Le barrage de la dernière chance
EMPORTÉ PAR L’USAP, GRENOBLE DOIT SE RACHETER DANS UN SECTEUR QUE L’USO VOUDRA CIBLER.
Les vidéos, un brin chambreuses, ont tourné en boucle un peu partout cette semaine, et forcément touché l’orgueil de tous les Grenoblois. On veut bien évidemment parler de cette mêlée culbutée, renversée, destronchée, comme vous voudrez, dont la débâcle a précipité la chute du FCG en finale à Ernest-Wallon, alors que celui-ci semblait en mesure de tenir la dragée haute aux Catalans dans n’importe quel autre secteur du jeu. Alors certes, le positionnement en travers du gaucher catalan Enzo Forletta demeure sujet à caution et certes, les Isérois n’ont pas vraiment pu défendre leurs chances à armes égales, plombés depuis le début de la saison par les blessures en première ligne. Reste que le lancinant bip de recul entendu tout l’après-midi à Ernest-Wallon trottait encore en début de semaine dans la tête et des glorieux anciens du club et de leurs supporters, bien malheureux de voir le FCG dominé de la sorte sur son historique point fort. De quoi définitivement rappeler aux nostalgiques que le vieux joug Predator est en passe de tomber en ruines dans un coin du terrain annexe des Lesdiguières, et que le temps béni des années 90 est bel et bien révolu…
BUONONATO : « TOUT PEUT CHANGER D’UN MATCH À L’AUTRE »
N’empêche que pareille Bérézina a marqué autant les corps que les esprits des joueurs et entraîneurs isérois, et que ces derniers sont bien conscients de ne pouvoir rééditer pareille performance, face à des Oyonnaxiens qui auront beau jeu de les viser dans ce secteur. Quand bien même Adrien Buononato tâchait de nuancer le message… « Il est évident que les difficultés rencontrées en mêlée par Grenoble ont pesé contre Perpignan, livrait le manager haut-bugiste. La mêlée leur fait mal en début de match, mais il ne faut pas en tirer de conclusions. Grenoble va certainement procéder à des modifications dans sa composition. On sait aussi que d’un match à l’autre tout peut changer. Notre mêlée avait été en difficulté face au Stade Français et dans la foulée elle nous a permis de gagner contre Toulon. » Et les Isérois auront tout intérêt à réagir de la sorte. Question de survie, mais également d’orgueil, que ces derniers ont cherché à résoudre dans le peu de temps qui leur était imparti cette semaine, sous la houlette de Dewald Senekal et Arnaud Héguy. « C’est un point qu’il va falloir régler devant Oyonnax, évidemment, confirmait le talonneur grenoblois Étienne Fourcade. Nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour travailler cette semaine, alors il a fallu aller à l’essentiel. » Suffisant pour espérer jouer un match à armes égales, contrairement à dimanche dernier ? S’il ne s’agira pas de la seule, ce sera en revanche bien la première condition pour espérer une remontée dans l’élite…
tien inconditionnel d’un Stade des Alpes bourré jusqu’aux oreilles, qui recevra un deuxième match de la montée en deux jours après celui disputé par le GF 38 pour l’accession en Ligue 2 face à Sannois-Saint-Gratien. En effet, l’argument de la fraîcheur physique et mentale ne plaide pas en faveur des locaux, puisque les Oyomen disputeront leur 27e match de championnat cette saison (les échéances du Challenge européen pouvant, qu’on le veuille ou non, être tenues comme négligeables) et seulement le troisième consécutif, tandis que les Isérois joueront leur 34e match, qui sera surtout leur sixième de rang. L’état actuel des infirmeries (presque vidée côté USO, remplie jusqu’à la gueule chez les Grenoblois) et surtout le coup de massue reçu à Toulouse le week-end dernier par les Isérois achevant d’affaiblir leurs chances… « En plus, les Oyonnaxiens disposent d’un jour de récupération supplémentaire, ce qui compte énormément, déplorait dans les travées du Wallon l’ailier du FCG Lucas Dupont. On ne sera pas favori, on le sait, la formule a été pensée de façon à ce que les équipes du Top 14 soient protégées. À nous de déjouer les pièges des instances pour chercher la montée. » Un discours volontaire, prolongé par Étienne Fourcade. « Il faut forcément un peu de temps pour se remettre d’une finale perdue, mais après quelques entraînements, c’était reparti. On se dit que sur 80 minutes, tout est possible… »
FOURCADE : « NE PAS LAISSER DE BRÈCHE À BOTICA »
Le voeu est pieux. Mais les Isérois auront-ils seulement les moyens de leurs ambitions ? Là réside probablement le noeud du problème, dont la mêlée constituera le meilleur indicateur (lire ci-dessous). Sans oublier le secteur sensible de la défense, dont le FCG s’est avéré un des plus mauvais élèves de la Pro D2. « Il y a un écart entre Top 14 et Pro D2 au niveau de la vitesse et du temps de jeu effectif, bien sûr, admet Fourcade. Concernant Oyo, on a même vu que c’était l’équipe qui tenait le plus le ballon en Top 14, et qu’il faudra répondre présent dans notre défense collective pour ne pas laisser de
brèche à Botica, par exemple… » La condition sine qua non d’un succès, en ce week-end de saints de glace aux conditions de jeu attendues fidèles à leurs réputations… En conséquence ? Partant du constat que les Oyonnaxiens ne se sont pas montrés beaucoup plus imperméables que les Grenoblois dans leurs dernières rencontres décisives, il semblerait bien que le vainqueur du « derby » de l’Est pourrait bien résider dans celui qui se montrera le plus fort sur ses habituels points faibles. Histoire de clôturer de la plus paradoxale des manières une saison qui n’en aura pas été à un rebondissement près, quel que soit le camp… ■