippe Buffevant, nommé manager des équipes féminines du Lou) seront élevées. Après avoir raté l’accession dans l’élite cette saison, il s’agira d’y parvenir la saison prochaine.

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Photo DR L’équipe actuelle de Feurs n’oublie pas ce qu’elle doit aux pionniers de 1968 (en médaillon).
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Le père Jean-Pierre, et sa fille, Marion Husson.

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