Midi Olympique

INDÉCISION TOTALE

CARDIFF ET GLOUCESTER VONT S’EXPLIQUER DÈS CE SOIR. ON AURAIT DU MAL À DÉSIGNER UN FAVORI, MÊME SI LA DYNAMIQUE ACTUELLE FAIT PENCHER LA BALANCE DANS LE SENS DES GALLOIS.

- Par Jérôme PRÉVÔT jerome.prevot@midi-olympique.fr

Une vraie finale entre deux équipes du second rayon européen. Ni les hommes de la capitale galloise, ni ceux de l’Ouest de l’Angleterre n’ont jamais vraiment brillé en H Cup ou en Champions Cup, même si Cardiff joua la première finale en 1996 (mais sans les Anglais). Ce Challenge européen ressemble davantage à leur terrain de prédilecti­on. Gloucester l’a gagné à deux reprises, en 2006 et en 2015. Cardiff l’a fait une fois en 2010 à Marseille face à un Toulon ultra-favori.

On ne peut pas dire que les deux formations sortent d’une saison de folie. Cardiff a fini quatrième sur sept dans sa poule de Ligue celte et Gloucester, septième sur douze en championna­t anglais. À vrai dire, l’opposition nous apparaît plutôt équilibrée a priori. Les Anglais ont gagné onze matchs sur 22, les Gallois onze sur 21, mais huit équipes « celtes » ont marqué plus de points.

Mais Cardiff peut se prévaloir de deux signaux positifs : une double victoire contre Toulouse en poule, ce n’est pas rien ; et une dynamique récente qui pousse à l’optimisme. Martyn Williams l’ancien troisième ligne internatio­nal (100 sélections) des Blues, devenu consultant a mis les pieds dans le plat : « Gloucester est une équipe moyenne du championna­t anglais. Et je pense qu’en ce moment, Cardiff est l’une des meilleures équipes de la Ligue celte. Je les vois clairement gagner. » C’est vrai, les Blues ont gagné huit de leurs dix derniers matchs. On les sent en pleine confiance autour de leurs deux flankers, l’internatio­nal Josh Navidi et le vétéran néo-zélandais Nick Williams (35 ans). Jarrod Evans, l’ouvreur vierge de toute sélection, nous avait également bien plu contre Pau. Mais le talent supérieur s’appelle Gareth Anscombe, néo-zélandais naturalisé et plein de classe à l’arrière ou à l’ouverture. Hélas pour eux, le pilier vétéran Gethin Jenkins est incertain à cause d’un mollet endolori.

GLOUCESTER A-T-IL FAIT

DES IMPASSES EN CHAMPIONNA­T ?

Dans le camp d’en face, l’impression est plus mitigée. Depuis leur qualificat­ion, l’équipe entraînée par le Sud-Africain Johan Ackermann (ex-Lions) a semblé laissé tomber le championna­t pour mieux se prépare au rendez-vous de Bilbao. Les Cherry and White ont terminé leur parcours lamentable­ment : ils ont encaissé 105 points en deux matchs (62-12 aux Saracens précédé d’un 43-20 subi à domicile face au voisin Bath).

Sean Holley, autre entraîneur gallois devenu consultant, estime que le jeu très offensif de Gloucester pourrait lui porter préjudice : « Dans une finale comme ça, jouer vite au large sera dangereux surtout face à une équipe aus- si bien entraînée et aussi bien organisée que Cardiff. » Nick Robinson, ancien ouvreur de Gloucester, désormais dans le staff de Cardiff poursuit : « La pression sera sur Gloucester, ils sont sur une fin de saison très décevante. »

C’est vrai que depuis le 1er janvier, les hommes d’Ackermann n’ont gagné que trois matchs de championna­t. Évidemment, sur les réseaux sociaux, tous les supporters des Cherry and White se sont insurgés pour se draper dans la peau des délaissés vexés. Le club « historique » mais souvent décevant du rugby anglais ne manque pas de talents reconnus et même capés, comme le numéro huit Ben Morgan, le centre Billy Twelvetree­s, l’ailier Charlie Shaples ou même le troisième ligne gallois Ross Moriarty.

Il manque souvent un petit quelque chose à ce club populaire pour se mêler à la cour des grands. On ne saura sans doute jamais, ce qui se serait passé si Mohed Altrad en avait pris le contrôle comme il voulait le faire en 2017.

À noter que les deux équipes vont jouer l’esprit libéré, toutes deux sont assurées de jouer la Champions Cup la saison prochaine. Le match de Bilbao se suffira à lui-même.

Newspapers in French

Newspapers from France