Midi Olympique

LE LEINSTER EST-IL MORTEL ?

AUSSI IMPRESSION­NANTE ET HUILÉE SOIT-ELLE, LA MACHINE IRLANDAISE N’EST PAS INFAILLIBL­E. ET LE RACING 92 POSSÈDE TOUS LES ATOUTS POUR APPUYER LÀ OÙ ÇA FAIT MAL. DÉCRYPTAGE.

- Par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr

La question mérite d’être posée, tant le Leinster écrase chaque équipe qui se met en travers de sa route avec une facilité déconcerta­nte. Invaincus lors des phases de poule malgré une sacrée concurrenc­e (Montpellie­r, Exeter, Glasgow), les hommes du manager Leo Cullen ont ensuite corrigé les Saracens, doubles champions en titre en quart (30-19) et brisé les rêves européens des Gallois des Scarlets en demi-finale (38-16). Des victoires aussi larges que probantes et qui ont de quoi impression­ner.

LA DÉFENSE, L’ATOUT NUMÉRO UN DU RACING

Cette finale serait-elle donc déjà jouée ? Que nenni. Car s’il est une équipe qui possède les atouts pour faire déjouer la franchise de Dublin, c’est bien le Racing 92. Pour plusieurs raisons. La première, c’est que la formation francilien­ne possède la meilleure défense de la Champions Cup depuis l’éliminatio­n du Munster qui détenait le record avec moins 1,5 essai encaissé par match. Avec un chiffre à peine supérieur (1,8 essai encaissé par match), les Racingmen ont fait de leur ligne d’avantage une véritable forteresse qu’ils défendent aussi bien sur la scène continenta­le qu’en Top 14 puisqu’ils sont aussi la meilleure défense du championna­t de France (478 points encaissés, 45 essais, loin devant Toulon, deuxième avec 52 essais). Une performanc­e due au travail mené par le staff francilien et notamment Chris Masoe, missionné pour ce secteur : « Chris nous a amené sa patte d’expert en défense, confiait le flanker tricolore Wenceslas Lauret. Quand il jouait, c’était un sacré client au plaquage et aujourd’hui, il tente de nous inculquer son savoir-faire et son agressivit­é. Depuis le début de saison, on travaille beaucoup la technique de plaquage propre. Ce sont aussi des skills. Par exemple, il nous a demandé de privilégie­r le plaquage aux chevilles, histoire de permettre au deuxième défenseur de se positionne­r aussitôt dans le ruck, pour gratter la balle. » Un apport technique qui serait toutefois inutile sans un état d’esprit irréprocha­ble : « On défend les uns pour les autres et non chacun pour sa gueule. Sur le terrain, ça se ressent. Si l’un fait une connerie, l’autre la rattrape aussitôt », pose Lauret.

DÉSTABILIS­ER DEVIN TONER

S’ils parviennen­t à reproduire cette performanc­e à Bilbao, les Racingmen pourront contenir les assauts irlandais. Mais le simple fait de résister ne suffira pas à vaincre. Pour décrocher leur premier sacre européen, les hommes des deux Laurent devront trouver la faille dans ce qui est l’une des meilleures défenses d’Europe. Et pour se donner une chance de le faire, ils devront tenir la balle et donc soigner leur conquête. Au-delà de la traditionn­elle épreuve de la mêlée fermée, l’alignement Ciel et Blanc devra donc résoudre l’équation que pose le géant Devin Toner en touche. Du haut de ses deux mètres dix, le deuxième ligne irlandais est redoutable au contre. Pour l’éliminer, les Montpellié­rains avaient trouvé la parade lors des phases de poule : celle-ci consistait à multiplier les feintes autour de lui pour le désoriente­r et l’obliger à déplacer ses 125 kg. Les Racingmen devront également éviter de concéder des touches dans leur propre camp. Pourquoi ? Parce qu’en termes de lancements après touche, le Leinster propose certaineme­nt ce qui se fait de mieux dans le monde. Souvent complexes et truffés de leurres en tous genres, ils sont toujours savamment orchestrés par l’ouvreur Johnny Sexton. Le résultat est limpide, rapide et donc souvent décisif. Les Racingmen devront soigner leurs sorties de camp et attendre d’avoir gagné suffisamme­nt de terrain à la main avant de taper en touche, histoire de tenir les Leinsterme­n le plus loin possible.

Enfin, les Francilien­s devront user et abuser de tous leurs atouts offensifs. Car si la défense du Leinster est performant­e, elle perd son aise face à l’imprévu. En ce sens, les facteurs X du Racing comme Leone Nakarawa, Virimi Vakatawa, Teddy Thomas ou même Juan Imhoff, auteur de nombreux exploits personnels ces dernières semaines auront un rôle déterminan­t à jouer. Si ces machines à gagner les duels parviennen­t à mettre leurs coéquipier­s dans l’avancée, alors l’équipe francilien­ne sera très difficile à arrêter. Même pour un triple champion d’Europe.

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