Midi Olympique

LA FOLIE USAP

L’USAP RETROUVERA LE TOP 14 LA SAISON PROCHAINE APRÈS AVOIR REMPORTÉ DIMANCHE LA FINALE DE PRO D2 FACE À GRENOBLE (38 - 13) DANS UN STADE ERNEST-WALLON BOUILLONNA­NT. LES ISÉROIS AURONT UNE DEUXIÈME CHANCE LORS DU BARRAGE D’ACCESSION SAMEDI PROCHAIN FACE À

- Par Vincent BISSONNET, envoyé spécial vincent.bissonnet@midi-olympique.fr

Que l’on aime ou non l’Usap, comment pouvait-on ne pas ressentir un grand frisson en voyant cette communion de dingue sur la pelouse d’Ernest-Wallon, ce dimanche, à 16 h 52, entre joueurs et supporters, quelques secondes après le coup de sifflet final de M. Lafon ? Comment ne pas avoir été impression­né en débarquant dans le quartier des SeptDenier­s par la marée sang et or ayant recouvert la Ville rose, des terrains vagues investis dès le petit matin aux travées enflammées tout au long de l’après-midi ? Comment ne pas être sensible au parcours de cette Usap, meurtrie, oubliée, malmenée par le destin et finalement revenue de l’enfer ? Comment ne pas saluer à sa juste valeur le retour de ce club historique, passionné et sulfureux, parmi l’élite où il a évolué pendant plus d’un siècle ? Comment, aussi, ne pas apprécier de voir Lifeimi Mafi, grand joueur, capitaine courage, immense bonhomme, quitter les pelouses un trophée entre les mains ?

Ce dimanche, Perpignan n’a pas seulement gagné un titre de champion de France de Pro D2. Elle s’est offert et a offert à ses supporters un moment d’histoire tellement riche en sensations. Dans l’aprèsmatch, les accolades, les embrassade­s, les doux mots chuchotés à l’oreille n’en finissaien­t plus de témoigner de la vive émotion ressentie par tout un club. Quatre ans de souffrance, d’attente et de travail venaient de connaître un heureux dénouement :

sourit

comme pour une religion. Le peuple catalan était en souffrance, tout le monde avait été meurtri avec la descente… Tous ces gens vivent un grand bonheur, c’est merveilleu­x. C’est un grand moment. Je suis très fier de ce que nous avons réalisé. » Le président François Rivière, passé par tous les états à la tête du club, voit enfin son rêve exaucé : « Le chemin a été long. C’est peut-être pour ça que c’est aussi beau. Le rugby est tellement lié à notre région. C’est fabuleux de ramener la fierté à ce peuple. » À l’heure de rembobiner le film de cette sainte journée, Perry Freshwater n’en croyait pas ses yeux : « C’était unique ce qui s’est passé. L’arrivée du bus restera dans ma mémoire. C’était fou avec tout le monde qui tapait dessus. Même Christian Lanta, en trente ans de carrière, n’avait pas vu ça. Ça me rassure. » « PERRY A GAGNÉ LE MATCH, ÇA FOUT LES BOULES »

Avant de verser dans la béatitude totale, les Perpignana­is ont justement dû maîtriser leurs émotions pour s’éviter une désillusio­n majuscule. « Quand vous voyez tout le soutien autour de nous, ça file la force mais aussi la pression, souligne Patrick Arlettaz.

Il faut être costauds pour résister. J’ai des gars immensémen­t costauds. » Au coeur de la première période, quand le FCG menait de six points et commençait à imposer son rythme, le doute aurait pu s’installer dans les rangs. Mais l’Usap a gardé la foi et la mêlée, comme un symbole, a montré la voie.

« Personne n’a paniqué, analyse Perry Freshwater, en charge du paquet d’avants. L’équipe a su revenir sur ses bases pour construire son succès. » Patrick Arlettaz en rigole : « C’est Perry qui a gagné le match, ça fout les boules », sourit le grand penseur du jeu catalan. Dans la semaine, tout avait été annoncé ou

presque, dans l’intimité de la salle vidéo : « Forcément, on se fait toujours un scénario.Tout le monde savait que ce serait un match de boxe terrible. La clé était de mettre l’autre K.-O. J’avais la conviction que nous allions tenir plus longtemps, qu’avec tout ce que ce groupe a

vécu, il aurait un supplément de force. » Au fil de la seconde période, la prédiction n’en finissait plus de se confirmer. Au point de voir la consécrati­on devenir démonstrat­ion. Le résultat, sévère, n’en reste pas moins relativeme­nt logique.

Par-delà le contexte, la loi du plus fort, de la formation la plus complète, la mieux armée, s’est tout bonnement affirmée. Perpignan, premier de la phase régulière, meilleure attaque, troisième défense, accède directemen­t à l’élite. « C’était le but dès le départ, reconnaît Perry Freshwater. Nous ne parlions que de la demi-finale au début. Mais nous avions confiance en nos moyens d’aller au bout. » Ce double bonheur, du trophée et de la montée, ne saurait pour autant constituer une finalité. Une aventure s’est terminée à Ernest-Wallon, une autre débutera dans quelques semaines à l’heure des retrouvail­les. Budget, effectif, structure, tout doit être repensé d’ici là pour bonifier demain le bonheur d’aujourd’hui. « Beaucoup

de questions se posent, c’est vrai », reconnaît François

Rivière. « Le Top 14, ce sera difficile mais on ne va pas s’en plaindre », coupe court Patrick Arlettaz.

« Donnez-nous quelques jours quand même avant de se projeter dessus », conclut Perry Freshwater. Neuf ans après le dernier Bouclier, la place du Castillet s’apprête à vivre une nouvelle interminab­le troisième mi-temps avec, en point d’orgue, les grandes célébratio­ns prévues mardi. L’Usap, més que un club, mérite une belle fête. Car ce dimanche, elle gagné bien plus qu’un titre. ■

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