POUR UN CLUB COMPLET
Dans le système professionnel du rugby français, et par extension au niveau de l’élite amateur, tous les clubs ne bénéficient pas des mêmes potentialités économiques. Il n’est pas déraisonnable de penser qu’une telle équité permettrait à tous de lutter à armes égales dans une logique d’expression de valeurs et de résultats sportifs. Ainsi, les résultats valideraient davantage l’originalité, la qualité, l’excellence de la gestion du management du projet sportif du club. Ils seraient nécessairement liés à la cohérence de la formation. Pour que le dialogue s’instaure, il faut déjà accepter que ce sont les intérêts du rugby français qui sont en cause, et non les intérêts particuliers. Il existait il y a bien longtemps un « challenge du club complet », crée par Midi Olympique. Les résultats cumulés créaient une recherche de perfection qui touchait toutes les composantes du club, et particulièrement les équipes jeunes. Un bon classement devenant un vecteur de communication intéressant pour attirer les partenaires et la venue de nouveaux licenciés.
Je suis particulièrement affecté cette saison par la descente en Pro D2 du CA Brive, mon premier club qui, justement, affronte ce contexte économique défavorable. Certes, ce n’est qu’un exemple puisqu’on vit chaque année l’affaissement de clubs prestigieux, dans des bastions où le rugby est culturellement ancré dans le patrimoine local, comme à Brive.
Ce constat financier ne saurait suffire concernant le CAB. Il faut s’interroger sur les aspects du management sportif sur le jeu produit, son efficacité, sa rentabilité par rapport aux moyens. Il a permis au club d’entretenir l’espoir ces dernières années mais ce rugby ne peut suffire. La production briviste, pas suffisamment conforme à la modernité du jeu, était insuffisante pour s’inscrire dans la continuité. Prendre le parti de la vitesse, de la rapidité d’exécution et de la gestion intelligente du jeu de mouvement sous toutes ses formes est incontournable pour les équipes qui ne présentent pas le pouvoir physique de détruire l’adversaire dans l’affrontement direct. Oyonnax, Agen, voire Pau ont d’ailleurs su illustrer cette dynamique.
Le rugby proposé en Pro D2 est de plus en plus intéressant. Les ressources de Brive, avec de nouvelles ambitions, de nouveaux outils qui doivent être repensés et projetés dans un nouveau cadre de travail, devront mobiliser les acteurs. Les joueurs d’abord et l’ensemble du club (dirigeants, voire anciens joueurs) vers un autre état d’esprit de jeu qui ne manquera pas de diffuser sur le fidèle public d’Amedé-Domenech. Ce qui nécessitera des questions de choix, de responsabilité et de décisions.