Défilé de modes

On dit parfois de la mode qu’elle est ce qui se démode. On n’explique pas autrement que les coupes au bol, mulets et autres houppettes aient disparu aussi subitement du paysage qu’elles sont apparues durant les vingt dernières années, aussi sûrement que les barbes de hipster et mèches gominées qui fleurissent un peu partout feront bientôt tache sur les photos souvenirs… Ce préambule pourquoi, au juste ? Par jalousie capillaire, peut-être. Mais surtout pour souligner qu’à l’instar des coupes de cheveux plus ou moins aléatoires, le rugby n’échappe pas non plus à ses effets de mode. Qu’un joueur ait l’idée, un jour, d’offrir à son capitaine un essai symbolique et unanimement salué par tous les médias et réseaux sociaux ? Ce sont tous les autres qui s’engouffrent dans la brèche, au point d’assister en cette fin de saison à tout et n’importe quoi. Et qu’on en vienne à souhaiter, devant la recrudescence de ces gestes de « générosité » bien trop faciles et complaisants, de voir un jour un heureux bénéficiaire lâcher bêtement le ballon dans l’enbut…

Toutefois, au-delà de ces actions finalement bien anecdotiques, c’est un autre effet de mode qu’on voulait ici évoquer. Celui qui veut que, pour imiter je-ne-sais-qui, de plus en plus d’équipes s’assoient sur le vieil adage qu’une pénalité est faite pour être tentée. Chacun fait ce qu’il veut, bien sûr. n’empêche qu’il subsiste un côté gênant à voir un capitaine (souvent sur ordre de son entraîneur, il faut le préciser) choisir une pénaltouche plutôt que les poteaux après quelques minutes de jeu seulement. Dans un sport qui a fait de l’humilité sa vertu cardinale, vous conviendrez que cette forme de manque de respect peut heurter. Et cela d’autant plus que ces choix ne s’avèrent presque jamais payants, ainsi que nombre de matchs récents l’ont démontré… De quoi estimer que cette mode passera rapidement, sur l’autel du bon sens ? On en est intimement convaincu et pour tout dire, c’est tant mieux…