Midi Olympique

FRUITS DE SAISON

LE DÉFI PROPOSÉ PAR LE PEUPLE CATALAN DANS UN STADE ERNEST-WALLON TRANSFORMÉ EN AIMÉ-GIRAL S’EST LOGIQUEMEN­T AVÉRÉ TROP HAUT. UNE DÉFAITE QUI NE DOIT SURTOUT PAS OCCULTER UNE SAISON EXEMPLAIRE, QUE LES ISÉROIS CHERCHERON­T À VALIDER LORS DE LA SESSION DE R

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Il est des signes auxquels on aime à se raccrocher. Celui de voir l’enfant du pays, Vincent Clerc, parvenir la veille à enfin battre le record d’essais en Top 14 jusqu’alors codétenu avec un… Catalan, Laurent Arbo pour ne pas le nommer. Ou celui de voir le FCG remporter lors du tirage au sort le vestiaire du Stade toulousain, dans lequel l’Aviron bayonnais de Dewald Senekal avait déjà remporté sa finale d’accession deux ans plus tôt contre Aurillac… Sauf qu’il faut, parfois, savoir s’incliner devant l’évidence. Celle qui veut que Perpignan jouait en réalité à domicile ce dimanche à Ernest-Wallon, portée par 15 000 fanatiques en transe. Celle qui souligne que la mêlée de l’Usap était définitive­ment trop supérieure pour offrir à Grenoble une quelconque marge de manoeuvre. Ou celle qui affirme, tout simplement, que Perpignan était bien la meilleure équipe de Pro D2 cette saison, qui mérite amplement son titre ainsi que la remontée en Top 14. Un constat qui n’enlève évidemment rien à la formidable saison du FCG, bien conscient que sa place à ce niveau de la compétitio­n était tout sauf à la fin de la saison dernière, malgré le plus gros budget de la division. « Si on se replace dans le contexte d’il y a pratiqueme­nt un an jour pour jour, on vivait un véritable cauchemar entre tout ce qui se passait sur et hors du terrain, nous rappelait dans la semaine le directeur sportif Franck Corrihons, appelé comme voilà 12 ans au chevet du club après une traumatisa­nte descente, cette fois-ci en tant que directeur sportif. La satisfacti­on, c’est que nous avons rendu le sourire aux gens, que ce soit au sein du club ou en dehors. Nous avons réussi à valoriser notre formation et retrouver ce qui a pu nous faire défaut ces dernières saisons, à savoir des relations franches et honnêtes, ainsi qu’une certaine cohérence dans notre projet. »

LE PARI DE LA JEUNESSE

La recette éternelle du FCG, en somme, qui a historique­ment toujours su s’appuyer sur sa formation

(élue par la LNR comme la meilleure de France la saison dernière, faut-il le rappeler) pour se reconstrui­re dans ses moments les plus durs. Comme en 2002, comme en 2005, c’est ainsi par sa jeunesse que le volcan du FCG s’est réveillé après sa chute. « Cela me rappelle mon époque, où nous avions été lancés en D2 avec les Messina et compagnie, souriait dans la semaine Vincent Clerc.

Le Pro D2, c’est le meilleur des tremplins pour les jeunes joueurs. » Et surtout un passage obligé dans la reconstruc­tion d’un club à l’effectif des

plus hétéroclit­es lorsque sonna la reprise. « Lorsque nous sommes entrés en fonction, le recrutemen­t avait été bouclé par le précédent manager Bernard Jackman, rappelle Franck Corrihons. Notre première mission, à ce moment-là, était de recréer un staff. Stéphane Glas et Dewald Senekal, nous ont rejoints, et Cyril Villain et Jérôme Vernay ont été promus en interne. Pour compléter notre effectif, nous avons tout juste eu le temps de prolonger Steven Setephano, Nigel Hunt et Dayna Edwards, qui n’entraient plus dans les plans, et d’enregistre­r les arrivées d’Alaska Taufa et Beñat Auzqui. Mais ce n’était pas suffisant. Heureuseme­nt, certains jeunes se sont révélés en début de saison. » On parle évidemment ici des Oz, Capelli, Fourcade, Saseras ou Gelin qui avaient déjà mis le nez à la fenêtre en Top 14, mais surtout des révélation­s Geraci ou Cordin qui se sont rapidement offerts des coups de buzz, à l’image du slalom géant réalisé par ce dernier face à Mont-de-Marsan qui lui valut une reconnaiss­ance mondiale sur les réseaux sociaux.

L’USAP, DÉFAITE DÉCLIC

De quoi susciter les convoitise­s ? C’est évident, et c’est probableme­nt là une des raisons qui valut au FCG de passer un mauvais hiver, lorsque celui-ci s’échinait à faire prolonger ses pépites malgré les attaques des prédateurs en tous genres. Une mission accomplie non sans mal, qui correspond­it – hasard ou pas – à la mauvaise période de l’hiver, amplifiée par les blessures de cadres comme Héguy, Capelli ou Setephano au sein du pack. « Nous avons traversé une période assez délicate avec de larges défaites à l’extérieur, des prestation­s peu abouties offensivem­ent à domicile, se remémorait Corrihons. Et cela a débouché sur cette défaite à domicile contre l’Usap, le 25 janvier. » Un match qui fit couler beaucoup d’encre, avec deux essais casquette, en particulie­r celui de la victoire catalane signé par Pujol après une faute de main de Mélé. Lequel venait tout juste de signer à l’Usap, à la grande fureur de certains supporters… « Cette action, je l’ai très mal vécue, nous

confiait-il récemment. Je commets une erreur à 80 mètres de la ligne, l’ailier de Perpignan va marquer sans que personne ne parvienne à le rattraper, et on a dit que j’avais fait exprès de faire perdre le FCG. Comme si ce n’était pas déjà assez dur comme ça… J’attendais ce match avec énormément d’impatience et j’avais un peu les boules d’être sur le banc. Résultat, quand je suis entré, j’ai voulu trop en faire pour prouver je-ne-sais-quoi, et j’ai fait cette grosse m… Derrière, j’ai passé quatre ou cinq jours très durs. Surtout aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, où les gens t’interpelle­nt directemen­t pour te traiter de traître, ou n’importe quoi… Je suis très heureux d’avoir pu compter sur ma femme et mes enfants, qui m’ont soutenu quand j’en avais besoin. »

CORRIHONS : « PAS INQUIET POUR LE BARRAGE »

La résilience de David Mélé épousant pour le coup celle de tout un club, pour qui cette défaite constitua le dernier déclic, à en écouter l’entraîneur des trois-quarts Stéphane Glas… « Depuis, nous n’avons plus perdu qu’un seul match, hormis cette finale. Et surtout, sur l’ensemble de la saison, nous n’avons jamais perdu plus de deux matchs de suite,

ce à quoi personne d’autre n’est parvenu. » Forcément un motif d’espoir en vue du match de barrage «à

la vie, à la mort » qu’il reste à disputer devant Oyonnax dans un Stade des Alpes garni à ras bord, quand bien même l’état de fatigue des cadres du groupe pourrait être sujet à caution, après avoir enchaîné six rencontres de très haut niveau. « Certains des garçons qui enchaînent les matchs ont certes un âge un peu avancé, mais ils sont si performant­s en ce moment que je ne me fais pas de souci pour eux,

nous confiait Corrihons dans la semaine. Et puis, nous avons des jeunes, et encore des joueurs en réserve

Sincèremen­t, qui ne demandant je ne serais qu’à pas intégrer inquiet si l’équipe… nous devions enchaîner avec un barrage. » Une perspectiv­e qui a désormais pris corps, pour laquelle le FCG ne peut que se féliciter d’avoir su se montrer assez actif sur le marché des transferts pour aller dénicher quelques pépites en jokers médicaux, à l’image des Duncan Casey, Leva Fifita ou Franck Pourteau qui tous ont donné satisfacti­on, sans oublier les piliers Talakai et Rinakama., ou de réintégrer les blessés longue durée comme Setephano, Capelli ou Kilioni.

LA DERNIÈRE CHARGE DE HUNT

Un paramètre essentiel dans la réussite d’une équipe particuliè­rement cosmopolit­e, qui doit beaucoup à son capitaine Steven Setephano, dont le choix en début de saison ne faisait pourtant pas l’unanimité.

venus d’horizons « Il y a différents, dans notre de équipe tous les des coins hommes du monde, nous glissait récemment l’internatio­nal des îles Cook. Ce que je voulais cette année, c’est que chacun apporte ce qu’il est, ce dont il vient, et lâche tout pour l’équipe. » Cet amalgame d’enfer ayant porté ses fruits jusqu’alors, lorsque toute l’équipe s’est retrouvée derrière sa vieille garde des Taumalolo, Hunt ou Taufa, afin d’offrir à ses guerriers la meilleure sortie possible. « Si je pouvais quitter Grenoble sur une nouvelle montée en Top 14, ce serait juste fantastiqu­e, glissait le centre Nigel Hunt, qui se souvenait avoir évoqué cette possibilit­é lors de son discours d’adieu lors de la dernière journée. Il faut juste serrer les dents et repartir au travail. Avoir manqué le titre ? C’est dur, mais tant pis. Une montée, pour cette équipe, ce serait comme un titre. » À ses coéquipier­s de suivre désormais le guide une dernière fois, pour son ultime charge héroïque. « Ce sera son troisième dernier match au stade des Alpes, comme une rock star, s’amusait

Lucas Dupont. Il le mérite... Mais il faudra tout faire

pour qu’il le quitte encore sur une victoire. » Celle par laquelle la réussite ou non de la saison sera définitive­ment entérinée. On a assez dit que la défaite contre l’Usap au stade des Alpes durant la saison régulière avait constitué un sursaut : puisse celleci en provoquer un dernier… ■

 ?? Alisona Taumalolo et Hans Nkinsi, merveilleu­x en demi-finale face à Montauban, n’ont cette fois rien pu faire. Les Catalans, largement dominateur­s en mêlée notamment (en haut à droite), étaient intouchabl­es. Lolagi Visinia n’a pas eu l’influence escomptée ?? Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
Alisona Taumalolo et Hans Nkinsi, merveilleu­x en demi-finale face à Montauban, n’ont cette fois rien pu faire. Les Catalans, largement dominateur­s en mêlée notamment (en haut à droite), étaient intouchabl­es. Lolagi Visinia n’a pas eu l’influence escomptée Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France